Depuis le retour folklorique et cérémonial du Gourou en Chef du mouvement sectaire islamiste d’Ennahdha au nom associé au terrorisme jihadiste, la Tunisie est au coeur d’un rapport de force acharné entre deux projets de civilisation à l’antipode l’un de l’autre tant dans leur philosophie que leur finalité. L’un moderne, progressiste, humain, social, égalitaire, fraternel, pacifique, patriotique, universaliste, citoyen, démocratique et républicain, l’autre nostalgique, régressif, théocratique, barbare, antipatriotique, antirépublicain, rétrograde, antisocial, inégalitaire, inquisiteur, bigot et réactionnaire. Un projet de l’arbitraire et des lois de la jungle, celui de l’humiliation et de le relégation de la femme. D’un côté une cité désintégratrice et raciste de dictature de la religion dédiée à Dieu annihilant la volonté des hommes au nom du sacré et peuplée des seuls fidèles musulmans et de l’autre une cité-citoyenne intégratrice sur le modèle de la démocratie athénienne et de la République de Platon En l’état actuel des choses, force est de reconnaître que le projet islamiste fait la course en tête quand bien même il est en rupture totale avec l’esprit de la dignité humaine de la Révolution tunisienne. Ce combat inédit sur le sol tunisien et à l’issue incertaine mais combien attendue et scrutée par le monde entier en dit long sur les enjeux politiques, culturels, sociaux, économiques, juridiques et idéologiques inhérents à sa future constitution qui dessinera immanquablement les caractéristiques du futur paysage humain du pays pour plusieurs générations. Quels en seront les contours juridiques ? Sa nature politique ? Son destin national ? Son contenu idéologique ? Son caractère humain ? De ses différentes composantes sans distinction de sexe et de religion ? Sa forme et ses couleurs ? Son identité organique et sociale ? Autant de questions angoissantes et oppressantes qui ne cessent d’interpeller les démocrates et tous les partisans du positivisme juridique.
En effet, la Tunisie ne joue pas que son avenir politique dans les mois à venir, elle joue surtout son avenir en tant que nation moderne aux institutions républicaines. Une lourde hypothèque pèse sur son avenir sociétal, humain et civilisationel. Les symptômes constatés indiquent que le pays se trouve être le théâtre tant redouté des chocs de cultures. Toutes ces incertitudes, ces peurs phobiques et insoutenables, ces remous et convulsions de caractère religieux laissent planer de sérieuses craintes quant au choix du modèle d’institutions politiques et juridiques dont le pays devra se doter pour être en cohérence avec l’esprit laïc de sa Révolution. En tout état de cause, il faut impérieusement une constitution fondée sur le droit positif et non de droit naturel, véritable chimère, d’essence prétendument divine lui conférant une suprématie absolue sur les lois émanant de nos assemblées, le rendant donc immuable, intemporel et omniscient alors qu il est inepte juridiquement et source d abus et d’arbitraire en tous genres.
En effet, dans une république moderne et égalitaire aux fondations démocratiques, respectueuse des droits des minorités, de cohésion sociale, des libertés et de toutes les libertés syndicales, de culte, de conscience, d’opinion, et des droits de la presse et d’association, soucieuse des droits fondamentaux de ses citoyens et protectrice des droits de l’enfance, il ne peut y avoir de pouvoir constititutionnel autre que celui détenu par les élus du peuple et dûment mandatés par lui non ceux qui prétendent détenir leur pouvoir conféré par une autorité abscons. Par conséquent, toute autre voie politique de caractère irrationnel et immanent est symptomatique de la mort irréversible des institutions républicaines et la wahhabisation du système juridique tunisien.
Les lois canoniques n’ont pas vocation à doter la Tunisie des fondements d’une société du bien vivre ensemble, digne, solidaire, juste, égalitaire, humaine, humaniste, tolérante. Elles visent essentiellement à annihiler la Vox Populi, à créer un bagne à ciel ouvert où les pieds et les mains des habitants sont entravés par les chaînes de l’oppression, négatrices des droits de la femme, stigmatisant les mères-célibataires et institutionnalisant la marchandisation du corps de la femme sous couvert du mariage coutumier, mariage orfi. Des lois attentatoires à la dignité humaine. A contre-sens de l’esprit mandélien de sa Révolution. Dans l’esprit des lois scélérates, discriminatoires et liberticides de la charia, les hommes ne sont pas nés libres et égaux en droit, or, on ne peut bâtir une république moderne et fraternelle si l’on passe outre la philosophie humaniste et égalitariste de Rousseau et de Montesquieu censée irriguer les sources du droit contemporain et humaniser la vie des hommes. Introduire une quelconque référence dans la future constitution à cette loi c’est non seulement polluer l’esprit de la Révolution tunisienne, la remise en question de son C.S.P. et de ses institutions actuelles, mais également et surtout ouvrir la voie à un régime théocratique de despotisme politique légitimant l’arbitraire, la barbarie juridique et les tribunaux canoniques. Est-ce le sens premier de sa Révolution ? Mais au vu de la composition de son mécano politique actuel sous l’impulsion d’une Troïka avide de pouvoir et préoccupée par ses intérêts partisans, incompétente et antipatriotique, népotique, désorganisée et au comportement politique annonciateur d’un despotisme illuminé pire que le précédent, la Tunisie se trouve être à des années-lumière de cet esprit de liberté que sa Révolution a fait souffler sur elle le temps d’un parfum de Jasmin.
Ennahdha fidèle à son engagement idéologique et reniant ses promesses de s’inscrire dans la démocratie et la modernité, s’arrime chaque jour à l’attelage des Frères Musulmans égyptiens qui proclament que le Coran se suffit de lui-même en tant que Constitution. Il ne passe pas un jour sans que le mouvement sectaire tunisien n’envoie un message fort dans ce sens pour préparer progressivement l’opinion tunisienne à sa propre conception idéologique de l’esprit théocratique de la future constitution. Elle est en train de frayer pernicieusement la voie au chaos et au désordre juridique et social et à l’apartheid social et sexuel. Elle inocule progressivement et faible dose un ver venimeux dans la démocratie naissante en Tunisie en vue de la mise à mort inéluctable de la Tunisie en tant qu Etat- nation, qui sera inféodée au Califat wahhabite en gestation. Seul un sursaut républicain et citoyen peut contrecarrer les sombres desseins de cette secte. Maintenant qu’elle a le pouvoir de légiférer, cela ne pourra que compliquer davantage l’architecture juridique de droit positif de ladite constitution. En toute évidence le pouvoir de légiférer doit rester aux hommes seuls architectes de la cité démocratique. Une cité dédiée à Dieu ne peut prétendre au statut de cité républicaine et démocratique.
Il est fortement recommandé d inscrire en toute lettre dans la nouvelle constitution une loi fondamentale établissant une hiérarchie claire entre les sources du droit tunisien et de réaffirmer la prééminence des sources de lois issues de l’assemblée nationale expression de la volonté populaire sur celles de droit naturel qui sont par nature obscures, ambiguës, confuses, ineptes, irrationnelles, inapplicables, inadaptables, rétrogrades, injustes, mortifères, aux exigences du monde contemporain. Les hommes doivent rester maîtres de leur destin politique et de la construction de leur ordre juridique dans l’esprit de la liberté d’initiative accordée aux hommes par le Coran telle que se la représente la majorité musulmane. Le Coran lui-même part du principe qu il ne faut pas demander à l homme plus qu il n’en supporte. Le fait même de pouvoir garder un espace de liberté à l’homme pour mener sa propre réflexion et sa compréhension des phénomènes sociaux et politiques n’est pas en contradiction avec le Coran. Mais en aucun la future constitution ne doit consacrer la suprématie du Coran sur les lois de la République, ni d’inclure une quelconque référence au droit canon pour incompatibilité juridique avec les exigences des règles fondamentales avec la démocratie. Le faire figurer -comme cherche à la faire pernicieusement et perfidement le mouvement sectaire d’Ennahdha- dans la nouvelle constitution équivaut à un acte d’ allégeance explicite à la wahhabisation de la Tunisie et donc attentatoire à sa souveraineté nationale. Outre le fait que le futur texte organique de la nouvelle Tunisie n’a pas vocation à consacrer dans son corps de règles fondamentales, un droit qui n’en est pas un de par sa nature et sa conception philosophique et surtout qui n’est pas l’expression de la volonté générale. Or, la constitution signifie étymologiquement fixer et établir des règles ensemble. Du latin cum, statuo: fixer et établir. Elle ne doit pas par conséquent comporter des règles ou mention à des règles non conçues, surranées, réfléchies, pensées, antidémocratiques, liberticides, discutées, débattues et rédigées par les hommes, le fruit de leur volonté commune. Une constitution censée définir les droits et les libertés des citoyens ainsi que l’organisation et la séparation des pouvoirs ne doit pas ouvrir la voie à des lois de surcroît portant en elles les germes de l’anticonstitutionnalité dont la finalité première est de lui rendre gorge. Entre le discours apaisant d’Ennahdha et ses gesticulations démocratiques et ses déclarations intempestives de donner un contenu canonique à la future consitution tunisienne, il y a effectivement matière à s’inquiéter sur les probables dérives théocratiques, antirépublicaines et antidémocratiques qui se profilent dans le ciel tunisien dans un proche avenir. Les menaces sur les libertés humaines se font de plus en plus nombreuses et pressantes. Tels que les droits de la femme, sa relégation, la censure religieuse, l’instauration du mariage coutumier, véritable institution de prostitution déguisée, une insulte à la conscience humaine et à la dignité de la femme revêtue du sceau du droit canon celui-la même qu’Ennahdha veut lui donner un caractère de loi fondamentale, la polygamie, la répudiation, la lapidation, la mutilation, les châtiments corporels, l’abaissement de l’âge nubile au mariage en favorisant les mariages prépubères, le mélange des genres publics, religieux et privés, suppression de l’enseignement de la philosophie au profit de l’enseignement de la pensée islamique, la disparition des programmes scolaires de l’enseignement des sciences de la vie et de la terre, de la fermeture des filières des sciences humaines et sociales au seul profit de la théologie musulmane. Nonobstant les effets dévastateurs qu’un tel projet aura sur le système éducatif tunisien qui prendra l’allure d’une madrassah coranique formant les futurs soldats de Dieu et de laquelle seront exclues les filles. Le projet constitutionnel déEnnahdha est le prélude de la remise en cause des droits de la famille, du statut protecteur des droits de l’enfance, de la mort inexorable de l’âme libre tunisienne qui a toujours fait sa richesse et son originalité. Une constitution est aussi le reflet de l’identité culturelle et historique d’un peuple. Elle doit être fidèle à sa personnalité et sa diversité. A ses racines immémoriales et l’aboutissement du rêve tunisien né le 14 janvier 2011. En aucun cas, elle ne doit pas être la réaffirmation au rattachement de la Tunisie à sa pseudo identité arabo-musulmane, un subterfuge pour étouffer les aspirations à la dignité humaine et l’éveil démocratique du peuple tunisien et l’enfermer dans un nouveau goulag totalitaire et théocratique. Une identité qui jusqu’à preuve du contraire aride en termes de libertés humaines et négatrice de citoyenneté. Une identité rarement synonyme d’ouverture sur le monde et surtout en adéquation avec les exigences de la modernité du progrès humain telles qu’elles qu’elles doivent transparaître dans la philosophie politique et morale de la future Constitution.
La Tunisie plurielle est avant tout un carrefour civilisationnel, plus méditerranéenne que Levant, faite de brassage entre les peuples, fécondée et au caractère façonné par les berbères, les numidiens, les phéniciens, les romains, les arabes, les français, les grecs, les turcs, les africains, envahie par les tribus de l’Europe du Nord, Elle n’a pas à revendiquer dans sa Constitution sa loyauté vis-à-vis de l’arabo-islamisme pour exister et dont dépend sa pérennité. Elle est pérenne et indépendante par la seule volonté de son peuple, dépositaire de son identité juridique, culturelle et humaine. C’est son identité multiethnique et diversifiée qui doit figurer en toute logique en préambule de sa Constitution abrogeant ainsi l’article 1er de la Constitution de 1959. Elle ne doit pas occulte ainsi son histoire plurimillénaire ni faire fi de l’esprit civil de la Révolution des Indignés du 14 janvier 2011 conforme au message de Stéphane Hess, l’apôtre de tous les indignés de la terre. Rien ne peut légitimer la théocratisation juridique et philosophique de sa future Constitution, ni le Coran, ni les Sourates, ni les Hadiths n’ont guidé les pas du peuple des Indignés, ni inspirés leurs revendications qui en toute logique démocratique devraient s’enraciner dans le futur paysage constitutionnel. Son préambule et son contenu doivent rester en cohérence avec cet esprit patriotique et solidaire et ce vent des libertés incarné par la Révolution des Indignés.
La terre d’Hannibal, de Saint Augustin et d’Ibn Khaldoun pour ne citer que ses enfants les plus illustres et tous ces hommes et femmes berbères qui ont fait sa gloire, n’ont pas issus tous d’une pensée religieuse. Le sang tunisien a été versé pour l’édification d’une Nouvelle Tunisie digne héritière de Carthage doté d’un modèle de constitution de caractère mixte et équilibré remarquable incluant le peuple à l’antipode de celui que souhaiteraient pour la Tunisie les forces intégristes inféodées aux wahhabisme saoudien, où le pouvoir absolu revient à Dieu tel qu’ils se donnent à tort et par apostasie d’interpréter: véritable hérésie et ineptie juridique. Comment peut-on conférer à un système de croyances reposant sur des lois morales une validité juridique absolue ne souffrant d aucune contestation au nom du sacré ?
Mécanismes juridiques protecteurs contre le droit canon
La pérennité de ses institutions futures, les séparations des pouvoirs, le caractère laïque de ses codes juridiques, l’inviolabilité de son territoire physique, ses structures sociales et humaines, son avenir politique, sa souveraineté nationale, le statut juridique de ses citoyens, le statut de la femme, sa vocation régionale et mondiale, doivent faire l’objet plus que jamais au vu du péril islamiste, de mécanismes juridiques protecteurs inébranlables. La Tunisie perdra son âme et ses acquis si elle ne se prémunit pas contre l’utopie islamiste. Car leurs lois morales constitueront un ordre juridique du pays au détriment des lois humaines et républicaines qui sont le seul mode d’expression de ses libertés démocratiques et respectueuses du droit à la différence et de toutes les formes de libertés, qui doit aussi fonctionner comme soupape de sécurité contre l’hégémonisme de la religion musulmane sur la société tunisienne.
Une constitution capable de fixer un statut cultuel à la religion dominante et la cantonner dans son rôle de catharsis. C’est aussi le sens premier de la Constitution. La souveraineté est au peuple elle n’a pas à être restreinte et parasitée par une quelconque loi qui n’a pas un caractère démocratique.