Le mois prochain, les Tunisiens se rendront aux urnes pour la première fois depuis la fuite de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali en Janvier dernier…Les électeurs choisiront les membres de l’Assemblée nationale constituante, qui sera chargée de la ré-écriture de la constitution et de déterminer le processus de la sélection du prochain président et du Premier ministre. L’un des gagnants probables de l’élection est le parti Ennahdha, mouvement islamiste, qui était autrefois interdit sous le régime de Ben Ali, mais serait maintenant porté comme favori à la prochaine élection.
Les élites tunisiennes ont, par tradition, farouchement gardé l’Etat laïque contre l’influence religieuse. Cependant, comme le mouvement d’opposition diverge selon les préférences politiques, le nouveau gouvernement de la Tunisie devra probablement inclure des représentants de mouvements islamiques.
Selon un sondage réalisé par l’Institut républicain international, une petite majorité de 54 %, approuverait un gouvernement laïc, tandis que 51 % de ceux interrogés ont déclaré qu’ils préfèrent une Assemblée constituante islamiste modérée, le parti Ennahdha peut recevoir jusqu’à 22 % des voix selon un sondage récent de Sigma.
Ce dernier, rejeté comme parti politique en 1985 sous le gouvernement de Ben Ali, et après 40 ans Ennahdha, mouvement politique s’est vu accordé un statut légal en Mars dernier par le gouvernement intérimaire dans une démarche permettant, une plus grande diversité dans la représentation politique. Beaucoup pensent que le but inavoué de ce parti est de limiter les droits individuels. Ennahdha, dont le leader est Rached Ghannouchi a été un partisan de longue date d’ un système multi-partis enraciné, avec un président élu et un parlement. Plutôt que de plaider pour un gouvernement régi par des clercs, il a soutenu que «l’Etat n’est pas quelque chose qui dépend de Dieu mais du peuple. »
M. Ghannouchi a la rhétorique d’un pro-démocrate et peut paraître un soulagement pour les Occidentaux et les laïques Tunisiens, mais il ya de fortes raisons de se méfier d’un double discours. Durant les années 1980 et début 1990, de nombreux membres d’Ennahdha ont été accusés d’activités terroristes, et Ghannouchi a admis que les membres du parti ont commis des » erreurs » dans le passé.
Par ailleurs, dans le début des années 1990 Ghannouchi a été condamné à la prison à vie pour avoir comploté contre l’Etat, mais il s’est enfuit à Londres, avant de revenir en janvier dernier en Tunisie. M. Ghannouchi a une longue expérience dans le plaidoyer pour un gouvernement islamiste, et les faits d’hier de la plate-forme d’Ennahdha en sont le reflet.
Bien que les détails du programme électoral d’Ennahdha sont vagues, ils sont compatibles avec la rhétorique des derniers propos de Ghannouchi. Selon la feuille de route du parti, les quatre points charnière pour assurer l’avenir de la Tunisie sont notamment, la création d’un parlement qui permet aux citoyens, la tenue d’un référendum juridique, le maintien de meilleures relations diplomatiques, et la réalisation de l’engagement réussi entre tous les partis politiques au niveau local.
Une des priorités clés d’Ennahdha est de réduire le chômage et la reconstruction de l’économie, dont il espère un résultat à court terme. Pour y parvenir, le parti insiste sur le fait que l’économie doit être régulée par des valeurs morales et sociales plutôt que par « une vie chaotique et du libre marché sauvage. » Grâce à cela, les dirigeants d’Ennahdha croient que la Tunisie va devenir un pays «de la production plutôt que de la surconsommation. «
Le rejet d’Ennahdha, d’un libre marché serait une grave préoccupation non seulement pour les investisseurs étrangers, mais pour le secteur privé tunisien. Alors que Ben Ali a été indéniablement un autocrate de haut calibre, dans les années 1990 que son administration a entreprit graduellement des réformes économiques, notamment la privatisation de certaines entreprises publiques, la simplification du code des impôts, et une plus grande rigueur budgétaire.
Ce faisant, Ben Ali est crédité de stimuler la compétitivité économique de la Tunisie et la réduction de la pauvreté. Le taux de chômage en Tunisie est sans aucun doute élevé, et le nombre de travailleurs hautement qualifiés étaient plus nombreux que les postes qui étaient disponibles. Au lieu d’appeler à la politique qui réduit les possibilités de croissance économique, Ennahdha devrait ouvrir les marchés de la Tunisie et travailler avec la communauté des affaires vers la réforme.
Les mouvements islamistes dans les pays touchés par le Printemps-arabe comme par exemple Ennahdha en Tunisie et les Frères musulmans en Egypte, ont saisi l’opportunité de concourir pour le leadership du prochain gouvernement. Les électeurs Tunisiens doivent exiger la transparence et insister pour qu’ Ennahdha fournisse plus de détails sur sa feuille de route publiquement.
Les Tunisiens ont le droit de connaître les politiques et les sentiments politiques des partis qui veulent les représenter s »ils leur demande de voter pour eux. Sinon, ils peuvent être dupés et voter pour des candidats islamistes avec peu de respect pour la liberté politique qui abandonneront le prétexte de la démocratie une fois qu’ils seront élus.