D’après les réactions des tunisiens suite à la parution de Sebsi hier soir à Nessma TV, il s’avère que l’ancien premier ministre venu régler ses comptes publiquement avec le parti au pouvoir a choisi le moment opportun pour se faire une sympathie auprès du peuple.
Après avoir approché certains partis politiques avec lesquels il partage les mêmes alliances étrangères, et qui sont loin d’avoir fait preuve d’attachement à la poursuite du souffle de la révolte tunisienne pour aider à l’atteinte de ses objectifs, monsieur Essebsiveut séduire le peuple, dans le contexte d’incertitude résultant du virage à 180° des partis de la troïka de leurs programmes électoraux respectifs. Bien que l’impérative unité nationale reste aujourd’hui le seul atout qui puisse sauver la Tunisie après que la menace de l’extrémisme se soit confirmée, les tunisiens doivent prendre soin de ne pas succomber à la tentation de retour d’acteurs directement responsable du non achèvement de la révolte.
La Tunisie a besoin de ses patriotes, les vrais, capables de réfléchir et de construire leur avenir en dehors de toute ingérence étrangère qu’elle soit occidentale ou orientale. A mon sens ce qui se déroule aujourd’hui en Tunisie n’est que la continuité accélérée du processus entamé dès le lendemain du 14 janvier dans les coulisses, par un pouvoir de transition qui a bien pris soin d’écarter les forces révolutionnaires, en se tournant vers l’étranger tout en ignorant le peuple, usant de moyens de manipulation pour faire taire la voix appelant à placer l’endogène au dessus de toute autre considération.
Au lendemain du 14 janvier, des hautes personnalités tunisiennes tel Ahmed Ben Salah, Mohamed Mestiri, Mustapha Filéli avaient exprimé à Foued Mbazâa leur volonté de se mettre au service de la nation, en constituant notamment un groupe de travail qui se pencherait sur la révision de la constitution. Mais l’agenda dicté à Mbazâa par ses maîtres, a empêché ces volontaires de venir au secours de la nation, alors qu’ils ne demandaient ni élections ni assemblée constituante, ni gratifications à la hauteur de ce coûte l’assemblée constituante à la nation.Toute vision, toute analyse et toute approche écartant la prise en considération de la séquence des faits survenus en Tunisie depuis le 14 janvier, et l’examen minutieux des liens de causalité entre ces faits, risquerait de nous faire revenir à la case départ par la substitution d’une ingérence à une autre.
Le tunisien ne peut se permettre d’avoir la mémoire courte, l’amnésie risquerait d’être fatale pour le pays. Y a –t- eu lors de la passation du pouvoir entre le gouvernement Essebsi et celui de Jbéli devant la constituante et en présence d’une foule de journalistes, une présentation du bilan Essebsi ? Tout ce à quoi le peuple avait eu droit, c’était ce bras dessous bras dessus Essebsi/Jbéli dans lequel les deux hommes ont quitté l’assemblée constituante en souriant aux caméras.L’explication de l’essentiel du mal tunisien réside dans cette image fort de symbolique, mais dont le sens malgré sa clarté n’a pu attirer toute l’attention qu’il mérite parmi la masse, vu que les médias et les analystes politiques ont préféré passer sous silence la lourde portée en conséquence d’un tel geste. Le message suivant était pourtant clair est criant : « Jbéli empruntera le droit chemin suivi par Essebsi ».
Si le geste complice des deux hommes avait été exprimé dans un pays où journalistes et politologues avaient la plume libre, il aurait fait la une de tous les journaux. Vu que la presse et l’élite ont préféré maintenir après la 14 janvier leurs anciens réflexes, l’analyse à chaud de l’évènement politique pertinent en vu d’en démasquer les dessous au peuple, continue à se faire attendre.
Essebsi n’a présenté ce jour le bilan de son gouvernement, tout comme il n’a présenté aucun bilan de la visite qu’il a effectuée aux USA avec un bataillon de ministres, à quelques jours de la tenue des élections. Visite au cours de laquelle au mépris de ce que sera le verdict des urnes, Barak lançait l’effet d’annonce pour que son hôte succède à Mbazâa à la présidence de la république.Pris dans le piège du manque de transparence de tous ses dirigeants, le tunisien s’avère aujourd’hui dans l’incapacité de faire la part des choses, pour dissocier dans ce qui parait de plus en plus comme continuité entre l’héritage légué par Essebsi et la complicité de Ennahdha avec les ennemis de la liberté et de la dignité de la Tunisie et du peuple.
A mon sens les piliers du mal tunisien ont été érigés bien avant l’arrivée de Ennahdha, et nous ne pouvons donc combattre les rétrogrades avec méthode, sans comprendre la nature des accords, des protocoles et des traités secrets conclus par les gouvernements Ghannouchi et Essebsi pendant les mois ayant succédé la fuite du déchu et précédé l’arrivée de Ennahdha au pouvoir. Ayant suivi la séquence des faits survenus en Tunisie depuis la révolution, j’ai rédigé au fur et à mesure ce qui en fut de plus pertinent.
Avant de proposer la piste qui semble la plus opportune à suivre, et qui est de nature à garantir la souveraineté à long terme, il convient de rappeler quelques faits marquants pour démontrer que le mal dont souffre le pays n’est que la conséquence directe des choix empruntés au lendemain de la fuite du déchu, et de la continuité M. Ghannouchi /B.C.Essebsi/ M. Jbéli.Les dérapages avaient déjà commencé, alors que Mohamed Ghannouchi était encore premier ministre. Une visite top secret de trois jours effectuée en Tunisie en février 2011 par deux congressistes, parmi ce qu’il y a de plus sioniste au congrès US, est passée sous silence.
Elle n’a mérité aucune couverture médiatique digne du risque qu’elle représentait pour la nation. Pire encore, la chaîne Alwataniya a profité de cette visite, pour jeter de la poudre aux yeux des tunisiens, et détourner de la sorte leur attention, en étalant dans un grand show médiatique la cabane d’Ali Baba. Indignée à l’époque de la manière dont le gouvernement de transition et les médias continuaient à infantiliser le peuple, j’ai rédigé un article dénonçant le manque de transparence et l’amorçage dans les coulisses du pouvoir, d’un complot contre la nation. Cet article a été intitulé : « Souveraineté, souverainetén please monsieur Ghannouchi ». (1)Sous la pression de la horde Ennahdha, campée des semaines à la Kasba, Ghannouchi a fini par succomber quelques jours plus tard à exigeant notamment l’élection d’une constituante. Disons au passage, qu’à l’époque, il semblerait que l’Islam de Chourou ne lui avait pas encore indiqué que le sort réservé aux contestataires est l’amputation des bras et des jambes. Mbazâa fit appel à son ancien compagnon de route, et parent par alliance pour se sentir moins dépaysé dans la fonction qu’il vivait au début comme cadeau empoisonné.
La nomination de Essebsi n’a pas fait l’unanimité du peuple, d’autant plus que Essebsi traîne derrière lui une des plus sombres pages de l’histoire de l’après l’indépendance tunisienne. Le monsieur s’est présenté au public comme étant plus propre que propre. Il séduit les nostalgiques par sa subtile identification à Bourguiba, citant notamment le fait qu’il n’a jamais eu de propriétés privées. Essebsi a cependant omis de dire au peuple, sans doute par manque de tranquillité de la conscience, c’est que plutôt que d’investir en Tunisie, il avait préféré placer l’essentiel de sa richesse à l’étranger dans des biens immobiliers si et là, en particulier à Paris où il est le propriétaire de plusieurs immeubles dans les quartiers les plus chics de la capitale française.
Qui sait ce que le renversement de conjoncture aurait réservé à l’homme ? Au-delà de ce mensonge qui en dit déjà trop sur l’homme, Essebsi a continué à faire du tort à la nation au point qu’il en arriva à neutraliser les vrais esprits révolutionnaires, par une sauvage répression policière, qui a eu l’approbation des partis politiques qui avaient donné priorité à leur positionnement dans le paysage politique, plutôt qu’à la nécessaire poursuite des revendications pour l’atteinte des objectifs de la révolution.
Les dérapages les plus flagrants ont fait couler beaucoup d’encre. Les parutions de Essebsi dans les médias étaient loin de rassurer le peuple. Outre le fait qu’il tournait les journalistes dans la dérision, il prenait de parution en parution un air plus dictatorial. Interrogé par une journaliste sur le départ de Rajhi, et sur le fait que Essebsi avait pris la décision unilatérale d’écarter son ministre de l’intérieur, il répondait sec qu’il décidait seul, point final. Interrogé sur la visite secrète d’Ammar au Quatar accompagné d’un bataillon de hauts gradés, il répondait que la mission était socio économique…. J’avais moi-même consacré plusieurs articles sur cette transition de Essebsi au gouvernement. Les plus pertinents étaient intitulés « Point de vu citoyen » (2) « Bonne gouvernance et transparence » (3)A côté de Essebsi, deux hommes très influents semblaient guider le pays dans les coulisses. Essebsi a toujours trouvé la sortie face aux interrogations molles des journalistes sur les rôles de Ltaef et de Ammar, dans la conduite des affaires de la nation, l’un et l’autre étant proche des USA et de leurs alliés inconditionnels. Il faut dire que le ton et le style des questions des journalistes, donnait tout le confort à Essebsi, d’esquiver les sujets qui fâchent.
Est-ce que nos journalistes manquaient de professionnalisme ? Est-ce qu’ils voulaient plutôt se faire bonne conscience face au peuple qui leur reprochait de ne pas veiller à refléter les vérités au public ? A mon sens, c’est à la fois l’un et l’autre. J’avais rédigé à l’époque deux articles sur le rôle des deux hommes de l’ombre, qui avaient joué un rôle primordial dans l’après révolution, au moment où Essebsi mentait à toute la Tunisie, en prétendant qu’il menait seul la baraque. Le premier article consacré au rôle de Ltaief “ Le grand complot ». (4) L’article consacré aux jeux de coulisses de Ammar, Bas les masques » (5).Essebsi était tellement aux ordres de Ltaef, qu’il se rendait en Algérie pour négocier le rapatriement d’équipements lourds appartenant à son ami, saisis en Algérie suite à un litige l’opposant à un grand client algérien. De même, Essebsi a quasi concocté une loi sur mesure pour Ltaef, pour stopper les poursuites judiciaires entamées contre celui-ci pour chèques impayés. Et la liste est longue. S’était-il montré aussi soucieux pour la nation et le peuple ? Certainement pas ! Essebsi n’a rien entrepris de concrètement rapide pour accélérer la restitution des richesses pillées par le déchu et sa famille.
Au-delà de son grand silence sur le rôle joué par ces deux hommes et d’autres dans les coulisses du pouvoir, Essebsi clôtura sa mission dans le gouvernement par une mission aux USA, dont le tunisien ignore à ce jour le contenu.Aujourd’hui l’homme a tendance à vouloir réinvestir le pouvoir en cherchant à faire croire aux tunisiens qu’il est l’homme de la situation. Il se présente comme le père de la nation, prenant les tunisiens pour une masse d’éternels amnésiques. Si le contexte a contraint les tunisiens de le supporter contre leur gré, pour éviter que le pays sombre dans le cahot, ce n’est pas une raison de lui offrir l’occasion de revenir au pouvoir pour achever son œuvre, avec les ennemis de la nation tirant les ficelles dans les coulisses. A mon sens, le drame par lequel passe la Tunisie aujourd’hui trouve son fondement dans l’ère Essebsi, qui a usé de tous les moyens pour étouffer les vrais révolutionnaires. Par ailleurs, plutôt que de mettre en œuvre les mécanismes nécessaires à la restitution rapide des richesses détournées par le déchu et sa famille, tout en se montrant laxiste avec les dirigeants des pays où ces richesses sont détournées, il était négocié avec eux l’endettement de la Tunisie pour prendre en otage les générations futures. Qui croit-il pouvoir séduire ? Les révolutionnaires qui cherchent la dignité et la liberté ? Certainement pas !!! La classe bourgeoise et les nouveaux capitalistes seuls bénéficiaires du passage de Essebsi par le gouvernement de transition ? Qu’il se contentera donc de la minorité de leur voix, en se maintenant bien loin du peuple !!! S’il cherche à redonner à ses amis européens l’assise qu’ils ont perdue en Tunisie suite à l’arrivée de Ennahdha au pouvoir, nous devons dire haut et fort, que de la même manière que le tunisien refuse que leurs dirigeants se laissent menés par le bout du nez de la part des impérialistes US, il refuse également après la révolution d’être placé sous tutelle de pays européens.
Au nom de quoi devrions-nous accepter d’être gouvernés par un lèche-bottes de pays qui continuent à s’enrichir avec nos biens pillés, alors que plus de 25% de tunisiens vivent au dessous du seuil de la pauvreté ? Si Essebsi s’était permis d’abuser du peuple, c’est notamment parce que l’élite et les partis politiques ne voulaient assumer le rôle qui leur incombe. L’élite, semblant ne pas pouvoir se soustraire à ses réflexes et à son suivisme passé, n’a pu faire sa révolution. Cette élite n’a pas compris qu’après le 14 janvier, est venu pour la Tunisie le temps de se recherche un modèle de société propre qui ne doit être à la merci ni des vents d’est ni de vents d’ouest. Face aux glissements des priorités de l’élite qui axa pendant des mois l’essentiel du débat sur les querelles Laïcité/ Islamisme, tournant le dos aux défis réels de la Tunisie profonde, j’ai rédigé un article que j’avais intitulé « Intellectuels, Secouez-vous les méninges. » (6) Dans un article plus récent intitulé » Bon sang, leaders politiques élite secouez-vous les méninges l’instruction est une dette vis-à-vis de la patrie.
Rendez la dette », (7) ,l’accent est mis sur le devoir de l’élite de se mettre au service de la patrie cible de la menace extrémiste.Quant aux partis politiques, ils ont sombré dans un populisme dont les prémisses annonçaient des mois avant les élections, la victoire des obscurantistes aux élections. Sombrant chacun dans des calculs politico politiciens, non seulement ils ont favorisé l’émiettement du paysage politique, mais ils sont aussi restés loin des préoccupations du peuple, essayant chacun de son côté de se faire des muscles auprès de ses alliés traditionnels étrangers, au point qu’à quelques jours des élections les uns et les autres ont failli faire éclater la troisième guerre mondiale en Tunisie.La prévisibilité de la responsabilité directe de ces partis dans l’accès de Ennahdha au pouvoir a été rédigé dans un article intitulé « Élections et méritocratie ». (8)Quant au choc frontal voulu par les ennemis de la nation de tout bord, il a suscité la rédaction d’un article rédigé sous le titre : « A la mémoire de nos braves martyres, la Tunisie d’abord ». (9)Pour brasser toutes les responsabilités de l’échec de la poursuite de la révolution, nous ne devons oublier un autre complice de Essebsi, qui cherche à se positionner lui aussi dans le rôle de fédérateur. Un acteur qui a excellemment paralysé la marche de l’après 14 janvier, en voulant confisquer tous les dividendes sociaux de la fuite du déchu, alors que la catastrophe sociale tunisienne n’est que le résultat des complicités de son leader Abdeslem Jrad avec ZABA. Abdesslem Jrad et toute la troupe de l’establishment de la méga machine qu’est le syndicat, que beaucoup perçoivent à plus d’un point de vue, comme état dans l’état. Jrad cherchait à se faire une gloire en voulant attribuant aux seuls syndiqués l’intégralité des fruits de la révolte, au mépris de la masse de chômeurs qui furent le principal maillon de la révolution, et dont beaucoup sont victimes en tout premier lieu de sa complicité avec le déchu, qui ont empêché pendant des années la régulation sociale et l’atténuation des effets du mouvement de la libéralisation de l’économie.
L’absence effective d’action syndicale a en effet ouvert la porte à l’esclavagisme par la multiplication des sociétés de sous-traitance. L’ironie du sort est que le fils de celui qui est sensé défendre la dignité du travail, avait une des sociétés de sous-traitance des plus grandes dans le pays !Il y a quelques semaines, le syndicat tentait de s’autoproclamer comme étant le protecteur par excellence de la révolution. Au-delà de ses failles passées, le tunisien ne doit sombrer dans la confusion des rôles. Nul ne peut être juge et partie. L’action syndicale et l’exercice d’activités politiques ne doivent être confondus. Chacun a son rôle, et pour que ce rôle soit bien assumé il ne doit y avoir ni confusion, ni superposition. A défaut ce serait l’arbitraire.
Et ce n’est pas par un nouvel arbitraire qu’on pourra escompter en soigner un autre. Cette question a fait l’objet d’un article, que j’ai rédigé quand il y a plus de trois mois, l’UGTT tentait de s’adjoindre l’appui de tout le peuple, se prétendant être sa représentante légitime. L’article était intitulé « L’UGTT n’est pas le peuple ». (10)Certains se demanderaient mais qui reste –t-il donc pour guider la Tunisie. Il reste le peuple, riche en hommes et femmes patriotes, qui sont à l’image de notre compatriote Khawla, prêts à défendre l’honneur de la patrie. Khawla ne s’est fait aidée, ni par un américain, ni par un européen, ni par un saoudien pour défendre le drapeau tunisien. Il n’y a pas de raison que d’autres se refusent d’en prendre exemple. Cet incident du drapeau devrait être profitable pour toute la nation. La leçon riche en sens à en tirer est la suivante : »Le tunisien n’a pas besoin de se prendre par un étranger par la main pour affirmer son patriotisme et sa capacité de défendre l’honneur de la patrie ». Tel il a été mentionné au début de l’article, il y a des acteurs ayant assez d’expérience politique, pour encadrer et guider les plus jeunes, afin de leur permettre de se forger les compétences nécessaires à l’exercice du pouvoir. Ces acteurs ne sont guidés que par la volonté de servir la nation, pour aboutir à une société plus égalitaire, en dehors de toute recherche de gloire personnelle, ou de renforcement d’alliances étrangères.Si nous sommes condamnés depuis l’indépendance à subir le post colonialisme, c’est notamment en raison de la colonisation des esprits. Quelque soit le colonisateur de l’esprit, le processus reste identique :
• recherche de la personne vulnérable en quête d’accès au pouvoir dans l’espoir de changer la situation du pays.
• Profiter de la vulnérabilité pour l’installer dans une relation infantilisante.
• Pousser l’infantilisation jusqu’à l’extrême pour assurer la soumission psychologique parfaite.
• Initier la domination mentale pour placer la cible dans une relation aliénante, qu’il accepte volontiers, pourvu qu’il arrive au pouvoir tant convoité.
• Enfin, formater l’esprit pour être sûr de le téléguider au gré des intérêts.
Ainsi le colonisateur de l’esprit aura la certitude que la personne à appuyer pour occuper le pouvoir, obéira à la lettre aux instructions dont l’exécution lui sera profitable. Mais il aura également garanti que le nouveau pion agira en dictateur en ne donnant jamais l’oreille aux attentes du peuple, dont il ne sera qu’un dirigeant fictif.Essebsi a démontré par les faits, qu’il s’inscrit bien dans ce schéma. En disséquant le paysage des partis politiques dans leur course au pouvoir, j’ai constaté que Essebsi n’était malheureusement pas le seul à avoir l’esprit prisonnier d’un maître étranger. Dans mon article rédigé en septembre, « Un homme d’État, ça ne s’improvise, ça ne pousse pas par génération spontané » (11), j’expliquais les raisons pour lesquelles la Tunisie est en mal de leadership.Tout en considérant que son contenu est toujours d’actualité, il peut être complété par le propos suivant. L’élite qui s’active actuellement que ce soit pour s’organiser en forces d’opposition politique ou en société civile, continue à être loin du peuple dont elle se déclare pourtant vouloir être le représentant. Guidée davantage par la logique d’espérance mathématique de gain, que par l’analyse objective et rationnelle de la déconfiture dans laquelle sombre la société à tout point de vue, l’élite risquerait d’échouer l’alternative, qu’elle se dit présenter à la nation en ces moments difficiles. Face aux dérives flagrantes des dirigeants actuels qui cherchent entre autres à nous entraîner dans les attaques qui se préparent contre la Syrie, tout en se disant prêts à accueil Bachar en Tunisie, je m’interrogeais, « Où sont les médecins tunisiens ? Où sont ses psychiatres ? Pourquoi leur silence face aux contradictions criantes du président et du gouvernement ? Face aux divergences flagrantes entre les déclarations de nos dirigeants, il devient plus que légitime de s’interroger sur leur bonne santé mentale.
Le jour de la visite du président turc en Tunisie, d’une part, le président Marzouki déclarait dans un discours prononcé en présence de ce président, l’appui de la Tunisie à une action en Syrie pour écarter son président Bachar El Assad du pouvoir, en raison de sa supposée répression du peuple. D’autre part, le même jour au matin, Canal plus annonçait que la Tunisie serait prête à accueillir Bachar. Si les dirigeants sont si convaincus de la culpabilité de Bachar dans ce qui se passe en Syrie, au point de proposer un appui à qui se prépare d’attaquer la Syrie, serait-il logique que ces mêmes dirigeants proposent l’accueil de Bachar en Tunisie ? Cette contradiction comme tant d’autres auraient du dicter aux spécialistes en santé mentale, le constat criant qui s’impose à tout spécialiste digne de porter ce titre. L’oscillation du président entre deux discours totalement divergents n’a rien à envier à l’attitude de l’ivrogne traînant dans les ténèbres des nuits, sans trop savoir son chemin de retour au foyer. Tout médecin psychiatre digne de porter ce titre, tout tunisien dans le métier digne de porter sa nationalité tunisienne, ne devrait s’abstenir de pointer les dérives et les contradictions flagrantes, qui deviennent de plus en plus évidentes aux yeux du commun des tunisiens, qui commence à en redouter sérieusement les conséquences.Au vu de la persistance de l’inertie alors que l’action immédiate s’impose ; Au vu du naturel complexe de supériorité parmi l’élite ; Au vu du schéma de domestication des dirigeants décrite ci-dessus ; A supposer que le ras le bol poussera le peuple à s’aligner derrière l’élite qui est en train de s’organiser pour se présenter comme alternative, cette élite risquerait de reproduire un comportement identique à celui de ses prédécesseurs. Pour se conforter au pouvoir, elle puisera dans ses alliances extérieures, en vu de se garantir le minimum de confiance nécessaires à l’exercice de la fonction politique.
Maintenant des distances culturelles et intellectuelles avec le peuple, même si elle le souhaite, l’élite éprouvera la crainte évidente de ne pas trouver parmi le peuple, les acteurs qui lui procureraient l’assurance, en raison de l’absence dès le départ de proximité qui est en politique, le pilier du contrat moral implicite entre le dirigeant et le citoyen. Donc, à défaut de rectifier son tir, l’élite en quête de pouvoir, risquerait de reproduire un scénario identique à celui que nous traversons, et l’on dira « atterikhou you3idou nafsah » ou encore « l’histoire n’est qu’un éternel recommencement ». Donc, pour faire mieux que ses prédécesseurs, tout acteur cherchant à se positionner dans le nouveau paysage politique en cours de reconstruction en Tunisie, devrait songer avant tout à réussir la proximité avec le peuple. Celui-ci le lui rendra bien, en restant proche de son élu pour le protéger au besoin et protéger la nation de toute tentation d’ingérence extérieure.
Toute personne se présentant aujourd’hui comme alternative, mais s’estimant dans l’impossibilité de nouer sa proximité avec le peuple, devrait par respect à la patrie, s’engager dans la voie de son indépendance par rapport à l’extérieur en empruntant le chemin d’une solide initiation aux techniques de leadership, de communication et de commandement démocratique. A défaut, mieux vaudrait qu’elle s’abstienne de se présenter comme alternative.Le défit est de taille, il ne suffit pas de mettre à l’écart un régime qui a trahit la nation de tout point vu, le pays a surtout besoin de femmes et d’hommes capables d’assumer la succession pour pallier aux dégâts et répondre aux attentes du peuples, sans jamais succomber au processus de domestication qui risquerait de la placer sous tutelle étrangère. Ce n’est qu’à ce titre que nous pourrons escompter l’atteinte des objectifs, tout en honorant la promesse faite aux martyres.
Avec de la détermination, les patriotes peuvent la main dans la main, se forger la capacité de s’assumer en dehors de toute ingérence étrangère, pour chasser les tyrans du pouvoir (12),en vu d’épargner le peuple de la régression sociale, (13) tout en garantissant aux victimes d’obtenir justice quelque soit leur appartenance, et ceci en contrant la volonté de Ennahdha d’accorder à ZABA l’impunité, en contre partie de juteuses concessions. La volonté de Jbéli de trahir via une complicité saoudienne, le peuple et la nation, a fait l’objet de l’article : « La trahison parfaite : Sous auspices d’El Saouds, Jbéli concocte un accord pour acquitter les Ben Ali/Trabelsi ». (14)Vu que la garantie de la souveraineté présuppose la capacité de l’analyse systèmeLa souveraineté ne pouvant être garantie en dehors d’une lecture juste de la géopolitique en mouvement, l’approche système devrait être le préalable à toute stratégie durable de lutte contre l’extrémisme. Cette question a été développée dans l’article, « Pas de souveraineté sans approche système », (15),via lequel sont exposées les interdépendances entre ce qui se déroule en Tunisie et d’autres évènements dans le monde. Dan un autre article « Halte à l’extrémisme et au terrorisme. La dictature ne passera pas » (16), j’ai décortiqué les dessous de l’invasion islamiste dans les pays arabes post révolutionnaires. J’appelle les compatriotes à bien en comprendre la portée non seulement arrêter cette dictature déguisée sous visage de l’Islam, mais aussi pour empêcher d’autres de se présenter au peuple désemparé…