Le 15 Juillet 2011, suite au 3ème sit-in des enseignants universitaires au ministère de l’enseignement supérieur (MES) contre la circulaire 29/2011 relative aux élections des responsables de l’université tunisienne, nous avons subit des agressions verbales et physiques au sein du MES par un de ses employés.Notre surprise était grande, nous n’arrivons pas à croire qu’en luttant pour la démocratie à la faculté les universitaires soient traités de la sorte dans leur propre ministère, c’était une première. La circulaire 29/2011 a été approuvée par la fédération générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS),cette circulaire dénie la démocratie participative à l’université tunisienne et ne peut que refléter la prolongation de l’ancien régime. 30 enseignants ont participé à ce sit-in et ont été agressés, le ministre de l’enseignement supérieur a présenté ses excuses en fin de journée, Le syndicat de l’UGTT n’a pas bougé le petit doigt pour dénoncer cette agression, quelques médias électroniques et journaux écris ont dénoncé ce fait uniquement et personne n’a réagit même pas les collègues universitaires, et peut être que tout ça était mis sur le dos d’un gouvernement provisoire.
Le 4 Janvier 2012, l’agression se répète sur les universitaires au MES et cette fois l’agression se produit par intervention du ministère de l’intérieur certainement sous ordre du ministre de l’enseignement supérieur, tout le monde (étudiants, enseignants et journalistes) a eu droit aux insultes, à la matraque et à la répression. L’affaire est, cette fois ci, portée à l’opinion publique par les médias, le ministre ne se prononce pas et les universitaires se mobilisent et dénoncent. Et cette fois, il s’agit bien d’un gouvernement qui émane de la volonté d’une parti des tunisiens suites à des élections ‘démocratiques’ et c’est le plus grave.
C’est très grave de se taire sur la violence même s’il elle se fait sur une poignée et à petite échelle. C’est très grave d’agresser des personnes connues et qui ne réclament que des droits élémentaires telle que démocratie, droit au savoir, non politisation des institutions du savoir, libertés académiques, libertés d’opinions … ; C’est grave d’insulter et de matraquer les porteurs du savoir et les porteurs de l’information dans ce pays. Et le plus grave c’est que les politiques se trouvent toujours des excuses pour échapper à leurs responsabilités.
Je ne pense pas qu’on peut parler d’un semblant de démocratie si l’on continue dans le flou des responsabilités et des agressions gratuites avec un gouvernement qui est supposé cette fois ci nous montrer l’exemple de la démocratie et réaliser les objectifs de notre révolution.
Comment des ministres élus peuvent toujours fuir la responsabilité des actes produits au sein même de leur ministère ??? C’est un comportement qu’on a bien voulu attribuer au régime déchu mais maintenant à qui l’attribuer ???
Comment soutenir des hors la loi et réprimander ceux qui la respectent ???
Va-t-on encore se laisser faire et se taire, mains ligotés bouches cousues comme d’habitude… ???
Va-t-on encore se laisser porter par les discours non clairs à la langue de bois et les excuses non valables comme d’habitude… ???
Va-t-on encore croire aux bonnes intentions et fermer les yeux sur les actes comme d’habitude… ???
Va-t-on encore donner du temps et se laisser conduire à la dictature certaine comme d’habitude… ???
Aura-t-on le droit de construire notre université et de traiter ses vrais problèmes ou restera t’on bloqué encore et encore, uniquement dans le but de satisfaire des revendications politiques qui œuvrent à politiser l’université au nom de la religion, à fabriquer des tribus dogmatiques et à dénier toute forme de savoir ????