Toute comparaison entre les électeurs du Front National et d’Ennahdha est une injure à la démocratie électorale

Qu’est ce qu’il ne faut pas faire pour pêcher les voix dans les eaux troubles et sulfureuses des marécages extrémistes ?Ainsi Sarkozy en mauvaise posture et en quête d’une nouvelle impunité quinquennale prétend que le F.N. est compatible avec la République L’idéologie frontiste est fondamentalement maurassienne, anti-républicaine, anti-démocratique aux forts relents fascistes mussoliniens et ouvertement raciste fondée sur la préférence nationale, inégalitariste et la haine de l’autre. Nul ne saurait prétendre que les nationalistes intégraux furent un modèle de résistance au nazisme. Bien au contraire à l’image du collaborateur Brasillach que J.M. s’est plu à citer avec une espèce de ferveur religieuse lors de la Convention présidentielle du F.N. à Lille le 18 février 2012. Cependant à la différence des militants frontistes, les électeurs qui ont fait le choix de Le Pen fille au premier tour du scrutin présidentiel, ne sont pas tous mus par un quelconque réflexe raciste et cherchant ainsi à témoigner de leur adhésion inconditionnelle aux thèses réactionnaires et sociobiologistes caractérisant la sémantique frontiste. En effet, un bon nombre de ces électeurs votait traditionnellement à gauche comme vient de le rappeler à juste titre F.Hollande.

Quelle que soit la nature de ce vote, il serait hasardeux d’y voir un vote carrément idéologique et favorable à la vision politique du mouvement lepéniste. Qu’il exprime des frilosités, des peurs, des phobies, des cris de colère, des angoisses, de rejet du système bipolaire en cours sous la Vème République, de protestation, de défiance, il n’y a pas de doute là-dessus. Ces électeurs ne sont en aucun acquis la propriété du F.N. et définitivement acquis à sa cause. Ils ne sont pas non plus des nostalgiques de l’Action française à l’époque du Front Populaire. Que certains d’entre eux fassent de leurs bulletins de vote un usage souverain à caractère nationaliste témoignant ainsi leurs attachements indéfectibles à la France du terroir, il ne s’agit en aucun d’un vote contre les étrangers.

Globalement, ces électeurs en votant pour le F.N ne sont pas forcément estampillés frontistes. Quand bien même le F.N. semble s’installer durablement dans le paysage politique français depuis le 21 avril 2002, il n’en reste pas moins que ce vote porte en lui les ferments souverainistes, ainsi qu’un vote anti-establishement et un vote anti-mondialisation. De même qu’on ne saurait diaboliser ceux qui ont fait de leurs bulletins de vote un symbole de leurs attachements à l’identité tricolore incarnée par l’exploitation mémorielle éhontée du F.N. de Jeanne d’Arc la Pucelle de Rouen. Figure de la résistance contre l’invasion anglaise. Toutefois, quand certains pays musulmans refusent l’accès de leurs nationalités aux non-musulmans voire à leurs propres coreligionnaires porteurs d’une nationalité autre que la leur, au nom de leur spécificité religieuse cela ne semble ni susciter un tollé général ni émouvoir les politiquement corrects et les droits-de-l’hommisme qui prospèrent dans l’Hexagone, mais quand des électeurs français veulent marquer leur spécificité nationale, on les cloue un pilori. Il n’y a rien d’infamant à ce que leur vote soit un vote de résistance face à ce qu’ils considèrent à tort ou à raison comme une invasion étrangère. Quand une fraction de ces mêmes étrangers se fait fort de rejeter et piétiner les valeurs de la République, témoignant rarement de leur respect à la laïcité, on se doit de faire preuve de discernement et d’objectivité quant à l’interprétation des motivations du vote des électeurs français en faveur du F.N.

La République en se faisant fort de protéger les populations étrangères sur son territoire, ce qui est de son devoir, elle se doit aussi de combattre tous les courants de pensée idéologiques prévalent dans ses cités et qui sont à l’antipode des lois républicaines. Par conséquent, on se doit d’éviter de faire un procès d’intention à cette fraction de l’électorat national égarée dans la jungle frontiste. Il est de leur droit, en attendant les vraies réponses à leurs nombreuses inquiétudes légitimes et fondées, qu’ils utilisent le F.N. comme un aiguillon, un spectre, pour exprimer leur ras-le-bol contre le laxisme de la République et sa bienveillance coupable à l’égard de la montée du péril islamiste en France qui constitue une réelle menace aux fondements de la République. Que Sarkozy et Hollande cherchent à séduire et récupérer l’électorat de Marine Le Pen cela est dans l’ordre républicain des choses. Mais que Sarkozy drape le F.N. dans les habits républicains, cela relève de la cécité politique. Au vu de sa vision de la société, de son idéologie politique fascisante, de ses thèses anti-républicaines, le F.N. est encore loin d’avoir gagné ses galons républicains

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