J’ai commencé ma propre campagne électorale, comme un bleu et à bâtons rompus en faveur de Mr Moncef Marzouki bien avant son retour chaotique au bercail quand il a été la cible de quelques dizaines de tireurs de tomates.J’ai été séduit par son franc parler et ses prises de positions télévisées, inhabituelles chez le commun des tunisiens au plus fort de la répression de zaba. Il avait dit tout ce que j’espérait entendre, je voyais en lui à la fois Abd’Al Bary Atwane et sa grade gueule, Zorro le justicier, Robin des bois soucieux des laissés pour compte, Marwène Barghouthi le révolutionnaire séquestré, Khaled Guesmi le moudjahid, le défenseur invétéré de ses arrières et Socrate le précepteur de la sagesse et du savoir. Bref! C’est dire, mon admiration de l’image qu’il n’a cessé de véhiculer jusqu’au 23 octobre 2011, cette journée qui sonna le glas de Rzouga, constatant son décès politique au lieu d’être la date de naissance d’un grand homme politique qui réussit malgré tout à rafler la deuxième place au premier scrutin vraiment démocratique que la Tunisie n’avait jamais connu jusqu’alors. Mais, le voila contre toute attente, s’embourber -ivre de bonheur- dans des manœuvres bassement politiciennes, au point d’oublier ses engagements, son programme de campagne et ses électeurs.
Oui, où sont ses engagements? volatilisés, comme par enchantement.
Oui, que reste-t’il de son programme? Duquel rien n’a survécu.
Oui, que vont devenir ses électeurs? Des supporters du PDP?
Oui, pour quelles raisons souscrit-il à un programme de partage des pouvoirs aux antipodes de ses convictions?
Oui, pourquoi se fait-il tout petit devant le rouleau compresseur de la Nahdha qui s’accaparer de tout et ne laisse aux autres que les miettes? Est-ce pour le poste d’un tartampion dans la banlieue nord huppée de Tunis?
Pourtant, j’en ai perdu de la salive, lors de mes congrès et meetings avec les retraités du Café Des Sports, avec les anarchistes du Café De Carthage et les intellos de le Biassa.
Qu’est-ce que j’ai encaissé, qu’est-ce que j’ai pris pour mon grade, pour avoir défendu des convictions « Gone with the wind ».
Qu’est-ce que j’avais écrit comme articles pour vanter les mérites de mon ex idole. Oui je dis mon « Ex » parse que je me suis fait b…une fois, c’est la une de trop, la prochaine fois je prendrai garde plutôt deux fois qu’une en me disant que j’étais le dernier des imbéciles.
Nous sommes le 6/12, il est 14h16, les élus qui devraient être dans l’hémicycle en assemblée générale pour statuer sur le devenir de la démocratie, ne trouvent pas mieux que de prendre quatre heures pour se restaurer au phouquet’s alors que mon casse-croute au lablabi à moi me brule le palais avec son harissa infecte, pourtant je l’ai pris à la sardine, c’est journée de fête aujourd’hui, me suis-je dit, alors merde à la dépense. Demain lorsque nos trois présidents remettrons le pays sur les rails, qui sait! Peut être que j’aurai droit à mon plat tunisien préféré, mais demain et un autre jour. Pour cela, je dois arrêter d’être imbécile.