Zaba: Discours du 07 novembre 2011

Au nom de Dieu et de ses représentants de commerce sur terre, mes cons-citoyens, mes chères connes-citoyennes. Dans le manque de fierté et d’allégresse, notre peuple commémore aujourd’hui le premier 7 novembre sans moi.Non, cette année vous ne me verrez pas pendant une plombe à la télé nazionale, tiré à 4 épingles, le cheveux soyeux grâce à Schwarskov Black Corbeau, vous racontant comment les réformes ininterrompues depuis 23 ans entreprises grâce au dévouement de tout un peuple et à son adhésion à mes choix, conduisent la Tunisie sur les voies du progrès et de la prospérité.

Non, vous ne lirez pas demain dans le journal libre et indépendant  » La Presse « , cet édito critique relatant comment le discours du président Ben Ali a replacé la Tunisie sur les voies du progrès et de la prospérité grâce au dévouement de tout un peuple.

Non, vous n’entendrez pas mes opposants politiques raconter comment malgré tout, l’idée que la Tunisie était sur la voie du progrès est une réalité à mettre au crédit du président Ben Ali. (crédit à prendre au sens propre – c’était ça l’opposition)

Non, vous n’aurez rien de tout cela.

Vous n’aurez demain que le lancinant tintamarre des cloches de la liberté. Celles qui vous ont fait préférer le carcan du spirituel à la dictature du politique.

Ah ! Peuple orphelin.

Peuple orphelin qui s’accroche à la première figure paternelle qu’il aperçoit.

Peuple orphelin, peuple abandonné qui s’épuise à chercher dans un livre la miséricorde d’un Père invisible.

Peuple orphelin, peuple abandonné, peuple floué qui par défaut s’est rabattu sur un grand-père messager de Dieu.

Fallait-il que le Tunisien soit né pour souffrir ?

Dois-je lui infliger une souffrance supplémentaire en le privant de discours du 7 novembre ? Je n’en ai pas le droit, je n’en ai pas le courage.

Aussi, citoyennes, citoyens, ce discours du 7 novembre 2011 est pour vous.

Je ne vais pas vous resservir les attributs de notre identité nationale, ni nos spécificités civilisationnelles, encore que là, il y aurait beaucoup à dire. Les psychiatres vont se régaler en étudiant ce peuple qui fait sa révolution, chasse son dictateur et se retrouvent avec la bande à Ghannouchi.

Je n’évoquerais pas non plus mon assiduité politique constamment orientée vers le développement, la démocratie et les droits de l’homme, d’autant qu’aujourd’hui, le développement de la démocratie nous conduisent à nous inquiéter pour les droits de la femme.

Je n’aborderais pas non plus toutes les activités sectorielles à destination de la jeunesse. Jeunesse qui désormais s’orientera plutôt vers des activités sectaires.

Je n’en dirai pas plus du social et des efforts pour dynamiser la solidarité, à l’heure où la solidarité bat son plein et où les liens avec le Qatar semble plus serrés que des mains de flics autour du cou d’un manifestant.

Enfin, je resterai muet sur les relations internationales pour ne pas envenimer les relations tuniso-saoudienne.

Non, je ne rentrerai pas dans un discours politique.

Comme vous le savez, j’ai toujours eu pour référence les principes et l’esprit impérissable du Changement, mais là ça dépasse mon esprit et mes principes et je n’aurais qu’un mot, citoyennes, citoyens:

putain ! « 

Zaba.

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