C’est un titre choc je l’avoue, mais l’effet escompté c’est un électrochoc pour que les différentes parties concernées reviennent à la raison et mettent en avance l’intérêt suprême du pays avant tout.Pour rappel l’accord de Taëf est un traité inter-libanais, signé le 22 octobre 1989, destiné à mettre fin à la guerre civile libanaise qui a duré de 1975 à1990. Au bout du compte, les violences de la guerre civile et religieuse libanaise auraient fait 150 000 morts, 17 000 disparus et des centaines de milliers d’exilés et de déplacés, sans compter la destruction du pays et de son économie. Il est présenté comme une tentative de restauration de la paix par un cessez-le-feu et par la réconciliation nationale, les libanais ayant compris après coup, que la guerre ne pouvait apporter la paix sociale, pas de vainqueurs ni de vaincus, tous perdants !
Notre pays postrévolutionnaire avec des centaines de sit-in, manifs, grèves et autres, est dans une situation critique: le chômage augmente, moins de touristes, les réserves en devises baissent, l’économie régresse, récession, la parité du dinar tunisien recule face à l’euro et autres mauvaises nouvelles, bref le pays va de pire en pire !
De plus la paix sociale est ébranlée avec “l’arrivée en force sur la scène publique“ et en “pleine lumière“ de nos frères citoyens qui étaient à “l’ombre à tort“ sous Bourguiba et Zaba: des islamistes, du nikab à l’université, des salafistes, de l’occupation de 500 mosquées, du parti
Ettahrir, voire même de la violence verbale et physique. Normal ils veulent reprendre leurs places dans la société tunisienne selon leurs convictions, qu’ils réclamaient depuis les années 70, mais sans prendre en considération voire même un mépris manifeste, des autres franges de la population, dont la plus part sont sous le choc, c’est irréaliste pour eux ce qui arrive !
Pour faire plus compliqué, la montée des altercations de plus en plus virulentes, entre les “poids lourds“: Ennahdha, Oppositions politiques, UGTT, ex-Rcd, journalistes et autres, qui de surcroit avec la présence de milices du parti Ennahdha, font que la situation d’insécurité dans le pays devient de jour en jour de plus en plus explosive, voire même des actes de vandalismes, destructions de locaux, soulèvements populaires et des appels de désobéissances civiles !
Le comble pour encore plus “envenimer“ le climat: la présence d’armes à feux de guerres -kalachnikov et autres- en provenance clandestinement de Libye, les appels du Jihad par des extrémistes religieux, et les échanges de coup de feu entre eux et les militaires dans le pays, sans compter les dizaines d’attaques et de destruction des postes de polices, municipalités, gouvernorats et autres lieux de souverainetés comme les palais de justice, d’où une dangereuse escalade due à une insécurité et un désordre flagrant !
Bien que notre pays ne présente aucune similitude avec le Liban- 98% des tunisiens sont musulmans-pour autant le risque existe quand même, et les ingrédients d’une fracture sociale grave voire même d’une lutte armée sont réelles. Par conséquent j’appelle tous les tunisiens de tout bords, de toutes tendances, à mettre en veilleuse momentanément leurs: appartenances à un parti, régionalismes, postes ou fonctions, idéologies voire même individualisme ; ceci pour se consacrer aux intérêts suprêmes du pays ceux de: la paix et l’équité sociale, la relance économique avec la naissance d’une 2éme République démocratique moderne et performante.
Pour atteindre ces objectifs il faut que:
1- Notre Chef du Gouvernement Jebali reprenne les choses en mains et surtout l’initiative. Il est vrai qu’il est élu par une majorité parlementaire, il bénéficie donc et de plein droit de la légitimité des urnes- que personne ne conteste- mais il doit admettre également, qu’il n’a pas de la légitimité de représentation de la grande majorité des tunisiens. Aussi il doit faire participer aux prises de décisions importantes: les partis d’oppositions, les centrales syndicales, les ONG et la société civile.
2- Jebali doit également présenter rapidement un programme de gouvernement -après concertations élargies des différentes parties concernées- de relance de notre économie, mais surtout un plan d’urgence pour: les régions défavorisées, les victimes de la révolution et les chômeurs.
3- L’ANC doit inclure rapidement par avenant dans son règlement intérieure, la désignation d’un ou plusieurs Ombudsmans- Médiateurs- formés par des “ Sages“ choisis par consensus par les différents partis concernés de la vie politiques et de la société civile, pour leurs compétences et leurs amours du pays, avec de larges prérogatives dans le but essentiel est de garantir: la paix sociale dans le pays, régler à l’amiable les différents entre les concernés en rapprochant les idées vers une solution de compromis, ainsi que la création de bonnes conditions pour la mise en place d’une démocratie naissante dans le pays !
4- La Haute Commission des Objectifs de la Révolution renaisse comme une “Autorité Morale“ pour rappeler à nos gouvernants les buts de la révolution à atteindre pour faire honneur à nos martyres.
5- L’ANC fixe la date des prochaines élections Présidentiel et/ou parlementaires, pour le 21 octobre 2012, ceci pour calmer les esprits et mettre fin à cette polémique qui amplifie les désaccords. L’ANC doit entre temps établir un nouveau code des élections.
6- La constitution soit bouclée dans les brefs délais, avant le 30 mai 2012, et pour cause: nous avons déjà acquit après l’indépendance une certaine culture, un savoir faire et des institutions, avec plusieurs projets qui ont été déjà présentés à l’ANC, en plus globalement tous s’accordent sur l’essentiel, reste quelques articles qui présentent de réels différents. Se rappeler toujours que la meilleure constitution au monde ne vaudra rien si elle n’est pas appliquée convenablement et durablement !
7- L’ISIE se remette immédiatement au travail, pour le recensement du reliquat des 4 millions d’électeurs potentiels en âge de voter, et surtout préparer les prochaines élections, car un délai préalable de 8 mois est nécessaire.
Cette démarche permettra à notre pays d’avoir un programme de gouvernement efficace, objet d’un consensus national, et une feuille de route pour le réaliser, ce qui permettra donc d’éloigner à jamais le “spectre de la libanisation du pays“, et de rétablir la confiance perdue entre gouvernants- gouvernés pour le bien de tous et donc du pays.