Najeh Dali: Afin de palier aux insuffisantes des ressources hydrauliques et la surexploitation des nappes et répondre aux besoins croissants en eau potable, le dessalement d’eau de mer est appelé à jouer un rôle important dans l’avenir.Les technologies ont pas mal évolué dans ce secteur et les veuilles technologies comme les procédés par évaporation sont de plus en plus évités.
Mais malgré les nombreux atouts du dessalement, son impact environnemental demeure donc une préoccupation majeure.
Les différentes techniques de dessalement de l’eau de mer nécessitent en effet des quantités d’énergie très élevées pour le chauffage ou la compression de l’eau par rapport aux volumes d’eau produits.
La distillation multi-effets, qui permet d’obtenir une eau très pure, selon Najeh Dali, demande beaucoup d’énergie, bien que l’osmose inverse entraîne une consommation énergétique moindre.
C’est pourquoi cette technique fiable est en plein essor actuellement. Elle représente aujourd’hui 50% de ce marché.
Les principaux inconvénients se résument comme suit
• Coût énergétique encore élevé
• Rejet des saumures concentrées au double de la salinité naturelle en mer ou injectées dans le sol ;
• Rejet d’eaux chaudes en mer dans le cas de la distillation ;
• Emploi de produits chimiques pour nettoyer les membranes (chlore) ;
• Traces de cuivre échappés des installations ;
• Aucune législation spécifique concernant la potabilité de l’eau issue de ces traitements.
Pour citer quelques inconvénients, les procédés de distillation représentent toujours 90 % de la production d’eau dessalée dans la région du Golfe avec des procèdes énergivores.
Dans le reste du monde, où l’on est en général beaucoup plus sensible au coût de l’énergie, Najah Dali constate que c’est la technologie de l’osmose inverse qui l’emporte.
Ainsi, sur le pourtour méditerranéen, 76 % de la production totale soit 4, 2 millions m3 jour est assurée par des installations d’osmose inverse, notamment en Espagne, en Algérie, en Tunisie et en Israël, ainsi que dans certaines grandes îles.
Bien que le procédé de l’osmose inverse est moins énergivore comparé à l’évaporation, la facture énergétique pèse encore sur le prix de vente, qui reste élevé entre 0, 4 à 0, 80 euro le m3 pour l’osmose inverse et de 0, 65 à 1, 80 euro pour la distillation. Sans compter que l’énergie a aussi un coût environnemental.
Autre problème à l’heure actuelle, les usines de dessalement sont essentiellement alimentées par des énergies fossiles.
Or, les combustibles fossiles présentent pour l’environnement l’inconvénient d’émettre des polluants atmosphériques, notamment du dioxyde de carbone (CO2),des oxydes de soufre et d’azote et des particules solides.
Cette contribution à l’effet de serre est loin d’être négligeable dans le contexte actuel de lutte contre le réchauffement climatique.
E plus de ce problème énergétique, il reste pour Najah Dali de résoudre les problèmes causés par la pollution du milieu marin, où l’eau utilisée pour le refroidissement est généralement évacuée.
Quel que soit le procédé utilisé, toutes les usines de dessalement produisent d’importantes quantités de saumure qui contiennent des résidus chimiques, des sous-produits de réactions et des particules métalliques issues de la corrosion.
En conséquence, les installations peuvent avoir des effets néfastes sur le milieu marin, surtout si elles déversent la saumure dans des écosystèmes fragiles.
La forte teneur en sel du concentré rejeté avec l’osmose inverse risque donc de porter préjudice aux bancs de Posidonia classés habitat prioritaire par la directive européenne pour la conservation des habitats de la faune et de la flore.
Le chlore est utilisé aussi pour limiter la contamination biologique des installations. C’est un biocide très efficace.
Outre ces effets toxiques potentiels, Najeh Dali craint également que les rejets de chlore ne forment des acides acétiques halogénés, dont beaucoup auraient des propriétés carcinogènes.
Tel n’est pas le cas du cuivre issu de la corrosion de surface des échangeurs de chaleur.
Mais est-ce que ces problèmes n’ont pas de solution?
Pour celui de l’énergie l’orientation prise par plusieurs pays pour le recours aux énergies renouvelables semble être une bonne solution.
Pour les produits chimiques, des normes draconiennes ont été dernièrement établies par un certain nombre de pays.
Par exemple pour le problème du chlore, à partir de données toxicologiques portant sur un large éventail d’espèces marines, l’Agence américaine de la protection de l’environnement (EPA) a donc émis une recommandation fixant le plafond des concentrations en chlore de l’eau de mer à 7, 5 microgrammes par litre sur le long terme.
Donc, certes le dessalement de l’eau de mer constitue une solution pour les problèmes de pénuries d’eaux, mais selon le cas, il est opportun que les avantages et les inconvénients doivent être évalués en termes de coûts et bénéfices, sociétaux et environnementaux, et comparés aux autres procédés de production d’eau douce.
En effet, le coût et la rentabilité du dessalement continueront à être un des éléments majeurs pour sa généralisation.
Najeh Dali