Plaidoyer contre les ennemis de la révolution Tunisienne dont les anciens affidés de Ben AliSelon les nostalgiques de Ben Ali et négationnistes dogmatiques de la révolution tunisienne: les tunisiens n’ont jamais été les artisans de leur révolution du 14 janvier 2011. Dénigrant avec morgue et mépris ainsi les capacités de ce peuple à rompre les chaînes du despotisme de l’ancien régime et reprendre en main dans la dignité son destin politique.
Aveuglés par leur antipatriotisme et leur haine de la Tunisie, ils allèguent sans apporter la preuve matérielle et irréfutable quant au bien fondé de leurs assertions que les tunisiens meurtris et blessés pourtant dans leur chair et leur âme furent des simples spectateurs d’un jeu de cirque romain où quelques spectateurs ont été envoyés dans la fosse aux lions pour agrémenter le spectacle, ayant fini déchiquetés et blessés.
Comme si tous ces morts et ces blessés n’étaient en fin de compte qu’une péripétie, un détail dérisoire, faisant partie du spectacle que des metteurs en scène et des scénaristes non-identifiés avaient réalisé pour égayer et distraire le bon peuple tunisien. « Un conte de fées pour adolescents » comme le disait quelqu’un, comme s’il pouvait exister un conte de fées pour adolescents ! Emporté par son élan négationniste, il oublie que ce conte de fées est qui est l’un des plus morbides de l’histoire de la Tunisie et la résultante de l’état enfiévré intolérable et récurrent du pays depuis 1978, qui s’est aggravé au cours de ces dernières années.
Comme si les conditions n’étaient pas réunies pour porter le coup de grâce à un des pires régimes liberticides au monde.
Comme s’il n’y avait pas assez de plaies pour le gangrener et l’achever.
En nier l’existence et les occulter, ce n’est pas faire preuve de mauvaise foi évidente, mais se rendre tout simplement complice de crimes politiques et économiques contre le peuple tunisien. Tous les maux dont ce peuple a souffert ont été les vrais facteurs déclencheurs de sa révolution. Ce qui a causé la chute de Ben Ali, a servi de catalyseur à la révolution tunisienne.
Affirmer que la révolution tunisienne est manipulée de l’étranger c’est insulter l’histoire des révolutions, qui sont nées des luttes sociales et politiques. Il y avait suffisamment d’ingrédients pour une explosion sociale et politique, pour sonner le glas du régime de Ben Ali. On peut tordre le cou aux idées mais très difficilement aux faits étalés au grand jour.
Qui peut prétendre encore que l’étincelle de Bouazizi n’était pas suffisante pour allumer le brasier tunisien et douter de l’existence des plaies ci-après ? Chômage massif et chronique, cités urbaines pestiférées, inégalités sociales criardes, corruption, censure, absence de liberté de la presse et d’expression, privilèges exorbitants, rente de situation à la famille Ben Ali et ses alliés les Trabelsi, expropriation inique, développement régional inégal, paupérisation rampante des classes moyennes, misère, népotisme, favoritisme, clientélisme, absence de politique d’insertion professionnelle des jeunes diplômés, culte de personnalité, police politique, milice privée, Etat-policier avec un rapport de moins d’un policier pour 100 habitants, parti Etat, viabilisation illégale des sites protégés et leur attribution gratuite au profit des caciques du régime, racket institutionnalisé avec le 26-26, répression sévère des opposants, emprisonnements arbitraires, disparitions inexpliquées, torture, injustice, abus de pouvoirs, détournements des biens sociaux, mise en faillite des banques publiques et des entreprises nationales, prêts bancaires non remboursés, appels d’offres truqués, biens mal acquis, évasion des capitaux, privatisation galopante de la Tunisie au profit de la mafia Ben Ali-Trabelsi. Bref un pays entier spolié et mis sous coupe réglée d’une organisation mafieuse de type Camora napolitaine.
Mais les nervis de l’ancien régime n’en ont pas cure de tout cela, seule leur contrevérité doit primer sur les évidences. Pour eux Ben Ali est blanc comme neige, il est victime d’un coup d’Etat et les tunisiens qui n’avaient aucune raison de le dégager sont les dindons de la farce, dupés, trompés, dolés, victimes d’une supercherie politique orchestrée par les ennemis de l’ombre.
Toujours la sempiternelle rengaine de la théorie du complot.
On leur a juste fait croire qu’ils ont été acteurs alors qu’ils ne sont que de simples spectateurs d’un jeu de cirque imaginé, initié et orchestré par les Yankees et leurs régisseurs locaux les « cyber collabos ».
Qui va souscrire en toute naïveté à une thèse aussi nauséabonde et obséquieuse ?
La couleuvre est trop grosse pour être avalée. Elle est trop indigeste pour être digérée sans rejet.
Personnellement, je croyais que mes deux neveux sont des blessés de la révolution, il va falloir que Ben Ali nous explique, lui qui a fait de la sécurité son dogme religieux, pourquoi a-t-il laissé des snipers, des tireurs isolés, venus soi-disant de l’étranger tirer impunément sur nos compatriotes ?
Qu’ont fait sa police et sa milice pour défendre les citoyens ?
Pourtant des témoignages dignes de foi et de source fiable, m’ont rapporté que la veille de la chute du despote, l’hôpital de Ben Arous ressemblait à un hôpital de campagne.
Un proche parent, officié dans la Garde Républicaine, m’a rapporté qu’il avait ressenti dans cet hôpital la même atmosphère qu’à Sabra et Chatila où il y était en tant qu’observateur des Nations Unies.
Toutes ces plaies symptomatiques de l’état avancé de la décomposition du pays depuis 1978 ne sont donc qu’un tissu de mensonges, une vue de l’esprit, hallucinées, imaginaires, « un conte de fée pour adolescents », une calomnie éhontée dont serait victime le despote déchu.
Occulter le fait révolutionnaire, pour mieux discréditer le peuple tunisien, tel est le but inavoué.
Si la Tunisie était livrée aux chasseurs pendant un mois, est-ce la faute au peuple ?
Ou à la faillite sécuritaire du régime ?
Ou tout simplement à la complicité bienveillante et active de Ben Ali ?
Ou tout simplement parce qu’il en était le commanditaire intéressé ?
Quel crédit peut-on donner à un homme qui a pillé le pays et affamé son peuple ?
Les tunisiens avaient mille et une raisons de se soulever contre le Néron de Carthage. Même si le prix à payer est très amer. Ils n’ont pas à rougir de honte et avoir des remords de l’avoir faite. Ce qui se passe aujourd’hui est le contrecoup obligé, les lendemains qui déchantent qu’ont connues toutes les grandes révolutions, à l’image de la France de 1789 qui a connu elle aussi sa période de Terreur avant de se remettre en ordre de marche.
Rien ne doit résister à l’examen de la réalité des faits quand on a été soi-même témoin de cette belle page de la Tunisie où mon propre neveu, blessé de cette révolution, a vécu pendant deux semaines avec une balle de gros calibre 9 mm logée dans sa poitrine.
A moins que cela ne soit une fabulation de ma part. C’est peine perdue, ce qui ne fait pas de doute, mon neveu portera à tout jamais les séquelles de cette balle symbole de son implication directe dans cette révolution. De même qu’il sait que le tireur qui a failli le tuer un jour du 12 janvier vers 18 h à Hammam Lif est un ressortissant tunisien, fonctionnaire de police de son état et ancien chef du bureau de poste de police de la localité du même nom.
Ben Ali, l’homme par qui tous les malheurs tunisiens sont arrivés, n’est-il pas responsable de la sécurité de son peuple ?
Sauf qu’il avait déjà soldé la Tunisie au profit des mentors de la nouvelle mafia qui sont comme par hasard ses hôtes bienveillants.
Adhérer à une thèse aussi grotesque, révisionniste et négatrice de la révolution tunisienne, c’est innocenter Ben Ali de tous ses crimes et méfaits et mettre une chape de plomb sur les le cancer à l’état de métastase de la Tunisie.
Faire de Ben Ali une victime, c’est d’une part légitimer la secte d’Ennahdha et d’autre part délégitimer le peuple tunisien.
Qu’il n’en déplaise aux Cassandre et rabat-joies, les tunisiens ont bien fait leur révolution, mais comme les iraniens autrefois, ils ont été dépouillés de la leur contre leur plein gré. Leur contester la paternité de leur révolution, c’est le pire affront qu’on leur inflige et revient à leur dénier le droit à la dignité, à la justice, à la liberté, à leurs idéaux révolutionnaires affichés pendant cette révolution.
Un peuple sans idéal est un peuple sans âme.