Désormais la Tunisie sera dotée d’un Super Ministère aux Affaires du Sacré…Les apprentis-sorciers de l’A.N.C. plus soucieux de la préservation du sacré en Tunisie à cause des menaces qui se profilent dans son horizon à cause des aspirations de la société civile aux droits fondamentaux, à la laïcité et aux libertés publiques ont introduit la notion du sacré afin de verrouiller constitutionnellement et de manière pernicieuse le champ des libertés en investissant l’Etat d’un pouvoir protecteur du sacré sans pour autant définir expressément la nature du sacré qui ne peut être que spécifiquement musulman rendant ainsi intouchable les éléments intrinsèques de la religion musulmane. Tout ce qui est de nature à définir le statut même du musulman et les interdits y afférents.
Tout en laissant croire que le spectre de la charia est définitivement éloigné, ces apprentis-sorciers adeptes du Vaudou affublé du masque de la piété islamique lui ont substitué habilement subrepticement la notion vague, floue et ambiguë du sacré qui dans le contexte tunisien est forcément d’essence religieuse et par conséquent régie et gouvernées par les lois de l’islam et donc de la charia. On le fait sortir par la porte et on la fait rentrer par la fenêtre du sacré.
Sans que personne ne la voie revenir, la charia reprend pied dans le nouveau paysage constitutionnel tunisien sous couvert du sacré. Non contents de redonner ses lettres de noblesse à la charia, les agents du macoutisme islamique lèvent le voile sur la nature ouvertement théocratique du régime politique de l’Etat tunisien. En effet, en le déclarant protecteur du sacré, ils lui attribuent les prérogatives d’un’Etat théocratique de type iranien gouvernant au nom de dieu exerçant son pouvoir aussi bien dans le domaine religieux que dans le domaine matériel qui doit être lui-même en adéquation avec les exigences des lois que l’Etat lui-même lui fixent en sa qualité de dépositaire de la volonté divine.
Ainsi, par l’adoptionde l’article 6, les apprentis-sorciers macoutes marquent insidieusement l’amorce de la mise à mort progressive et inexorables des lois républicaines incompatibles avec les lois essentialistes d’une société musulmane d’une part et d’autre part la mise en oeuvre du processus d’intégration de la Tunisie dans un nouvel espace politique fédéral de type Califat.
Par le biais du sacré en tant que loi fondamentale, on préfigurent l’orientation idéologique et politique du futur Etat tunisien dont la mission première est de favoriser la construction de cet Etat fédéral islamique supranational.
Un Etat moderne et démocratique n’a pas à veiller à la protection du sacré, sa mission première est de garantir les les libertés dans un esprit d’équité et de justice, de préserver le juste équilibre entre les pouvoirs et leur indépendance et en aucun cas d’intervenir dans le champ du spirituel qui est du ressort du clergé. Un cléricalisme d’Etat que ne saurait renié le Vatican lui-même qui est l’archétype de l’Etat hiérocratique.
Est-ce que les tunisiens morts et blessés de la révolution s’étaient battus pour les valeurs du sacré ou pour les droits fondamentaux que seule une république démocratique peut leur garantir ? Est-ce que le retour aux valeurs de la religion musulmane est la condition sine qua non pour la réalisation de la matérialisation de leurs revendications et donner du sens au combat qui était le leur ? Un sacré qui augure un avenir sombre et ténébreux pour la Tunisie où l’archaïsme et la résurgence du passé arabo-musulman symbole de régression sociale, de dépravation morale, de mort des libertés publiques et du droit de grève, de sous-développement économique, d’antisyndicalisme, de la fin du tissu associatif; d’inégalités sociales et de chance, de mortalité infantile, de repli identitaire, d’ultra conservatisme, de la fin de l’I.V.G, d’absence de protection des droits de la petite enfance, d’abus de privilèges, de racisme, d’antisémitisme, de discrimination sexuelle et religieuse, de statut de dhimmis, d’homophobie, de pédophilie…Le sacré en question est celui qui rend intouchable des actes humiliants et attentatoires à la dignité humaine fondé sur les interdits et la censure. qui lui feront office d’armure que l’Etat lui confectionnera pour le mettre hors de portée des vraies valeurs des libertés et du droit positif. Au nom du sacré, on enterrera les droits humains les plus élémentaires pour défaut de religiosité. Et comme le souligne à juste titre Emile Durkheim « Les choses sacrées sont celles que les interdits protègent et isolent, et les choses profanes étant celles auxquelles ces interdits s’appliquent et qui doivent rester à l’écart des premières. La relation (ou l’opposition, l’ambivalence) entre Sacré et Profane est l’essence du fait religieux. »
Contrairement à ce que cet article 6 laisse croire en terme de liberté de conscience, il ne leur ouvre pas la porte il le referme tout simplement en les accouplant au sacré. Or, avec un Etat d’essence musulmane, en cas d’arbitrage entre les intérêts du sacré et les besoins du profane, il tranchera immanquablement en faveur du sacré pour ne pas se trouver lui-même à commettre un sacrilège. Dans une affaire d’apostasie, il se fera fort de suivre les prescrits de l’islam pour ne pas être accusé lui-même d’apostasie.
Tout indique qu’avec cet article le modèle de société qui se dessine pour les tunisiens est celui d’une société obscurantiste, primitive, totalitaire, liberticide et carrément en rupture avec la modernité.
On ne fait pas cohabiter le faucon du droit naturel et la colombe des libertés dans la même cage sans intention malveillante et criminelle.