Décidément, si nous n’avions pas eu Ennahdha, nous l’aurions inventée. Remercions Dieu de nous avoir comblé, pour nous avoir offert, enfin la lumière, la clairvoyance, le bon sens et l’érudition. Les générations cultivées et éclairées qui se sont succédées depuis 1933 année de parution de l’album de Abou el Kacem Chebbi, malgré leurs études approfondies en théologie, en sociologie ou en politique, ont bel et bien raté leur entrée dans l’histoire, en commettant l’irréparable. Oui, je me demande comment ont-ils pu se faire littéralement berner par ce Abou el Kacem Chebbi (d.a.s.a.) jeune poète de son temps qui proféra dans l’un de ses poèmes « Nachidou al hayat » des vers blasphèmatoires? Que voici:
اذا الشعب يوما أراد الحياة *** فلا بدّ ان يستجيب القدر
ولا بدٌ لليل ان ينجلـــــــــــي.*** و لا بدّ للقيد ان ينكســــر
Comment de tels propos ont-ils pu passer comme une lettre à la poste, presque quatre-vingt années durant? Comment se fait-il que, ni les instances religieuses de Al Zaytouna, pas plus que celles de la Sadiki, ni même les ulémas du prestigieux Al Azhar, ne se sont insurgés contre ce poème de Abou el Kacem Chebbi? Quelle mouche a piqué feu Mongi Slim qui en 1955 décida d’intégrer, justement, et précisément ces deux vers au poème de l’égyptien Mustapha Sadiq Al-rafi’i « Houmèta’l himè » mis en musique par Ahmed Khaireddine pour faire office de Hymne national de la toute jeune république tunisienne? A quoi jouaient-ils? Avec qui complotaient-ils? Avec la CIA? Avec Al Qaeda? Ou avec Ommi Sissi? Il va falloir tirer tout ça au clair.
Quel est l’infâme irresponsable, qui par son geste, par sa démarche indisposa plusieurs parmi les élus de Ennahdha, soixante-dix-huit ans plus tard, ce qui les empêcha de se lever pour notre hymne national dans l’hemicycle à l’ouverture de la constituante tunisienne?
Merci Ennahdha de nous épargner désormais le fardeau de cette bévue, dorénavant nous ne nous lèveront plus pour réciter notre Hymne National. Laissons le soin aux autres peuples de fredonner, dans leurs révolutions à eux les deux vers de Belgacem, il auront peut être leur Ennahdha à eux pour les en dissuader. Nous! nous en aurons lavé nos mains.
Quant à feu Mongi, feu Stoufa, feu Belgacem et feu Sid’Ahmed et Am Mokhtar, Mef! La brigade (الامر بالمعروف والنهي عن المنكر )est en cours d’échauffement, bientôt elle pénètrera dans l’arène pour nous apprendre le chant patriotique.