Nuée de personnes comptées au million et plus, tous sortis pour accompagner ce militant de gauche à sa dernière demeure, abattu par des balles criminelles, il y a deux jours devant chez lui.Des hommes de toutes couleurs et sans couleur.
Des hommes barbus et rasés, des femmes voilées et non voilées, des jeunes et des moins jeunes … une mosaïque d’humains que seul le deuil a rassemblés.
Tout n’a plus lieu d’exister ni parti ni idéologie ni rien sauf de la douleur et une immense solidarité citoyenne oui citoyenne nous qui depuis quelques mois ne connaissions plus ni nord ni sud ni de qui tenir parce que le fossé ne faisait que s’élargir entre ce peuple fraîchement libéré et qu’on veut déchirer.
Un fossé de discorde, d’animosité et de guerre ensevelissait chaque jour un peu plus nos rêves de liberté.
Ce fossé par la magie d’un moment très douloureux pour cette petite famille brutalement endeuillée s’est estompé, vaporisé et plus rien ne pouvait remplir nos poumons, nos têtes embuées par la lacrymo que cette phrase revenant en boucle: « Na3am sa namoutou walekinana sana9tali3ou dhoulma men ardhina » (oui nous allons mourir mais nous allons arracher l’injustice de notre terre) et les you yous de mes femmes plu belles que jamais.
De la femme du leader debout comme une lionne attaquée
A sa petite fille sur le cercueil de son papa se recueillant et hurlant: il a vécu en homme et est mort en héros puis éclate entre le rire et le sanglot
A la foule de femmes voilées et non voilées toutes osant bravant l’interdit ancestral d’accompagner le mort au cimetière sans hésiter.
Je ne parlerai pas de certains casseurs qui ont tenté de griffer l’harmonie de ces intsatns de recueillement et de paix.
Je ne parlerai pas de ces idiots qui continuent à leur perte à jacasser.
Je suis tellement éblouie, étourdie par ce peuple si dichotomique mais tellement puissant dans son unicité.
Oui, je comprends mieux pourquoi le tunisien est si particulier et pourquoi il ne cessera d’étonner.