Le projet scélérat et discriminatoire de l’A.N.C. qui veut exclure les femmes tunisiennes de la vie publique et l’accès à la magistrature suprême est un message clair et sans ambigüité sur le sort réservé en Tunisie comme ailleurs et surtout dans le monde musulman aux femmes reléguées au rang de faire-valoir, d’objets impurs, à Dieu et à ses hommes. Une question qui me vient toujours à l’esprit: comment peut-on être femme et se résigner à se laisser dominer outrageusement par un homme comme si elle était génétiquement, biologiquement, intellectuellement, culturellement, socialement promise à subir et se résigner aux offenses et affronts qui lui sont faits depuis la nuit du temps ? Une vie sans résilience est symphonique d’une vie à l’état animal. On n’assume pas ce qu’on n’a pas choisi soi-même. L’homme n’a pas à écrire l’histoire au lieu et place de la femme. La vraie histoire, la noble, l’authentique ne peut s’écrire sans l’implication active de la femme. N’est-il pas temps d’en finir avec ce cercle vertueux, comme celui des religions monothéistes qui est en réalité un subterfuge pernicieux visant à renforcer les mécanismes de domination de l’homme sur la femme, que la religion musulmane plus que toutes les autres érige en dogmes de la foi. Aussi, je m’adresse aux femmes musulmanes en général et aux femmes tunisiennes en particulier. Pourquoi vous avez choisi de faire de votre vie une prison à vie ? Ecrasées et broyées par vos dogmes vous avez fini par creuser vos tombes avec vos propres mains. Ils sont une Chappe de plomb et une pierre tombale avec lesquelles vous avez recouvert vos corps.
Au nom de votre pseudo liberté, vous exhibez honteusement et publiquement votre double soumission et aliénation à l’homme et à Dieu, doté comme par hasard d’attributs masculins, à se demander si l’homme n’a pas inventé un procédé enrobé de religion pour exercer sa toute puissance machiste à vos dépends ? Vous avez cru qu’avec les Révolutions du Printemps de la ronce arabique que vous allez pouvoir enfin vous défaire des chaînes éternelles de votre purgatoire ? Vous avez oublié que l’on peut briser les chaînes, mais on ne peut pas enlever la forêt dense d’épines de ces ronces radioactives plantées dans vos corps, contaminant vos esprits et torturant vos âmes par vos propres mères, dont votre croyance religieuse en a fait les gardiennes de leurs propres prisons. Un système religieux que d’aucuns, surtout vous-mêmes, prétendent comme captivant alors qu’il ne l’est que pour les captives que vous êtes. Ce qui va de soi, il est connu dans le syndrome de Stockholm pathologique chez vous que les victimes finissent toujours par éprouver de la sympathie pour leurs bourreaux. Chez vous les bourreaux sont vos pères, vos frères, vos époux, de tous mâles-mal de votre univers concentrationnaire, carcéral et liberticide, voire vos propres mères sous les pieds desquelles coulent les eaux du paradis, elles qui a vécu sur terre aux pieds de l’homme. N’est-il pas paradoxal et injuste que l’on réduise la femme à son seul statut de mère pourvoyeuse de vaillants soldats de Dieu ? Qu’en est-il de celles qui pour des raisons que Dieu lui-même ne semble pas connaître, telle l’infertilité, ou qui a fait le choix fort légitime de ne pas être une productrice de chair à canon, préférant ainsi suivre les recommandations de Rosa Luxemburg et que les préceptes de la foi au risque de se priver de la flaque d’eau paradisiaque promise ? Est-ce un crime, un péché si une femme qui a fait le choix de sa vie, et s’éviter quelque part ainsi de porter le deuil à vie d’un enfant sacrifié pour assouvir les desseins bellicistes d’un Dieu despotique, expansionniste et impérial ? Ces femmes qui ont l’immense courage intellectuel de ne pas céder aux chants de Sirène divins qui sont plutôt les derniers chants de Cygne que les femmes ont entendus depuis l’avènement du monothéisme, ne méritent-elles pas reconnaissance et considération que d’être vouées à la géhenne ? Comment peux-tu afficher si ostensiblement et ostentoirement des signes d’appartenance en une croyance qui se nourrit de la haine des femmes, de leur asservissement, de leur avilissement, sacralisant la torture et les brimades, légitimant le viol, prescrivant le traitement dégradant et humiliant, accordant tous les droits et les faveurs aux hommes ? Une croyance qui appelle à la lapidation des femmes, à leur relégation et exclusion, les ostracisant, les réduisant à une portion congrue ne doit ni mériter de votre amour ni de votre allégeance. Où est-elle votre humanité si vous vous résignez à vivre dans l’éternelle indignité, déchues de vos droits, condamnées à vivre dans l’ombre de vos hommes que Dieu aurait doté de toutes les qualités et vous de toutes les tares. Un criminel tel que R. Ghannouchi que certaines d’entre vous vénèrent, par pur masochisme ou crainte du châtiment suprême, serait selon les normes de votre religion supérieur à Marie Curie. Une croyance sans égalité des droits entre les sexes est inhumaine et nazie tout simplement.