« Cinémas d’Afrique » est un cycle de projections-débats qui s’étendra sur toute l’année 2024. Il représente pour nous une réponse à l’invisibilité des films du continent (en particulier ceux réalisés par des cinéastes d’Afrique subsaharienne) sur nos écrans – si l’on excepte les Journées Cinématographiques de Carthage ou quelques initiatives sporadiques. Notre programmation répond aussi à la relégation des réalités des pays d’Afrique dans le champ de l’irreprésentable, en dépit de la circulation des personnes entre les pays et entre le sud et le nord du continent, et ce, malgré les entraves. La crise déclenchée par un discours raciste au plus haut sommet de l’Etat en février 2023, la vague de répression qui s’en est ensuivi, les agressions verbales et physiques commises par des citoyen/ne/s tunisien/ne/s à l’encontre de personnes noires, aussi bien migrantes que tunisiennes, ne sont pas sans lien avec ce déficit de représentation et la déshumanisation qu’elle génère et qui est le propre du racisme. La programmation construit un pont entre la circulation des personnes et celles des images en proposant des films à un public constitué de migrant/e/s et de Tunisien/ne/s. Le choix du quartier de Bhar Lazreg découle de cette volonté de créer un espace de rencontres entre personnes d’origines diverses autour de la représentation cinématographique des réalités du continent. Ce cycle sera dédié essentiellement à des films réalisés par des cinéastes de différents pays africains (du sud et du nord du continent), mais également par des cinéastes étrangers ayant tourné en Afrique et déconstruit, d’une manière ou d’une autre, les stéréotypes de la domination. Il y aura aussi des films d’horizons différents représentant la migration des populations africaines vers le nord de la Méditerranée et questionnant la citoyenneté et l’appartenance.
Pour la deuxième séance de cette programmation, nous avons choisi un moyen métrage, « Le Franc » de Djibril Diop Mambéty.
Djibril Diop Mambéty est né à Dakar en 1945. Après des études de théâtre, il devient comédien au Théâtre National Daniel Sorano et il joue aussi dans quelques films sénégalais et italiens. Il passe à la réalisation sans avoir suivi de formation académique. Après deux premiers films, un court, « Contras’ City » (1969) et un long « Badou boy » (1970), il réalise « Touki Bouki » (1972). Sélectionné à Cannes, dans la section « La Quinzaine des réalisateurs », le film crée un choc esthétique par sa modernité et remporte un succès critique. Pourtant, il a fallu attendre longtemps avant son 3ᵉ long métrage, Hyènes, sorti en 1992. Ce passage à vide est dû aux difficultés de la production et à la déception du réalisateur face à la réalité de la distribution des films en Afrique. Hyènes est adapté de la pièce de théâtre « La Visite de la vieille dame » du dramaturge Friedrich Dürrenmatt. Djibril Diop revient par la suite au court format en concevant le projet d’une trilogique intitulée « Histoires de petites gens » dont il réalise deux volets « Le Franc » en 1994 et « La Petite vendeuse de soleil » sorti en 1999, un an après la mort du réalisateur à l’âge de 57 ans.
Année : 1994
Pays : Sénégal, Suisse, France
Langue : Wolof, version sous-titrée en français
Genre : fiction (comédie)
Durée : 45 min
La projection se fera à partir de la plateforme IFCinéma