Jadis, la gauche tunisienne a contribué énormément à la mouvance politique, syndicale et culturelle du pays. Toutefois, des erreurs commises l’ont pulvérisé en groupuscules.L’infantilisme politique, en rapport avec le degré de maturité et l’expérience des militants, caractérisait la période des années 60-70-80 surtout dans le milieu estudiantin.Parfois, il suffit d’un désaccord sur la définition d’un concept, d’une lecture différente du mode de production, de la nature de la crise mondiale, de la manière d’agir pour dénoncer une agression américaine dans un tel ou tel pays ou d’un simple malentendu d’ordre syndical pour qu’une ruée ait lieu vers des références « sacrées » d’ordre idéologique.La méconnaissance de la réalité du pays(manque d’infos, statistiques erronées, absence d’action de proximité),les mesures oppressives et le grippage idéologique n’ont pas aidé la gauche à identifier la spécificité du pays d’une part, et à développer les moyens nécessaires pour imposer le mode de production assigné(par réformes successives ou par renversement du régime politique)d’autre part. Au fur et mesure que la faculté se dégarnit de ses ex-militants, que la désagrégation de la gauche s’est intensifiée aussi bien à la fac qu’ailleurs, au point qu’elle est devenue plurielle politiquement et idéologiquement(deS marxistes-léninisteS, deS nationalisteS, des intégristeS). C’est à travers ces fissures que la droite s’est infiltrée pour devenir une force opposée imposante.Ce couple de force continuait à adopter la même démarche qui consistait à pousser la confrontation idéologique en vue de gagner quelques aires syndicales et politiques.Cet infantilisme politique est devenu chronique au point de constituer le goulot d’étranglement de l’expansion spatiotemporel de la gauche, l’empêchant d’élaborer un programme alternatif cohérent et réaliste.La sclérose idéo-politique a été mis à nue durant les derniers événements sociaux (de 2008 à 2011).On évoque souvent le prétexte de l’oppression comme étant à l’origine de se retard de la gauche par rapport à la cadence du mouvement social.Un prétexte à prendre en considération dans sa juste limite, car ceux-là mêmes se vantent de la grandeur qualitative et quantitative de leurs adhérant ! et de la justesse de leur analyse et de la pertinence des alternatives respectives ! S’il y a une analyse adéquate, on aurait du prévoir le processus révolutionnaire !S’il y a des alternatives prêtes, chacun des partis a l’opportunité de présenter la sienne!S’il y avait une large base d’adhérents, pourquoi cette crainte d’un succès éventuel de la droite ? S’il y a des défaillances, pourquoi ne pas oeuvrer vers l’élaboration d’une plate-forme unificatrice des diverses forces de la gauche ? Le processus révolutionnaire en Tunisie et ailleurs n’est que le résultat indirect de la globalisation.Une globalisation caractérisée par un système de gestion d’une nature « toile d’araignée »:compliquée mais fragile. Le système de gestion des capitaux matériels et immatériels(humain, naturel, financier) est géré par un réseau institutionnel planétaire sous la houlette des instances financières.La globalisation tend à monnayer tout type de capital en usant des apports juridiques, politiques et médiatiques afin de passer le message que tout capital est sujet d’investissement et par conséquent « une poule pondeuse de plus-value ». Ce système, malgré tout l’arsenal institutionnel et scientifique, est très fragile et chaotique.Maintes crises financières(sectaire, locale ou régionale) et des pléiades de mesures palliatives ont montré les faiblesses du système et exige de la gauche tunisienne à « changer le fusil d’épaule » en vue de participer à son démantèlement.Un atout est à l’avantage des forces progressistes pour parfaire cette action:la mondialisation.En fait, la mondialisation n’est qu’un environnement ouvert Il est ouvert dans le sens de la libre circulation des individus, des marchandises et du capital.Il est aussi ouvert sous l’angle d’un partage des responsabilités envers les ressources(humaines, naturelles, monétaires) et un partage équitable des fruits de la mondialisation.L’action citoyenne est ainsi une obligation de partage et de participation avant d’être une question de droits fondamentaux.Ce devoir de participation et de partage sont les piliers de la liberté et de la dignité. Vue depuis les angles sus-cités, la mondialisation est un préalable qui devrait être irréversible.Les conditions objectives de la réalisation de cette mondialisation sont idéales:la globalisation n’est plus en mesure d’apporter des solutions à un système en crise, les effets et impacts négatifs sont nombreux et généralisés, les peuples sont bien éduqués et informés en vue de prendre en charge leur destin…etc.Quant aux conditions subjectives, au sens politiques du terme, c’est là où le bas blesse.Les politiciens n’ont pas osé dénicher d’autres pistes que celles connues depuis la première révolution industrielle basées sur la dualité entre Capital-forces de travail(socialement) et pouvoir-contre pouvoir(politiquement et philosophiquement).Tout compte fait, il s’agit d’un référentiel idéologique et historique.Or, le contexte n’est plus le même au début de ce XXI siècle !Comme la 1ére révolution industrielle a donné naissance à un grand flux de réflexions philosophiques et idéologiques ayant engendré des instances de gestion des contradictions, le XXI siècle devrait apporter ses propres réflexions.Étant donné que les effets et impacts de la globalisation sont divers et différenciés d’un pays à un autre, d’une région à une autre, d’un territoire à un autre; il évident que l’approche systémique est de mise laquelle exige une forte participation citoyenne, dont la liberté est un préalable incontournable, laquelle(participation élargie) exige de nouvelles structures de planification, de délibération, de financement, d’exécution et de contrôle.Pour étoffer le processus révolutionnaire engagé en Tunisie(qu’on est entrain d’étouffer),pour accroitre les caractéristiques spécifiques de ce processus(les germes sont ces comités instantanés qui ont pilulé partout),pour nager au sens du courant de l’histoire(approfondir théoriquement, agir politiquement),les forces progressistes sont devant une opportunité de devoir ne pas décevoir ! Un projet méga…sinon bonjour les dégâts !
Ben Gayess Abdelmajid