Il est malheureux de constater que l’actualité politique en Tunisie ces derniers temps se réduit à quelques évènements auxquels les différents acteurs politiques ont répondu très négativement:
En face des problèmes urgents et très graves que connait le pays, le nouveau gouvernement continue à réagir avec un immobilisme incompréhensible, qui dénote une incompétence notoire et qui frise l’indifférence.
Les débats dans l’Assemblée Constituante se perdent dans des discussions byzantines sur le temps de parole, ce qui a provoqué le départ en signe de protestation le Jeudi 1er Mars 2012 de 65 députés de l’opposition.
L’opposition et la société civile continuent de subir sans réagir le fait accompli du nouveau pouvoir dominé par les Islamistes qui mènent depuis leur victoire aux élections une politique d’islamisation rampante de la société Tunisienne, une islamisation qui n’a rien a voir bien sur avec les principes fondamentaux de l’Islam.
Quand aux médias ils continuent avec la langue de bois au lieu de jouer leur rôle premier d’information des Tunisiens. Est-ce par peur d’entrer en conflit avec le nouveau pouvoir ? Est-ce parce qu’ils veulent appliquer la liberté d’expression sans aucune limite ? Est-ce pour sauvegarder les intérêts des patrons ?
Ou est-ce pour gagner les faveurs du nouveau pouvoir des Islamistes ?
En réalité toutes ces anomalies même après un an du 14 Janvier 2011 sont logiques et étaient même prévisibles. Pour plusieurs raisons très simples:
Depuis le 14 Janvier 2022 tout le monde et n’importe a commencer a se gargariser du mot révolution par opportunisme et pour manipuler les autres. Pourtant les évènements qui se sont produits entre le 17 Décembre 2010 et le 14 Janvier 2011 n’ont constitués en aucun cas une révolution ! C’est un soulèvement populaire ou tout au plus une Intifada.
D’abord ces évènement n’ont pas été planifiés et organisés par un parti ou un mouvement politique quelconque. Ensuite ces évènements n’ont pas été menés ou dirigé par un chef ou un leader quelconque.
Enfin les populations de Kasserine et de Sidi Bouzid qui ont déclenchées le soulèvement n’ont pas agit avec un programme politique précis. Tout ce qu’ils ont revendiqué c’est la création d’emploi, le développement économique de leurs régions, le droit à une vie décente et le respect de leur dignité.
En fait les événements qui ont été déclenchés par le suicide de Mohamed Bouazizi ont provoqué
un mouvement de solidarité qui s’est répandue comme une trainée de poudre. Et c’était l’occasion sur laquelle ont sauté un grand nombre d’opportunistes de toutes catégories pour la détourner et l’exploiter à leur avantage. Ces groupes d’opportunistes sont les suivants:
1) Les classes populaires des banlieues des villes qui étaient sur- exploités sous le régime de Bourguiba et sous celui de Ben Ali
2) La petite bourgeoisie des nouveaux riches crée par le régime de Bourguiba puis renforcé par celui de Ben Ali. Elle se faisait appeler parfois « la classe moyenne » parfois « la majorité silencieuse ». Elle s’est trouvée flouée par l’ancien régime avec le libéralisme économique qui était en fait un système de « Mafieux ». Puis elle s’est laissé piégée par la corruption, et a cédé facilement au système du crédit à la consommation.
3) Tous les opposants toutes tendances confondues au régime de Bourguiba et à celui de Ben Ali, qui ont été toujours réprimé ou qui ont subit la prison pour leurs idées ou leurs opinions.
4) Plusieurs puissances étrangères qui ont eu peurs pour leurs intérêts en Tunisie. Leur seul intérêt a été toujours de sauvegardé leurs intérêts financiers, économiques et géostratégiques. Ils ont d’abord essayés de neutraliser cette révolution en l’appelant « Révolution du Jasmin ». Comme les Tunisiens n’ont pas gobés l’astuce, ils ont acceptés à contre coeur l’arrivée au pouvoir des Islamistes qu’ils considéraient pourtant il n’y a pas longtemps comme des « terroristes ».
Après la fuite de Ben Ali donc et la chute de son régime, plusieurs groupes d’activistes politiques et d’intellectuels issues de ces groupes d’opportunistes se sont constitués en défenseurs de la révolution et des principes de la révolution et ils ont tracés de leurs propre chef les orientations politiques de ce qu’ils ont appelés « la Révolution « . Or comme ils n’ont pas participé au soulèvement populaire et qu’ils ne sont mêmes pas issues en majorité de ces classes populaires, Ils ont confisqués en fait « la Révolution », sans que les Tunisiens s’en aperçoivent. Ils ont fini par usurper le pouvoir des classes populaires et du peuple.
La conséquence est que les orientations politiques qu’ils élaborés et qu’ils ont imposé au peuple ne reflètent que leurs intérêts de classe (Opposition de gauche) ou leur idéologie politique (Islamistes). C’est ainsi que les Tunisiens ont vu fleurir depuis tout une multitude de mots d’ordre présentés comme des principes de la révolution comme la liberté individuelle, la liberté d’expression, la démocratie directe, le droit à la dignité…etc. Bref un tas de mots d’ordre trompeurs de slogans démagogiques.
Ces mots d’ordre ont agit comme une drogue et ont fini par neutraliser la conscience politique des
Tunisiens. Toutefois les partisans de l’ancien régime et de l’ex RCD n’ont pas attendu pour entraver ou stopper le processus de transformation politique et social. Leur sabotage à abouti certes à faire reporter les élections du 24 Juillet 2011, mais heureusement que la résistance populaire a travers le sit-in de La Kasbah (I) et de La Kasbah (II) ont fini par dégager les 2 gouvernements successifs de Mohamed
Ghannouchi et par dégager M. Ghannouchi lui-même. Consciemment ou inconsciemment cette stratégie involontaire à été habilement exploité par les islamistes qui ont gagnés facilement les élections. Malgré cette victoire des forces populaires, il est apparu clairement que les réalisations politiques obtenues par les usurpateurs n’ont aucun rapport avec les besoins des différentes catégories sociales les plus défavorisées pour 2 raisons essentielles:
La première: Les élections pour l’élection d’une Assemblée Constituante ont bien eu lieu démocratiquement mais sans la transparence revendiquée par tout le monde ? Ce qui a facilité la victoire des partis qui ont su utiliser habilement l’argent et ceux qui ont su se monter très démagogiques auprès des Tunisiens.
La deuxième: Les Tunisiens ont porté au pouvoir les islamistes par naïveté et par manque d’expérience politique.
Comment pouvaient-ils douter d’un mouvement politique qui a su utiliser habilement la religion musulmane pour séduire les masses en quête d’une identité arabo-musulmane longtemps malmenée par le colonialisme Français puis par l’impérialisme Américain et celui des pays occidentaux. Et puis comment la majorité des Tunisiens pouvaient-ils choisir en connaissance de cause entre 120 partis et plusieurs centaines de listes électorales ? Ils se sont fait avoir par les partis les plus connus, les partis qui ont su -grâce à l’argent- utiliser les méthodes du marketing politique les plus efficaces et pu acheter des milliers de voix ?
La Tunisien se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins: Les Tunisiens se trouvent en fait piégés entre deux modèles de société:
– Un modèle de société prônée par « les modernistes « et qui se trouve être la plus mauvaise copie du modèle de société des pays occidentaux qui se trouvent être eux-mêmes à l’agonie depuis la crise financière de 2008,
– Le modèle des sociétés des Islamistes qui est en fait un galimatias d’idées salafistes sans aucun rapport avec l’Islam, ni celui du coran, ni celui d’aucune période islamique
L’espoir peut être réside dans les masses populaires qui ne sont jamais tombés dans les pièges qu’on leur à tendu tous les opportunistes politiques de tous bord et qui possèdent en fait le vrai pouvoir.
Ils sauront construire et réaliser une société qui ne reniera pas ses origines ancestrales arabo-islamiques, ni tournée le dos à une modernité équilibrée.