Le rideau s’est ouvert……La foule en délire était là , elle m’applaudissait et je n’avais encore rien exprimé de mes douleurs, de mes souffrances, de mes vers, pas souvent compris, mais ils étaient de moi…Qui donc étais je pour avoir un tel succès, je n’étais que poète, homme, femme, artiste en tout point égale à moi même…
je devais vous chanter, vous pleurer mon enfance éphémère mais celle que vous ne connaissiez pas…..
celle que vous ne devineriez jamais…Bien sur, grâce à vous j’étais là, sur cette scène où vous me portiez si haut, je vous chanterai mes litanies, mes déboires, peu souvent mes rires, pas souvent mes joies, mais, c’est vers vous que j’osais les murmurer, vous ici devant moi….
Les projecteurs m’aveuglaient, je ne pouvais voir vos visages, mais vous vous teniez devant moi, haletants de ma suffisance, et moi criant mon impertinence…
Je vous chante mes déboires, je vous hurle mes silences, ceux que vous seuls soit disant comprenez et que moi je soudoie pour vous faire une offrande….
Mais je ne suis pas celle que tout le monde croit, je verse des larmes en vous racontant ma vie, ma voix devient tremblotante devant et derrière vos cris….
la mienne déraille quand les souvenirs me bouffent les entrailles…
De la mer, où je noie mes chagrins,
des ruelles de mon enfance où j’ai errer, de mes amours chagrins,
de mes amours fleurant bon vos parfums,
des ports d’Amsterdam où je verse mes larmes, je deviens Brel à mon tour,
De mes amis, de mes amours et surtout de mes emmerdes dont vous n’avez que faire, et je me nomme Aznavour,
et moi, Brassens, perdu entre l’eau de la claire fontaine et d’un orage qui m’a fais croire aux mirages d’un amour céleste, De Ma Lettre d’amour, qui ne peut être dédiée qu’à un amour absolu, je reste Ferré à elle et à l’autre,
Baudelaire et ses poèmes qui me laissent un temps en contresens de mes idées du futur,
Barbara et sa vie parisienne, ses amoureux encore plus amoureux…
Et combien ne puis-je citer et raconter encore et j’en oublie tellement, eux, savent ce que je voudrais dire, mais que le pouvoir du silence sur ma vie fait offense…..mais eux, savent ce que je ressens…Je me sens si seule, face au silence….
Je retrouve alors ma loge, pas la peine de me démaquiller, mes larmes coulent,
et c’est elles qui me servent de lait, sur un coton imbibé de tristesse,
tristesse de vous avoir tout dévoilé…..