Ennahdha et la tragédie tunisienne. En faisant d’elle la reine de la Tunisie, on a ruiné les espoirs de son peuple.On dit que l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs et rarement par les vaincus. Qui a ainsi tout le loisir à la mythifier et l’enjoliver. Un tel adage semble se vérifier dans le contexte politique tunisien. En effet, depuis la chute spectaculaire et mystérieuse de Ben Ali qui laisse à la Révolution tunisienne un goût amer d’inachevé nourrissant fantasmes et spéculations, peurs et angoisses, le nom du mouvement sectaire d’Ennhdha, organisation au passé criminel et terroriste avéré, est celui qui circule le plus sur toutes les lèvres. A tel point qu’il fait de l’ombre à la Révolution tunisienne. Ennahdha par-ci, Ennahdha par-là. Son logo semble supplanter le drapeau national. Il concentre tous les regards et attire toutes les attentions. Tout se passe comme si cette organisation mafieuse a été exorcisée de ses vieux démons et blanchie de tous ses crimes crapuleux. La Révolution tunisienne à défaut d’avoir rendu réellement sa dignité au peuple tunisien participe à son corps défendant à la réhabilitation d’Ennahdha. Lui permettant d’accéder au statut de parti politique et de devenir ainsi un rouage essentiel du mécano politique tunisien en cours de création. Son passé est ainsi occulté, oublié. Tout le monde voit en lui un digne représentant de la démocratie en gestation en Tunisie. Il est devenu un mouvement politique fréquentable, ne suscitant ni craintes ni inquiétudes.
Les Tunisiens comme les autres sont frappés d’une véritable amnésie collective. Plus personne ne se réfère à son lourd passé, comme si ce passé d’ailleurs n’a jamais existé. Il y a fort à parier que les boîtes d’archives le concernant pour reprendre la formule de Béji Caïd Essebsi finiront dans les broyeurs à papier du Ministère de l’intérieur tunisien pour éliminer ainsi toutes traces de ses activités criminelles. Il restera toujours les archives du Ministère de la Justice de l’Etat fédéral du Canada qui continueront à témoigner du lourd passé terroriste de ladite organisation la faisant apparaître comme étant un acteur important au sein de la nébuleuse terroriste islamique. Il n’en demeure pas moins qu’Ennahdha a vaincu l’hostilité de l’opinion publique tant nationale qu’internationale, un peu comme le Fuhrer nazi l’avait fait avec les J.O. de Berlin en 1936 (voir à ce sujet mon article sur les fantasmes hitlériens de R. Ghannouchi in Tunis Tribune). Cette effervescence médiatique entourant cette organisation membre de l’internationale islamiste vient de connaître un niveau de flatterie et de malhonnête intellectuelle rarement atteint. Ainsi le politologue Gilles Kepel ignorant tout du phénomène islamiste et certainement des mécanismes de conquête du pouvoir politique par les extrémistes totalitaires s’est permis récemment un exercice de comparaison d’un très mauvais genre mêlant l’indécence et l’ignominie entre le parti communiste français et l’organisation terroriste tunisienne, n’hésitant pas à écrire: « Ennahdha a bénéficié dans l’opinion publique tunisienne d’être le parti des emprisonnés et des torturés, un peu comme le PCF, en 1945, avait été le parti des fusillés ». Assimiler un mouvement terroriste au parti de la Résistance française est une pure hérésie intellectuelle. Le PCF a payé un lourd tribut pour l’honneur de la patrie pour sauver son peuple du joug du nazisme et Ennahdha a fait payer un lourd tribut au peuple pour la cause des amis d’Adolph Hitler, les Frères Musulmans. Celui-là même que le PCF avait combattu dignement et avec force et courage. Une telle comparaison attentatoire à l’histoire de la résistance française et insultante pour la mémoire des victimes du nazisme en dit long sur la complicité inavouée entre une certaine partie de l’intelligentsia occidentale et les mouvements terroristes islamiques que certains se plaisent à les décrire comme étant modérés. Le même auteur va jusqu’à prétendre qu’aux yeux de la masse tunisienne Ennahdha incarne plus efficacement que les autres, en comparaison avec les Frères Musulmans égyptiens, la volonté de « sortir les sortants. » De tels propos sont révélateurs d’un manque de discernement flagrant et pas seulement, ils s’inscrivent surtout dans une tentative coupable de falsification de l’histoire des luttes politiques et sociales en Tunisie où cette 6ème colonne islamique en Tunisie n’a jamais été à la pointe du combat. Elle a toujours préféré par lâcheté et couardise avancer à visage couvert, ne manquant pas à plusieurs occasions Bab Souika, Sousse, putch militaire, tentatives d’incendie criminel des universités tunisiennes, Monastir, France 1986, etc… de faire usage de violence au moyen d’attentats à la bombe et d’actes d’intimidation telle que l’aspersion au vitriol des femmes tunisiennes dont le seul but est de répandre la terreur et semer la mort. En outre, son leader R. Ghannouchi qui n’ a jamais fait mystère de son engagement terroriste qu’il considère comme étant le seul moyen pour islamiser l’Etat tunisien et imposer un régime islamique à la société tunisienne. C’est à juste titre que la justice canadienne le considère comme un acteur majeur de l’internationale terroriste islamique. Voyant en lui comme un de ses maîtres à penser. Cofondateur de l’U.O.I.F ( l’Union des Organisations Islamiques de France) arrachée dernièrement des mains des islamistes marocains, une officine des Frères Musulmans en France, choyée un certain moment par Sarkozy dont il avait fait son interlocutrice privilégiée pour les questions de l’organisation institutionnelle de l’Islam de France lui conférant une stature politique non-négligeable et un rôle intéressant à l’approche des échéances électorales françaises de 2012. Cette volonté affichée par les cercles du pouvoir politique et intellectuel proches de la Sarkozie pour le draper dans la vertu allant jusqu’ à absoudre son organisation au nom associée à la violence criminelle est un signe qui ne doit tromper personne quant à l’abdication irresponsable en cours aujourd’hui devant les représentants de l’internationale terroriste islamique. Il y a lieu de penser qu’avec la montée du poids de l’islamisme en Occident que si certains dirigeants politiques ne préfèrent pas vendre leurs âmes plutôt que de perdre les élections. Cette complaisance manifeste à l’égard de Ghannouchi et de son organisation au passé terroriste avéré contraste le faible soutien affiché par la France en faveur des forces politiques modernistes en Tunisie.
Est-cela veut dire que la France de Sarkozy aurait préféré contribuer à l’échec des forces démocratiques en Tunisie pour créer les conditions de réélection de ce dernier qui ne saurait faire l’économie des voix des musulmans de France et notamment ceux embrigadées par les mosquées sous contrôle des Frères Musulmans ? Une telle question n’est aucunement dénuée d’intérêt comme l’encensement des islamistes tunisiens à la commande de l’U.O.I.F n’est pas non plus dénué d’arrière-pensée électoraliste. La sociologie électorale en France est en train de subir une mutation inattendue et inconnue jusqu’alors. De 1946 à1981, on a connu le vote ouvrier corrélé au parti des travailleurs, en 2012 et après, il n’est pas suranné d’assister à une nouvelle forme de vote, comme on l’a vu avec le vote des résidents tunisiens en France, celui du vote identitaire. En attendant l’émergence des nouvelles forces politiques ouvertement communautaires, l’hypothèse d’un vote guidé par des considérations ethniques et religieuses finira par s’imposer comme une nouvelle donne politique en France républicaine qui est en train de s’enliser dans le communautarisme des plus pernicieux pour la démocratie et les valeurs de la République. Dès 2012, les musulmans siglés islamo-salafistes se détermineront certainement en fonction des critères irrationnels et antirépublicains. Le candidat présidentiel qui aurait le mieux servi la cause islamique dans le monde sera celui qui captera forcément leurs voix. On ne vote par rapport à ses convictions personnelles, on vote en fonction de l’intérêt de son groupe d’appartenance.
Au vu de l’implication personnelle de Sarkozy dans la confiscation du pouvoir en Libye par les islamistes, son silence trouble sur l’attentat perpétré contre les locaux de Charlie Hebdo, le satisfecit adressé par Juppé aux islamistes tunisiens, l’infiltration sournoise du Qatar dans les cités franciliennes sous forme du mécénat entrepreneurial, l’encensement de l’islamisme lui donnant un visage apaisant, etc… sont autant d’indices de nature à lever le voile sur les manœuvres sarkoziennes pour séduire l’électorat islamique. R. Ghannouchi, figure tutélaire de l’islamisme internationaliste ne manquera certainement pas l’occasion d’user de toute son influence pour orienter le vote de ses coreligionnaires fondamentalistes dans le sens souhaité par le candidat-président. A n’en pas douter l’agent du jihadisme islamique sera un agent électoral des plus zélés de la Sarkozie. Les enjeux électoraux ne s’embarrassent pas de scrupule. Sakorzy ne saura pas se priver des services d’un tel homme luge qui ne cesse de changer de visage en fonction des opportunistes. Homme d’influence au sein de la nébuleuse islamiste et son sens inné de la veulerie et de la vilénie en font de lui aujourd’hui un pion de premier ordre sur l’échiquier des grands de ce monde. Un homme qui devrait répondre de ses crimes passés a été épargné mystérieusement par les fourches caudines de la justice tunisienne se trouve comme par un tour de prestidigitation et enchantement porté par une vague de sympathie coupable tant à l’intérieur qu’à l’extérieur R. Ghannouchi se trouve désormais le vrai maître du jeu politique tunisien. Il est l’Emir qui aura pour principale mission d’ouvrer pour la wahhabisation de son pays en vue de son inféodation au prochain Califat turco-wahhabite. Un homme, mégalomane, aux mœurs dissoutes et dépravées, connu pour son penchant invétéré pour la boisson alcoolisée, père d’un enfant abandonné, obsédé par la folie de grandeur, revanchard, impudent, impénitent, complexé par ses origines modestes et son mono-culturalisme, assoiffé de revanche sociale, mégalomane, mythomane, précurseur du terrorisme islamiste, fils spirituel de Hassan Tourabi, homme de paille d’al Qaradhoui, antisémite et nazi notoire, obsédé par la haine de l’Etat hébreu dont il appelle à sa destruction, et bien d autres références qui feraient pâlir de jalousie le Führer lui-même, joue aujourd’hui au chef d’orchestre dans son pays, dont il est le chef de sa diplomatie et véritable cerveau de son organisation politique intérieure. Ainsi grâce à ses bailleurs de fonds et le silence troublant des autorités de transition et de ces instances représentatives autoproclamées, il s’est ouvert la voie du pouvoir de la manière la plus démocratique pour asseoir sa domination sur la Tunisie. A se demander même si le pays n’a fini par céder à ses menaces et ses tentatives de chantage de mettre le pays à feu et à sang s’il n’obtenait pas le score escompté au point qu’il a été servi au-delà de toutes ses espérances les plus sombres. Le pays est aujourd’hui à ses bottes plutôt à ses savates portant des tâches indélébiles de sang humain à cause de l’inertie, l’apathie et la duplicité de tous ces traîne-savates qui infestent et polluent le paysage tunisien depuis le 14 janvier 2011. Ses partisans qui lui ont réservé un accueil triomphal à son retour de son exil doré londonien où il n’a jamais cessé d’entretenir les liens des plus douteux et confondants avec l’ancien régime peuvent aujourd’hui se réjouir d’avoir intronisé avec l’aide des puissances étrangères leur triste leader R. Ghannouchi comme le nouvel Emir de la principauté tunisienne. Le sacre de Ghannouchi s’inscrit donc dans l’ordre naturel des choses. La démocratie a contribué au triomphe du symbole de la félonie et de l’utopie théocratique.