La victimisation est « le fait d’être considéré comme une victime ».La victimisation est « le fait d’être considéré comme une victime ». La victimisation d’une victime, c’est donc lui apporté ce statut de victime de façon exagérée: « Ce terme est utilisée lorsque cette considération est jugée abusive. »Une victime peut donc se laisser allé à des dérives telles que la manipulation, le mensonge « en utilisant l’autorité en place et/ou l’approbation de son entourage qu’elle utilise pour obtenir quelque chose ou parvenir à se fins.»-Wikipedia-
Encore faut-il que la dite « autorité en place »reconnaisse le statut de victime. C’est-à-dire, qu’avant d’en arriver au stade du titillement des cœurs attendris par ce que qui viens de vous arriver, que ce statut de victime vous soit au moins reconnu ! Être reconnu victime pour se reconstruire. Tant s’en faut puisque dans notre cher Tunisie, cher à tous, gardez-vous d’en devenir une de victime, j’entends encore, sous peine de vous retrouver sur le banc des accusés ! Puisque dans l’affaire du viol à Aïn Zaghouan le ministère publique poursuit la jeune fille pour « attentat à la pudeur » Quésaco ?
Dans cette affaire de viol ou autre, n’y a t-il qu’une seule victime ? La victime est certes, de prime à bord, la victime directe, celle qui a subi directement les actes mais que fait-on des victimes indirectes: parents, conjoints, amis, confrères de travail, témoins éloignés ou immédiat de l’agression etc.-idée extraite du rapport sur la victimisation rendu par l’andragogue André Faivre- Ceux-ci peuvent même par le poids de la culpabilité ou parfois par le déni de ce qui est arrivé souffrir en silence. La victime dans cette affaire est symboliquement la femme qu’on juge pour sa moralité.
La victime du viol de Aïn Zaghouan dans son combat pour faire connaître la vérité s’enlise bien malgré elle dans ce qui est décrit par « la victimisation secondaire applicable lorsque des conséquences négatives découlent du traitement de la victime par les autorités, c’est le cas par exemple lorsque la victime n’arrive pas à se faire connaître en tant que tel » -extrait de wikipédia-Car être victime, et le devenir à nouveau par le matraquage des autorités, ou encore s’enfermer dans ce statut de victime, telle est la question. Se sortir de la victimisation.
« La victimisation est (…) une perte de pouvoir sur sa vie » indique que le rapport de l’andragogue Monsieur André Faivre qui nous dresse un tableau poignant de ce que vit une victime. Voici des mots mis pour comprendre. « Pendant l’agression: épouvante, peur de mourir, paralysie, sentiment de captivité et d’impuissance, impression de vivre un cauchemar-immédiatement après l’agression: état de choc, apathie, déni, sentiment d’impuissance, désorientation-les jours suivants (la victime de Aïn Zaghouan a été convoquée trois jours après les faits devant le tribunal pour répondre de l’accusation d’attentat à la pudeur) donc les jours suivants: se demande si ses réactions sont normales, se demande si tout va redevenir comme avant, crise = plusieurs réactions simultanées et intenses-les mois ou les années après: la peur persiste, commence à vivre son agressivité et sa haine, modifie sa façon de voir la vie, se rends compte qu’elle a changé-La victime fini par se poser des questions « existentielles: se croyait à l’abri, croyait en un monde juste et bon, croyait qu’il suffisait d’être prudent gentil et correct pour éviter les problèmes, croyait que ça n’arrive qu’aux autres, changement de valeur importants etc. » Sans compter tous les dommages « physiques: blessures physiques, baisse d’immunité, baisse d’énergie, variation de l’appétit etc. » Et « psychologiques: sentiment de culpabilité, sentiment d’injustice subie, processus mental difficile, trouble du sommeil, diminution de la confiance en sois, sentiment d’impuissance, tristesse, peurs et phobies etc. » Ou encore des conséquences « sociales: isolement, peur de sortir, évitement et détours des lieus semblables à l’agression, peur d’être seule etc. » des pertes financières occasionnées « thérapies, poursuite au civil (avocats),hospitalisation, médicaments etc. »
Donc au regard de tout cela, de tout ce qu’elle a déjà subit et ce qui l’attends encore, à la victime du viol dans l’affaire Aïn Zaghouan, je dis un grand merci pour son courage ! Victime oui, mais héroïne de la cause des femmes en Tunisie avant tout !