Il est des concours de circonstances que même pas l’histoire ne peut contrôler, que nul gouvernement ne peut contenir, que nul dictateur ne peut s’en prémunir, que nulle puissance ne peut s’en défaire et que nul politique ne peut s’en prévaloir.D’aucuns pourrait donc assimiler ce mouvement d’indignation universelle à une expression pure et simple de l’anarchie. A première vue une telle constatation peut très bien trouver écho, car assez plausible. Mais il n’en est rien en réalité.
Il s’est opéré depuis quelques petites années une série d’événements tragiques dans le monde touchant des secteurs aussi divers qu’indépendants les uns des autres, mais ayant un point commun et une similitude dans leur fond. Ce point commun, c’est LE PEUT DE CRÉDIT QUE REPRESENTE LE FAIBLE FACE À L’INTERÊT ET À LA CUPIDITÉ DU FORT.
Voyons quels étaient les événement qui ont conduit l’inconscient universel à ouvrir les yeux et rentrer en résistance pour dire basta!:
Un crash financier de l’automne 2008 lié directement à la crise des « subprimes » de l’année d’avant qui éclaboussa toute les finances de la planète. Une des cause de l’indignation des faibles et laissés pour compte qui se sont trouvés les plus touchés et les plus lésés d’une pratique de cupidité qui est allée fouiller directement dans leurs économies.
Les révélations de Wikileaks en novembre 2009, appelées communément « le 11 septembre médiatique » qui mît au grand jour la complaisance de pratiquement tous les états avec l’administration américaines dans sa manipulation du monde. Un autre motif d’indignation des petites gens qui se découvrent manipulés à l’insulte de leur plein gré!
L’agression militaire lâche et meurtrière que mena Israël contre les territoires déjà ghettoïsés de Gaza en décembre 2009. Cette attaque de trois semaines menée par Goliath super puissant contre David super démuni suscita -une fois n’est pas coutume- l’indignation du monde entier.
Le petit ouvrage de Stéphane Hessel de tente deux pages intitulé « Indignez-vous » paru en octobre 2010 pour dénoncer la brutalité de Sarkozy, la brutalité d’Israel, la brutalité du monde financier, la brutalité des grandes puissances, la brutalité de la globalisation, la brutalité de l’injustice sociale et la brutalité de la brutalité.
Cette série d’événements chronologiques qui se sont succédés a donné naissance à une communion universelle des souches opprimées qui trouva un terrain d’entente pour manifester leurs désaccord et leur condamnation. Sans pour autant passer à l’acte insurrectionnel à proprement parler, faute de déclic, une sorte de détonateur qui mettrait le feu aux poudres. La révolution mondiale resta donc plus dans les esprits que sur le terrain.
Puis, le 17 décembre 2010, vint ce déclic que tout le monde attendait: un jeune chômeur tunisien diplômé s’immole par le feu pour avoir été blessé dans sa dignité par un agent de la police municipale de Sidi Bouzid qui l’empêcha de gagner sa croûte en vendant ses quelques fruits et légumes.
Nul ne pouvait présager les conséquences internationales qu’allait avoir cet acte d’apparence isolé d’envergure locale qui aurait pu être conscrit sur le champ, mais…bon gré malgré! Ce fut l’étincelle qui enflamma toute la Tunisie, congédia notre dictateur, embrasa tout le monde arabe, au plus grand dam de quelques autres dictatures.
Cette affaire inspira le mouvement « des indignés » qui s’est trouvé identifié dans la lutte des peuples pour recouvrer leur émancipation de l’oppression quelles qu’elles soient, et c’est le départ de l’Espagne en mai 2011 d’une indignation quasi générale qui se propagea telle une trainée de poudre. Ce mouvement a repris les slogans de la révolution tunisienne et par la suite des printemps arabes que l’on pouvait entendre du coté de Wall Street et près de la maison blanche ou partout dans le monde.
Ce mouvement des indignés se caractérise par certaines spécificités inédites ou assez rares ( je cite Wikipédia, mais remarquez les similitudes avec les leitmotiv de la révolution tunisienne):
Le mouvement est dit horizontal, c’est à dire qu’aucune hiérarchie n’existe en principe entre les personnes participantes.
Le mouvement n’est pas lié à un parti politique ou à une organisation syndicale.
Le mouvement est non violent et appelle à la désobéissance civile.
Le mouvement, d’après ses propositions, ne peut se situer sur l’échiquier politique, car il a rassemblé spontanément des citoyens sur différents sujets.
Le mouvement transcende les classes.
C’est la première fois qu’un mouvement d’une telle ampleur dénonce les systèmes politiques (mis à part les mouvements anarchistes). Les participants dénoncent en effet le manque de représentativité des partis politiques.
C’est un mouvement qui a connu une exportation rapide et de grande ampleur (à nuancer, car d’autres mouvements sont nés simultanément et spontanément dans différentes villes à travers le monde).
Il est le mouvement social le plus important en Espagne depuis la chute du franquisme.
Des jeunes diplômés protestent contre un chômage massif.
La spontanéité du mouvement et son organisation efficace.
Vive la Tunisie de Bouazizi et de beaucoup d’autres.