Que ceux qui ne supportent que la soie ne me lisent pas, je l’exige et je suis libre !Que ceux qui n’aiment pas l’indécence ou la familiarité qu’ils partent aussi, je n’en veux pas et je suis libre !
Que ceux qui ne savent pas pleurer partent et ne reviennent plus jamais, je ne les aime pas et je suis également libre !
Aujourd’hui je vais écrire un truc à la « ouf » un peu comme Yassine Ayari pour son père que son âme repose en paix.
D’ailleurs, je m’en suis inspirée je l’avoue.
Parenthèses ( ) j’adore parler comme les jeunes que je ne suis plus, non pas dans les tendances « nia nia » qui me font chier mais dans cette génération puissante drue aux limites de la véracité féroce affectée et combien spontanée !
Oui je reviens, ne nous dissipons pas.
Je reviens à ma lettre pour ce papa que je n’ai plus.
Suis-je dans le registre de la jalousie et du plagiat à la Ayari?
Je ne sais pas mais ce dont je suis sûre c’est qu’il me vient une envie dure poignante mauvaise douloureuse impérieuse de parler de raconter de lui parler.
J’en ai déjà touché un mot à Yassine et il m’a répondu. Non, je ne lui volerai pas son idée car cela serait compiler mais je vais faire comme lui parler pour les mettre les points sur les « i » et peut être espérer une certaine paix…
Je m’imagine au pied de sa tombe là où il y a un banc blanc peint à la chaux où j’aime venir m’asseoir surtout quand cela devient lourd et qu’avancer me devient pénible.
Pfffffffffffffff, laissez moi me concentrer ou pas la peine continuez dans vos vies, les mots sont là, prêts à exploser.
Ils cognent forts dans ma tête, mon corps, ma personne pour sortir et ils n’arrêteront pas de frapper jusqu’à ce que je les fasse passer.
Oh papa, tu me manques, tu sais !
Dis Pa, de là où tu es m’entends-tu ?
Dis Pa, tu sais que zaba est parti.
Oui c’est fini.
Dis Pa, quand tu es parti on ne t’a pas couvert du drapeau mais d’un simple drap blanc sans couture.
Le papa de YASSINE, il a été couvert du drapeau des militaires l’ont porté sur les épaules.
C’est qu’il est mort en martyr pour son pays, tu sais.
Vos chemins se sont peut-être un jour croisés lorsque tu portais encore l’étoile du petit officier.
Oups mais après tu as vite démissionné, toi la tête brûlée.
Hey Pa, tu sais que Kasserine s’est soulevée c’est elle qui a ébranlé le géant.
Oui ta KASSERINE à toi et je n’ai pas honte de te l’acclamer.
Celle de ton Ali Ben Ghedeheme ton grand-père au parcours semblable au tien surtout à ses débuts.
Dis papa, raconte encore l’histoire de ton peuple, de tes gens si pauvres et si futés qui suivant les ruses de ton Ali font remettre aux spahis garant de l’autorité des couffins remplis de tortues en guise de dictat qu’il fallait verser au bey du prix de leur récolte et de leurs moissons.
Le bey est rentré dans une colère vindicative, ton grand-père si jeune envoyé en messager a relevé intelligemment que son peuple était tellement pauvre que leur récolte est à sec et qu’ il mangeait les tortues dont il lui faisait généreusement offrande.
Le bey dut s’incliner et dispensa à jamais les gens de kasserine de payer !
Une guerre sans fin et sans merci à la Lancelot non à la Robin des bois dans les contes d’enfant non non à ton Ali ben Ghedeheme, tu disais !
De ces mêmes gens est sortie la révolte qui décima notre tyran et c’est sur kasserine que les sbires de zaba ont été les plus féroces, les plus criminels.
Tu sais, il allait la bombarder ta ville bien aimée.
Il s’était déjà préparé à l’assiéger.
Il ya aurait plus eu de Sbeitla ou sufetula, ta bien aimée ni ton cheikh si considéré. Chay léllah (volonté à Dieu),je répéterai!
Plus de mejri ni de fréchiche.
Bon débarras!
Je vois la moue de mes bourges tunisois…. c’est qu’il aurait mieux valu la rayer.
Ils parlent trop fort ces gens là, des casse –têtes et des brigands.il fallait voir comment la majorité silencieuse les a cassés, chassés de la Kasba comme des chiens après le 14 JANVIER 2011! Oui juste après qu’ils- tes mejri ceux de kasserine, y’en a pas d’autres leur aient ramené la liberté, la dignité!
Non c’est pas ça mais c’est que leur accent est trop patois, des « gu » à la place du « ka ».Ils fument fort, sentent la terre, la bouse des bergers et cassent les olives avec leurs dents !
Mes bourges, ils oublient vilainement de dire quà chaque fois l’ écriture de l’histoire de ce peuple est lié à une horde de gens pas trop sophistiquée ni trop aisée depuis le grand stratégiste HANNIBAL aux gens de Kasserine et de Thala qui ont récemment remis tout sur le tapis.
ils oublient de se remémorer qu’à chaque fois l’histoire se répète, celle de mon peuple qui se soulève, se bat comme un lion contre ses tyrans ramène la victoire puis se retire discrtement en l’offrant à ceux même qui le tyrannisaient à un détail près.
Pa, c’est toi quii m’a appris leur histoire en bon conteur que tu étais.
Je n’aimais pas à cet âge l’histoire, je voulais encore jouer à la poupée.
Tu me tapais avec ton fouet ou ton falka fort sur les doigts et sur les pieds et tu disais
« sans son histoire l’homme est réduit à la nullité ! »
C ‘est toi encore qui m’a aprris cette phrase d’Hannibal le glorieux:
« Je jure que dès que l’âge me le permettra, j’emploierai le feu et le fer pour briser le destin de Rome »
Tu me disais alors, apprends l’histoire et dés que ton âge te le permettra, tu briseras aussi tes ennemis !
Dis Pa, je suis désolée moi aussi je t’ai fait chier, je te contredisais je me conduisais mal et je m’emportais et quand toi aussi toi tu t’emportais, je voyais dans ton regard qui retenait le mien furieux, une tendresse un amour infini une admiration qui disait que la gamine tenait sa tête dure de toi son géniteur !
Oui je l’avoue j’ai ton entêtement, ton emportement qui casse tout qui ravage sur son passage sans aucune considération ni demi mesure puis vient la grâce de l’accalmie et du pardon !
Quelqu’un a dit que c’est pour le péché que le pardon existe mais là, Pa, je ne peux pas pardonner !
Désolé, je peux pas pardonner!
Je suis dans cette impasse où tout est grabuge sans fond crevaison dénaturation et conflit.
Je suis dans cette étape furieuse triste trempée jusqu’au cou parceque je t’ai vu partir sans gallon, toi le lion détrôné!
T’es pas parti en gladiateur, t’es parti usé malade et entamé et lorsque la maladie opérait sur ton cerveau, je te gardais bien seule et tu me racontais.
Tu te rappelles quand je t’ai acheté le magnéto et que je commençais à t’enregistrer.
Ta voix zozote encore dans ma tête, faible imperceptible mais mon Dieu combien tenace accrochée à ses souvenirs !
Souvenirs de ce jour fabuleux où Bourguiba t’avait remis les honneurs oui toi aussi les honneurs comme le papa de yassine.Il te tapotait la joue avec ce geste si familier qui lui était propre ce Bourguiba. Ettahfoune, il disait!
Je la regarde souvent cette photo en noir et blanc que maman accroche fièrement encore au salon AVEC CE WISSAM le plus haut qu’il soit donné pour ce service à la patrie que tu avais rendu en découvrant de part ton métier, ce container de lingots d’or au port de la goulette. C’était le début des années soixante ou un peu plus, je sais plus.
Oh Pa, pourquoi tu ne t’ai pas fermé le bec et servi comme aurait fait n’importe qui ?
Pourquoi tu ne l’as pas fait ? Tu nous aurais projetés dans les plus grosses fortunes de la Tunisie que n’égalerait ni celles des materi ni les ben ali !
Pourquoi cet acharnement à rester les mains propres, la tête haute et surtout surtout jamais mendier !
Pourquoi Pa, les autres n’auraient pas hésité !
Qu’est ce que cela t’a valu: une médaille, un wissem et juste après arrivent les années de misère avec la coopération à la ben Salah et le sabotage que tu as subi.
Le propre de l’homme, c’est l’oubli !
C’est encore l’oubli lorsque ni bourguiba ni son Allala laouiti si puissant de son temps ni leurs sbires n’ont intervenu lorsque sur un coup bas, on t’avait démis de tes fonctions toi le papa aux sept enfants.
Je passe sur la douleur de l’offense, sur la douleur de l’injustice, sur la douleur de la faim des frustrations du manquement lorsque sept bouches et leur maman se tendent pour acclamer !
Je me rappelle que tu travaillais comme un forcené dans un bar ou un café pour qu’on ne manque de rien et que le jour de l’Aïd, nous paraissions les plus beaux les mieux habillés et que personne ne découvre la précarité. C’est que t’es une tête brûlée toi papa sinon comment osais-tu faire front à ce ahmed ben salah hey pa, tu sais qu’il est encore vivantet qu’il se rachète à sa façon une virginité !
Je sais papa, toi tu as été trop dans le registre des effacés des gens qui on servi ce pays dont je meurs dans l’ombre jamais sous les feux de la rampe.Telle était ta destinée !
Puis vient le déluge et Bourguiba a eu vent de cette histoire et t’a encore rehaussé au plus haut grade de tes fonctions toujours dans ces foutus ports de ton pays.
Un dragon, tu étais et mon Dieu combien malaimé !
Même les journaux en ont parlé !
Puis viennent les années sagesse où les ardeurs tombent mais ne flétrissent jamais !
Nous grandissions dans ces ambiances cahin- cahin et nous ne voyons pas la crue monter toi non plus d’ailleurs lorsqu’encore avec ce maudit or, tu découvres le pot au rose, un certain poinçon falsifié et ce trafic d’or massif en contrebande que les ripoux régularisaient.
L’or une damnation, la tienne je crois. Ta destinée!
Tu as appelé comme à ton habitude ton fameux Alléla Laouiti mais lui aussi se débattait mal dans des suites dystociques. Ben ali fricotait déjà avec sa leila au ministère de l’intérieur lorsque de force, on t’avait traîné puis les choses se sont vite précipitées. Allela n’entrait plus dans les bonnes grâces de Bourguiba, ben ali si.
Bourguiba fut définitivement perdu.
ben ali le déchut.
Il était devenu président et dés lors personne pour t’innocenter !
Tu as vécu avec ce silence jusqu’à la fin et pourtant peu de temps après un coup de filet et le poinçon avec l’or a été retrouvé mais cette fois sans ton intervention !
Tu avais tout tracé, présenté sur un plateau.
Ils t’ont doublé, écrasé.
Tu as récolté vents et marées, les autres les honneurs à la ben ali.
Une autre ère, une nouvelle oxygénation où le gaz respiré est sulfure et asphyxie dans une robe dentelée farcie de viol de vols et de disparité.
La mode est à la transe dans les pattes d’un régime tortionnaire et complice, la parole est confisquée.
La tienne seule, je l’ai écoutée avec mes frères aussi, les larmes de ma mère qui te prévenait et que dans ta folie passion pour ce pays, tu négligeais !
Oh papa, j’arrive plus à supporter, j’arrête le magnéto et te prends tes mains si blanches par la maladie.
Je n’ai pas honte de les embrasser ni tes pieds d’ailleurs !
Vous qui me lisez et avez encore votre papa, courrez vers lui ou vers eux les parents, embrassez les chouchoutez les faites vous pardonner et surtout ne les disputez plus car c’est peut être la dernière fois que vous les voyez !
Papa, j’espère que je n’ai rien oublié.
je veux rester ta mémoire, témoin de ton passé.
Je n’ai rien inventé non plus, les faits les détails sont là écrits au creux de la mémoire de cette femme -enfant où je suis restée coincée.
Je te prends tes mains saintes à mes yeux, les porte à mes lèvres qui tremblent encore car je sais que c’est la dernière fois que je le fais.
Papa, je te promets devant DIEU de le faire en public comme aujourd’hui et de dénoncer haut et fort pour toi !
La takhassi cette commision, c’est pas pour toi.
C’est pas pour nous.
On va pas maintenant chialer!
Ils pleurent pas les gladiateurs ni les hommes non plus, c’est ce que tu m’a toujours dit.
Et lorsqu’enfant, je tombais, je te regardais et je me relevais vite pour pas pleurer!
Je tenais à te ressembler.
Je léchais ma plaie et riais.
Ils t’ont cassé c’est vrai!
ils t’ont plié, agenouillé mais jamais tu n’as baissé la tête.
Tu avais cet air non pas mauvais mais rugissant fier combatif qui ne départait jamais et mon Dieu ce rire que tu avais!
Deux soleils creusaient tes joues rondes et malgré ta peau brune, tu les faisais tomber les femmes à tes pieds.
A la Samson, tu pilotais, commandais et lorsque tu parlais, c’était le silence complet.
hey Pa, tu as eu les funérailles que tu voulais.
un grand faste, plein plein de gens comme des fourmis comme ton fameux « chwereb » que tu voulais.
demandez encore aux beldyas, ils vous diraient qui c’était!
tu sais papa, je circulais à travers les hommes moi la femme que j’étais.
Personne ne relevait.
il y en a qui s’est avancé, de ton âge à peu près et m’a dit à voix haute:
« pleure plus mon enfant, ton papa était un grand homme nous sommes restés des années brouillés jusqu’à aujourd’hui mais là, je ne peux plus.il avait raison ton papa sur toute la lignée. »
C’était un mejri lui aussi une tête brûlée!
Je suis tombée dans ses bras lui dans les miennes et nous avons pleuré!
En plus la thakassi, cela n’existe pas en post mortem!
Et puis, tu rigoles, d’où vais-je ramener les preuves?
Qui traîner en procés?
Les morts sont sous terre.
Devrai-je les réveiller?
Oui s’il le faut le faire, je le ferai!
Tu me connais à la Copernic, je ne recule jamais!
Je crierai haut et fort à qui veut m’entendre que moi aussi mon père est mort en héros, certes pas sous les drapeaux mais tout comme !
Papa un dernier mot, merci de m’avoir fait comme je suis!