Notre dromadaire doit être bien frileux, pour se trouver ainsi indisposé sous l’effet du poids d’une paille.Lui qui d’habitude traverse, imperturbable et sans souci des océans de dunes exposées à un soleil torride, bercées par un sirocco à perdre le souffle sans que cela ne le dérange le moins du monde.
Lui, philosophe comme il est, se sait supérieur à tout et surtout à tous: face à l’adversité, face aux mirages, face aux caprices des uns et des autres et face aux humeurs de chaque bédouin. C’est vrai qu’il les surclasse tous, il est le maitre, le seigneur sans lequel tout est fioritures, tout est rien et tous sont rien dans ce désert inhospitalier.
Lui qui prend tout sur le dos, peu importe qu’on le charge de pailles ou de plomb, il est toujours d’aplomb. Même quand la charge est tellement lourde qu’elle fut insupportable notre dromadaire, grand Seigneur comme il est, courageux comme il s’est toujours montré et vaillant comme tout le monde sait, est en mesure d’accepter et de supporter le poids d’une paille.
Une paille, n’est jamais qu’une paille, et même si elle le voulait, elle ne pourra jamais porter le dromadaire, elle est à la merci de la moindre brise, du moindre grain de sable et à la moindre fourmi en quête d’encas. Et puis, ne peut-elle pas cohabiter? n’a-t’elle pas le droit de faire un petit bout de chemin avec la caravane? pourquoi l’en empêcher? Sous quel prétexte?
Dédramatisons, s’il (nous) plait, notre dromadaire est autrement moins vulnérable, il est assez généreux pour supporter toutes les marchandises qu’elles soient en string, en safsari ou en Niqab, dès l’instant que toutes se respectent, c’est pas pour autant que la terre risque de cesser de tourner.
Notre dromadaire est plus tolérant que nous, les bédouins grincheux? Nous avons d’autres chameaux à fouetter, beaucoup plus importants que de passer nos journées à fabuler sur une paille.