Disserter sur la frontière entre Ennahdha et la mouvance salafiste en Tunisie, revient en quelque sorte à disserter sur le sexe des anges.Dissocier les deux consiste à résoudre le problème de la quadrature du cercle. Par conséquent, il convient de ne pas se laisser prendre dans le jeu de diversion, qui n’est en réalité qu’un jeu de rôle, une posture de circonstance dont la finalité vise à noyer le poisson, à brouiller les pistes à plonger l’observateur dans les méandres enfumées de l’idéologie islamiste. Le dernier débat télévisé entre les représentants du Gouvernement de transition à la légitimité douteuse et leurs vis-à-vis salafistes n’est en réalité qu’une mise en scène, un leurre médiatique, une illusion d’optique, un jeu de contraste entre l’ombre et la lumière, une tromperie, une manœuvre pour tromper l’auditoire tunisien. En effet, le but de ce débat d’un très mauvais genre est d’abuser de la crédulité de l’opinion publique tunisienne en lui faisant croire en l’existence d’un antagonisme sérieux entre les deux courants de l’islamisme internationaliste djihadiste dont R. Ghannouchi passe pour en être de surcroît un des principaux maîtres à penser.
Sur l’échiquier tunisien, les salafistes remplissent un rôle de composition en étant les faire-valoir d’Ennnhadha pour lui permettre de se doter d’attributs sécurisants et légalistes aux yeux de l’opinion publique tunisienne. Grâce à eux, elle se trouve insidieusement affublée de toutes les vertus. Elle est l’ange et ils sont les démons.
Au lieu qu’elle soit Dr Jekyll et Mr Hyde simultanément, les salafistes lui font office de ligne de démarcation, de zone tampon, entre deux personnalités antinomiques et opposées alors qu’il s’agit en réalité d’une seule et unique personnalité.
En tout état de cause, un tel débat donne à Ennahdha une nouvelle occasion de créer l’évènement, de détourner les tunisiens de l’amertume nauséabonde de leur quotidien, de nourrir les discussions des rues et d’occuper ainsi les devants de la scène. Fourbe, perfide, habile et perverse Ennahdha comme toute organisation fasciste a l’art de l’esbroufe, de l’intox, de l’enfumage et de la manipulation de l’opinion publique.
Ainsi dissocier Ennahdha des salafistes c’est comme si l’on cherchait à séparer les deux faces du miroir de Janus. Les distinguer, comme si l’on distinguait les branches de cette tenaille tranchante et contaminée avec laquelle ils cherchent à tenir fermement et violemment la Tunisie qui à chaque fois qu’elle cherche à desserrer son emprise, Ennahdha force sur la tenaille. La branche salafiste est pour l’islamisme tunisien ce que furent les Escadrons de la mort pour la Junte militaire au Brésil ou les Waffen SS chez les nazis. Une espèce de police parallèle. Une garde de fidèles dévoués et fanatiques au service inconditionnel de leur maître à penser et commanditaire Nahdhaoui. Sa branche armée dont la mission est de défendre par la force la pensée idéologique du mouvement ».
Bref, une émanation agressive et armée du parti islamiste chargée d’asseoir son pouvoir.