Cette semaine, moi qui me vante tout le temps devant mes amis d’être un anticonformiste et gauchiste à la fois, je décide de prendre les choses en main. »
Portant un beau blazer découpé sur mesure dans un carré Hermès, double face (face intérieure violette et face extérieur bleue ciel) je m’arrête devant un resto chic de la banlieue nord de Tunis. J’entre, je m’assoie et je commande mon filet Rossini quotidien. Voilà que ce jeune serveur maladroit commence à me parler des problèmes du pays – croissance du pourcentage du taux de chômage, catastrophes naturelles au nord-ouest …etc. – je le coupe lui rappelant que je suis entrain de déguster mon délicieux plat à 30€ (ayant vécu bon nombre de mes années à l’étranger je ne sais pas encore convertir la devise en dinars). Ayant réussi à me couper l’appétit je m’adresse directement au maitre d’hôtel pour qu’il le vire immédiatement, bien fait pour sa gueule il n’avait qu’à ne pas m’en donner l’idée en me parlant du taux de chômage. Le soir n’ayant pas bien digéré la viande (va savoir ce que ce pauvre batard de paysan m’avait mis là-dedans) je commence à faire des cauchemars. Voilà que dans mon rêve le peuple tunisien se révolte à nouveau, brulant les drapeaux et les banderoles de notre bien aimé parti au pouvoir et brandissant les slogans que la gauche « laïque et mécréante » a toujours revendiqué (nous crevons la dalle crient-ils) ils sont devenus fous. Moi qui pensais pouvoir profiter de l’idiotie de ce peuple naïf pour vivre riche et tranquille les plus belles années de ma vie, vais-je me retrouver misérablement lyncher sur la place de la Kasba avec mes confrères opportunistes ex-RCDistes et actuel Nahdaouistes ?! C’est inadmissible. Je me réveille finalement effrayé en pleine sueur. Je décide donc de trouver une énième alternative pour échapper à cet enfer inévitable. Les batards de la Nahdha ont déjà commercialisé tout le stock d’opium du peuple qui n’est autre que la religion pour finalement n’être qu’amateur dans le domaine de la politique. Je me tourne alors vers la seconde drogue du peuple « le football ». Je pense créer alors le premier parti politique avec une idéologie footballistique. La prochaine constitution sera rédigée sur la base des lois de la FIFA et je promettrai d’organiser la coupe du monde en Tunisie, de décupler le budget de la FTF, d’encourager la création des groupes de supporters et de ne plus jamais bannir les fumigènes dans les gradins. Je permettrai même l’exécution de l’arbitre si cinquante pourcent plus une personne du publique n’est pas satisfait. J’ai finalement trouvé de quoi duper ce con de peuple, lui faisant oublier de quoi il avait réellement besoin et pouvoir profiter du restant de ma vie tranquillement. Je m’y vois déjà « Hakim SAID 4ème et dernier président de la république Tunisienne ».