Dans les États fascistes totalitaires, les procès sont toujours à charge… »
On multiplie les procès en sorcellerie. On cloue l’autre au pilori. On le diabolise. On le stigmatise en le vouant aux gémonies. Lui prêtant des intentions malveillantes afin d’en faire un bouc-émissaire de tous les maux qui les rongent et les minent. On jette en pâtureà l’opinion publique souvent éprise de sensations l’honneur et le crédit des personnes qui ne rentrent pas dans le moule. En France: c’est l’immigré quand ce n’est pas le juif. En Tunisie: c’est le juif, le démocrate, l’homosexuel, l’athée. On condamne et on rend des verdicts sur la seule base de la supposée différence de l’autre. T’es différent, t’es donc coupable. Comme à l’époque de l’affaire Deyfus. Le Front National désigne cet autre à la vindicte populaire, Ennahdha fait de lui l’ennemi d’Allah rendant ainsi son assassinat comme licite au nom de l’Islam. Le tribunal de l’opinion a le mérite de présenter le meilleur rapport qualité/ prix, il est sans appel et implacable. Il rapporte de surcroît des voix dans les urnes. On surfe sur les peurs qu’on suscite pernicieusement et insidieusement en laissant courir des informations mensongères et tendancieuses. Une telle rhétorique est la marque de fabrique des organisations fascistes. La calomnie devient un argument politique irréfutable. Or, dans un Etat de droit, tous les justiciables sont présumés innocents tant qui’ils n ‘ont pas épuisés toutes les voies de recours. Par conséquent, juridiquement on ne peut pas qualifier Marine Le Pen de raciste et cela en dépit de son appartenance à un mouvement à l’idéologie fasciste, xénophobe, maurassienne, anti-républicaine, aux relents antisémites. Une idéologie revêtu du sceau infamant de la division, de la préférence nationale, du poujadisme et l’exclusion, s’inscrivant dans l’héritage de l’Action française. En l’état actuel des choses et tant qu’elle n’a pas fait l’objet de condamnation pénale ou civile dans le cas d’espèce à l’image de son père, l’accuser de raciste, alors qu’elle baigne dans un environnement nauséabond, cela relève hélas de la pure spéculation intellectuelle et de la diffamation calomnieuse. Affirmer comme le fait Sarkozy que les valeurs du Front National sont compatibles avec les valeurs de la République au motif que s’il n’était pas conforme à l’esprit républicain, Marine Le Pen n’aurait jamais pu être candidate à l’élection présidentielle, cela s’appelle de la sournoiserie et du cynisme anti-républicains. Pourquoi, à chaque élection présidentielle son candidat a du mal à réunir les 500 signatures requises par la loi ? Pourquoi justement le Front National a-t-il introduit un recours devant le Conseil Constitutionnel contre la publicité des parrainages ? S’il était aussi fréquentable que cela pourquoi avait-il réclamé un recours requérant l’anonymat des parrainages ? Alors que la transparence est une exigence inaliénable des lois de la République. Certes la charte du F.N n’est pas ouvertement raciste mais elle reste toutefois ultra-nationaliste, anti-universaliste, populiste, préférentialiste, xénophobe et identitaire. Elle n’est pas non plus un modèle de statut républicain. Son point d’ancrage idéologique est à l’antipode de la méritocratie républicaine, de l’égalité des chances, de l’intégration républicaine, du bien vivre ensemble. Une idéologie à contre-courant des droits fondamentaux, du respect de la Charte Universelle des Droits de l’Homme et du citoyen. Une idéologie stigmatisant l’homme, cet autre différent de soi, sur la base son appartenance ethnique et religieuse, exacerbant le social-patriotisme, nostalgique, réactionnaire, misogyne, sexiste, assimilant la femme à sa seule fonction procréatrice, une poule pondeuse, n’est peut-être pas raciste dans le sens juridique du terme, mais elle l’est dans le sens de la morale politique. Si effectivement l’habillage juridique de la Charte du F.N est conforme à la loi sur les partis politiques du 1er juillet 1901, on ne peut pas occulter les idées politiques propagées par ce mouvement. Ni nier le fonds de commerce idéologique le différents courants de pensée politique qu’il fédère, véritable panier de crabe: fasciste, pro nazi, négationniste, traditionaliste catholique anti-avortement, vichyssois, ultra-libéraux, nostalgiques de l’Algérie française, anti-communistes, identitaire, anti-cosmopolitisme, sociobiologiste, etc.. Il ne suffit pas de l’affubler des vertus républicaines pour en faire un mouvement politiquement républicain. Un parti politique n’est pas que des simples règles statutaires, contrairement à ce que cherche à le faire croire un Sarkozy aux abois, il vaut aussi et surtout par ses militants et ses idées. Quand une candidate à la présidence de la République a honoré de sa présence un bal pangermaniste et antisémite à Vienne, sa présence ne peut que témoigner de ses sympathies et affinités idéologiques et de son anti-républicanisme. Un indice ne constitue pas une preuve sufisante pour l’étiquetter comme philonazie et partant de là comme raciste. Mais il il dénote pour autant de la promiscuité idéologique entre le F.N et la mouvance nazie et raciste européenne. Lui qui se rêve en équivalent français du M.S.I. italien, il est difficile d’ voir un modèle de parti républicain. Le Front national s’il n’est pas raciste, il reste cependant antidémocratique et fasciste. Si Marine Le Pen ne laisse apparaître que le mouvement frontiste est en train de faire sa mue idéologique, ce n’est qu’en apparence. Un changement de façade. Elle est dans une stratégie de communication politique hyper médiatique du trompe-l’oeil. A défaut d’être en rupture idéologique avec son père, le roi des calembours racistes et anisémites, elle est tout simplement en rupture médiatique avec lui en adoptant une fausse posture républicaine. « Elle est l’héritière de son père par un détournement de succession » comme l’avait accusée Eva Joly mais pas seulement, elle en est la digne héritière idéologique. Autrement, il ne lui aurait pas confié les rênes du mouvement si elle n’était pas lepéniste inconditionnelle. Un mouvement qui s’apparenterait davantage à une organisation sectaire cultivant outrancièrement le culte de la personnalité, que d’un parti politique républicain. Ainsi, il faudrait être atteint de graves troubles d’altération mentales et intellectuelles, un peu comme Sarkozy pris au piège de son propre jeu, pour accorder un blanc seing républicain à un mouvement qui a toujours brillé par une rhétorique discursive qui en dit sur sa vraie nature fasciste et mussolinienne.