Facebook est souvent crédule, parfois soulant, mais toujours intéressant.Intéressant, à plusieurs titres, il retrace et décrit l’humeur de la communauté qui fréquente les pages de ce réseau social dont les liens sont éphémères, libres de toutes contraintes et ne sont pas régies par quasiment aucune éthique, si ce n’est, les quelques règles de déontologie que nous voyons ça et là pour encadrer les publications sur les murs de quelques groupes sociaux, dans un souci de sérieux et de sérieux.
Vous y rencontrez le sage, le fanfaron, l’érudit, le candide, le méchant, la mauvaise langue, le perroquet, l’engagé, le parano, le diffamant, le laïque, le barbu, les nocturnes, les sporadiques et les va-en-guerre.
Vous y lisez, regardez et apprenez les vertes et les pas mûres, mais aussi les fraiches et les nouvelles, les vraies, les fausses, les intéressantes, les inutiles, les risibles, les perles, les ridicules et les extravagantes.
Le tunisien est de nature critique, jadis, il se cachait pour chuchoter son avis à demi voix, après avoir jeté un coup d’œil furtif autour de ses épaules. Il lui arrivait même de se taire par complaisance ou par manque de courage pour ne pas employer un autre qualificatif. Il aimait imiter l’autruche au risque de se faire obstruer les narines, ratatiner les paupières, ensabler la gueule et se boucher les oreilles. Il ne lui restait alors aucun sens capable de percevoir les réalités. L’aptitude au discernement fut donc souvent entravée voire absente chez le tunisien moyen… Le tunisien tout court. Mais cela ne l’a jamais empêché d’avoir un avis sur tout et sur rien, d’expliquer le comment du pourquoi, d’émettre des théories, la plupart du temps rocambolesques. Tout le monde, ou presque, se montra d’une expertise peu commune en foot, en politique européenne, en arbitrage, en politique américaine, en entrainement sportif, dans le conflit israélo-palestinien, en tactique 5-3-2, en guerre du Golf, dans la débâcle de l’équipe nationale et dans celle du Tsahal au sud Liban, que dire alors lorsqu’il s’agissait du derby tunisois au championnat national? Tellement le tunisien se montra à jour que rien ne lui échappait, tant il est vrais que le ballon rond carburait à toute allure dans les esprits des gens, alors que des sommes, plutôt des fortunes colossales des deniers publics carburaient allègrement vers les paradis fiscaux à l’insulte de notre plein gré! Dans notre léthargie à tous, notre sommeil profond.
Le tunisien qui fut longtemps estampé d’une étiquette peu glorieuse de nonchalance, de jemenfoutisme, d’égoïsme primaire et de looser invétéré, se réveilla, contre toute attente, de sa torpeur, prit Facebook en main, dit tout haut ce que les autres disent tout bas, il appela à l’insurrection et à la désobéissance civile. En un tour et deux mouvements, il révolutionna la terre entière, chassa la moitié des dictatures et força le respect de tous. Partout les damnés sur terre lui emboitèrent le pas…le casino della madone s’installa aux quatre coins.
Ne semblant pas être tout à fait conscient de l’énorme notoriété qu’est devenue la leur, qu’il obtinrent fièrement et courageusement grâce aux jeunes révoltés contre les balles réelles d’abord, puis contre les coups bas d’une nomenclatura très peu disposée à perdre ses acquis. Les autorités de ce peuple héroïque, resta, néanmoins obnubilé par le souci de faire bonne figure, de faire les choses conformément aux attentes des autres, les bailleurs de fonds orientaux et les pourvoyeurs de bons et de mauvais points occidentaux! Au lieu de poursuivre leur bonhomme de chemin comme les grands, avec les grands et non grâce aux grands.
C’est là que j’ai compris que nos dirigeants ne sont pas copain-copains avec Facebook, autrement ils auraient pris acte de l’opinion publique qui, par le biais de ce réseau plus politique que social, les exhorte de consulter les pages de ce miroir pour y voir le peuple et ses doléances, aussi aberrantes que logiques et légitimes.
Moi pour ma part, je ne remercierai jamais assez Marck Zuckerberg qui sans le vouloir, ni le souhaiter a contribué à déstabiliser, grâce à son invention, les « grands » qu’il dessert plus qu’il ne les sert…au plus grand bonheur de ceux qui n’osent pas encore le dire tout haut… Parmi les occidentaux.