L’interprétation des résultats des élections de la constituante du 23 Octobre 2011 restera toujours ambigüe à mon sens suite à plusieurs facteursallant du non contrôle du financement des partis politiques, au non contrôle des propagandes médiatiques, aux confusions dues à un nombre élevé de partis et de listes électorales et aux manipulations incessantes de la société et de l’opinion publique par des sujets qui divisent notre société, qui répertorient les gens en des clans et qui pourraient inciter à du non vote, du vote ‘pour’ ou du vote ‘contre’.
Cependant, vu en leur globalité et dans l’absolu, ces résultats montrent:
1/ Une recherche des valeurs après des années de corruption de ZABA et compagnies, cette recherche s’illustre dans la montée de la côte du parti Ennahdha et du CPR.
Concernant le parti Ennahdha, ZABA lui a offert deux atouts majeurs:
– il en a fait la victime de son système par le biais de tortures morales et physiques qui ont touché et détruit un bon nombre de familles tunisiennes
– il lui a offert la clef de ‘sauvetage moral’ de la société suite à des années de corruption majeure et de destruction des valeurs, cette recherche de la sincérité et des valeurs se voit également dans le score élevé du CPR
2/ Un score élevé d’une ‘Aridha’ faisant une campagne fantôme gérée par un personnage à l’étranger, bénéficiant d’une propagande continue hors contrôle, financée par des fantômes et promettant une amélioration immédiate de la situation sociale des tunisiens et surtout les plus démunis. Ce score montre que les gens ont une grande envie de croire à leur rêve, à tort ou à raison, le rêve d’une vie descente et d’une justice sociale. Le discours tenu par cette ‘Aridha’ nous rappelle un certain discours prononcé le 13 Janvier auquel personne n’a cru, mais ce discours a été accepté venant d’un personnage qui ne se nomme pas ZABA.
3/ Le RCD tient encore une bonne place dans le conseil constitutionnel, malgré sa dissolution il a encore de l’influence et il continue de bénéficier de ses réseaux bien tissés à travers tout le territoire, en fait il n’a pas encore mangé son pain noir. Ses ex-dirigeants qui n’ont cessé de spolier la richesse de notre pays et qui n’ont même pas hésité à voler le pain des plus démunis durant des années auront du mal à faire autre chose, ils ont construit une base d’électeurs qui est non négligeable et aura encore son mot à dire.
4/ Une gauche très divisée qui tient un discours incompréhensible par un peuple qui ne cherche qu’à manger à sa faim, un discours purement idéologique qui n’a trouvé écho qu’auprès d’un nombre restreint d’intellectuels.
Dans tous les cas, nous sommes passés d’un régime autocratique à un multipartisme à majorité islamique au nom de la démocratie. Nous sommes également sortis des toiles de la colonisation française pour se jeter dans celles de la colonisation des USA. Quelle démocratie nous voulons, quelle démocratie nous cherchons ? Est-ce la multitude des partis politiques et les élections à apparences ‘intègres’ qui font la démocratie ? La démocratie vient elle de la manipulation des esprits, de la manipulation des croyances religieuses et des manipulations se basant sur les besoins vitaux et de première nécessité pour certains de nos concitoyens et sur le rêve de la liberté pour les autres? Sommes nous astreints à vivre les colonisations indirectes incessantes manipulées par la loi de l’argent et des forces militaires, ces colonisations profiteraient elles en premier aux tunisiens ou à ceux qui les imposent et qui détiennent la clef du pouvoir dans les pays du tiers monde en particulier ? Notre peuple a été torturé et manipulé longtemps dans sa dignité et dans sa liberté, il s’est déplacé vers les bureaux de votes et a subi des files d’attentes énormes afin de pouvoir s’exprimer pour la première fois d’une manière libre et dans l’espoir que plus personne ne lui dicte sa décision et dans l’espoir d’une vie meilleure malgré toutes les manipulations d’après le 14 Janvier, son expression massive est en premier un cri d’alarme contre la corruption et un besoin urgent de manger et de vivre. Peu importe le résultat de ce vote, le peuple tunisien a crié haut et fort son existence et a passé un message fort à tous, je suis là et je serais là et je serais le premier acteur des changements. Le peuple a eu tort ou a eu raison dans ses choix, c’est l’avenir qui le dira, une chose est certaine c’est le vouloir d’un changement radical exprimé par une bonne partie des tunisiens. Ces tunisiens qui ont encore une fois mis l’élite de la société hors jeu en disant laisser nous vivre, laisser nous décider, laisser nous se tromper et laisser nous apprendre.
Tunis le 31 Octobre 2011