La Révolution tunisienne est comme une montagne qui accouche d’une souris ou plutôt comme si la belle au bois dormant avait accouché d’un ogre.En effet, celle qu’on croyait être la révolution des indignés est devenue aujourd’hui synonyme de l’indignité et de l’infamie qui devrait valoir aux pilotes actuels du pauvre rafiot tunisien d’être d’être débarqués sans ménagement pour les motifs suivants : incompétences, tromperie sur la marchandise, mise en danger de la sécurité des passagres, tricherie sur leus états de service et diplômes, crimes et complicité pour crimes de haute trahison, détournement de fonds. Une révolution associée à l’odeur enivrante du parfum, encensée et affublée de toutes les vertus que d’aucuns qualifiaient de ghandhienne, mandélienne, humaniste a révélé in fine un visage sombre, hideux, effrayant, méconnu en terre carthaginoise. Non seulement, on continue à utiliser les mémes méthodes héritées du passé post-indépendance mais en pire, mais également et surtout on sert aux tunisiens un breuvage aaux ingrédients empoisonnés en rien comprables avec les précédents: népotisme, clientélisme, dévotisme, corruption, mafia familiale ( les Ghannouchi père, fille et gendre),culte de la personnalité, esbroufe, insécurité, colonisation des mosquées, procès en apostasie, inquisitions, appels aux meurtres des juifs et des démocrates, entraves à la liberté de travail, endoctrinement à outrance de la petite enfance, prosélytisme agressif, mise en cause du code du statut personnel, féodalisme, excision, polygamie, enrégimentement des jeunes tunisiens, opportunisme, veulerie, affairisme, félonie, duperie, abus de privilèges, incurie intellectuelle, appels d’offres truqués, favoritisme, gabegie, mégalomanie, insécurité, justice inféodée, chasse aux sorcières, l’intérêt public détourné au service de l’intérêt privé, instrumentalisation de la religion ( Ben Ali était un orfèvre en la matière) etc…
Les tunisiens tellement frustrés de libertés depuis les temps immémoriaux avaient cru naïvement que la greffe révolutionnaire peut prendre corps dans un milieu global aussi hostile et allergique pathologiquement au changement ( les musulmans sont par définition des fidèles et des éternels soumis) de nature à modifier en profondeur toutes les structures sociales, politiques et culturelles du pays. Ils ont vite déchantés et restés comme tétanisés par ce phénomène de nouveauté que de peur de transgresser la volonté du Démiurge qui interdit toute forme de de rébellion assimilée par leur religion à un sacrilège ont préfère l’abandonner entre les mains des brigades de la vertu et aux exorcistes en tout genre pour les aider à l’expier de ce péché mortel. Dieu a créé les riches et les pauvres, les nantis et les démunis, les puissants et les faibles, les intellectuels et les incultes, les croyants et les non-croyants, les fidèles et les infidèles, les rebelles et les résignés, le patron et l’ouvrier, le gouvernant et le gouverné. Les hommes ne sont pas tous nés égaux en droits et devoirs. C’est Dieu et Dieu seul qui a l’immense pouvoir de modifier l’ordre hiérarchique entre les hommes. Les classes sociales ne relèvent pas d’une croyance ou conviction personnelle et définies sur le mode de production, du statut de l’appropriation du travail d’autrui et des moyens d d’organisation de l’économie sociale et dont les structures peuvent être modifiées par les luttes sociales et politiques. Dans la théologie musulmane qui elle seule détermine l’organisation hiérarchisée de la vie de la cité, tout doit rester immuable et intemporel. Selon Tahar Gaïed dans son Dictionnaire élémentaire de l’Islam: » L’inégalité des fortunes est inscrite dans la nature humaine. Les hommes se différencient les uns des autres par leur force physique, leur force de caractère, leur capacité de produire des biens matériels… Une hiérarchie dans le domaine social se forme inévitablement. Cependant, devant Dieu, la puissance matérielle ne donne aucun droit politique. L’Islam n’agrée qu’un seul critère: la piété. Ce sont les valeurs morales qui distinguent les hommes entre eux. L’individu pauvre et pieux a plus de mérite que l’individu riche mais de convictions religieuses moins fermes.
Le Coran fait état de l’existence des classes sociales ; elles sont voulues par le Créateur: » Dieu a favorisé certains d’entre vous plus que d’autres, dans la répartition de ses dons » (S. XVI, 71).
Les différences de fortune sont donc explicitement reconnues. L’inégalité matérielle a été décrétée par Dieu ; c’est Lui qui détermine la richesse des uns et la pauvreté des autres: » Dieu dispense largement ou mesure ses dons à qui il veut » (S. XIII, 26)
Inexorablement, la Révolution tunisienne ne peut se traduire dans les faits par les changements profonds escomptés. Ainsi le scénario de la rupture systémique sociale et politique auquel la Révolution tunisienne aurait dû donner lieu ne s’est pas produit et elle s’est trouvée enlisée dans son propre atavisme inhérent aux freins et interdits culturels. Fatalement, elle était condamnée à l’échec du fait qu’elle va à l’encontre des prescrits de la religion qui font obligation aux croyants de se résigner et d’accepter cette loi naturelle des choses telle qu’elle est voulue par Dieu. La révolution qui par définition est un bouleversement radical dans la vie d’un peuple accompagné par des changements sociaux, économiques tangibles se heurte aux dogmes de l’Islam qui exhortent les musulmans à ne pas céder aux chants de sirène susceptibles de le détourner du vrai sens de leur vie sur terre qui est l’adoration sans faille de Dieu et la propagation de son Message par tout moyen. Seul l’ultra-conservatisme politique et social est la seule voie possible pour aspirer à une vie meilleure dans l’au-delà. Le salut de l’âme devient leur préoccupation majeure motivant leur farouche détermination au refus des innovations et de bien-être induites par les transformations résultant des processus révolutionnaires. Changer la vie des hommes pour les inscrire dans la modernité et les remettre dans le sens de l’histoire s’avère être une mission impossible dans un environnement culturel qui fait de la résistance au changement un devoir religieux.