Prenez ma vie mais ne prenez pas mon fils

Voilà des jours que je ne viens plus sur facebook, voilà des jours que le sit-in du bardo a pris fin dans les larmes et la violence.Je n’y étais pas d’accord je n’ai rien organisé je n’ai rien fait pour mais soutenir des misérables a toujours été ma priorité…

Voilà des jours que je me rétracte me ramasse me retiens de parler je ne pense plus à rien sauf à me recacher pour mourir

Et pourtant pourtant cela n’empêchera pas les violences hier de venir jusqu’à zakaria la prunelle mes yeux.

Un appel jamais comme les autres: « maman vient, la police encercle l’hôpital Charles Nicolle où je suis caché.Les policiers en noirs veulent me prendre parce que j’ai filmé une vidéo devant l’hôpital d’un jeune homme baignant dans son sang.Il a été tabassé par la police devant le sit-in du bardo il y a peu de temps »

Encore ce satané facebook et ce reportage de la vérité des injustices dont il s’est porté missionnaire depuis que la flamme de la révolution a commencé à embraser le pays ce foutu pays dont nous mourons tous mais dont mon fils vit particulièrement.

Gros tort parce que l’heure n’est plus à la gloire

Gros tort parce que le peuple se conforte de bobards et de mesquines illusions

Gros tort parce que dans le pays de zakaria, le rêve est un mythe une condamnation une profanation

Je bouffe la route, les gens, les feux.J’arrive illico sur Charles Nicolles.

Des hommes en noir barrent la porte de l’hôpital.un d’eux hurle une obscénité un juron et dit je resterai là pour le cueillir jusqu’au matin weld….w léma nchérég ….

Mon cœur n’a plus de rythme je sais qu’ils parlent de zak, je baisse la tête et pénétre l’hôpital un deux barrages de flics je décline mon métier on me laisse entrer

JE m’approche d’un couple je pose la question qu’est ce qui se passe

Le vieux monsieur me répond:il cherche un jeune homme blessé et son ami.je dis où sont-ils ??

Ils me pointent discrètement un des bureaux. Je cogne un frémissement à la porte entre et trouve zak.

Mon dieu ce qu’il est beau dans son visage blêmissant de peur pour ce jeune homme couvert de sang qui tenait la main de zak et disait à l’encontre de l’infirmier je ne me ferai pas examiner si zak n’est pas avec moi.Je ne veux pas qu’il sorte, ils veulent l’arrêter.

Encore un gosse qui me prouve que ma Tunisie va bien qu’elle est solide gaillarde étrangement belle et que je n’ai pas tort de l’aimer et d’encore me coltiner à ces foutus tunisiens que je n’arrête pas de traiter de tous les noms parce qu’ils ont pris le goût du harnais de la sangle et du hochet.

L’infirmier s’échauffe à ma vue violente quelques peu zak veut le faire quitter de force.Il appelle les flics joue à la victime qu’on empêche de faire son noble métier.

Ben ali n’est pas une personne.

Ben ali est une mentalité profondément cultivée ancrée dans nos corps nos personnes de tunisiens nourris pendant des années au lait de la dictature du faux et de l’égocentrisme qui fait que tant qu’on touche pas à notre intérêt notre famille notre maison tant que chez le voisin d’à côté c’est encore labés et qu’il fallait pas s’en mêler.

Une infirmière d’age moyen contre son collègue appelle à la raison à la déontologie ramasse ses collègues et forment un bouclier à zakaria.

Ce qui est fabuleux dans ce peuple si dichotomique qu’il soit si partagé c’est qu’à une minute « x » lorsque l’espoir dépérit la lumière à l’extinction, il se recolmate se resolidarise comme si de rien n’était.je compris alors que j’avais raison d’aimer ce peuple comme je ne l’avais jamais encore aimé.

J’appelle toutes les personnes du monde pour venir m’aider.

J’appelle même des gens de la rue pour lire les numéros car de l’écran de mon téléphone je ne voyais plus rien mon taux de glycémie devait danser au rythme de mes idées.

J’appelle une amie de ma jeunesse une femme de droit madame Saida Akremi avocate de zakaria, elle répond présente oublie son statut de personnalité accourt sans hésiter.

J’appelle les hommes les femmes de droits de l’homme et comme d’habitude Radhia Nasraoui accourt en premier.

Que reproche –t-on si sévèrement à cette femme ?

Qu’elle soit là à chaque fois que cela se gâte à cheval des causes ?

Qu’elle soit toujours et encore là où la police n’aime pas parceque les méthodes sont les mêmes sans la personne de benali mais sous la gouvernance de son fantôme de sa toute puissance de sa mentalité de sa création de ses copier coller de ses clones ?

Des blessés affluent du ministère de droits de l’homme portant des marques plus ou moins légères de violence prétendant selon leurs dires les avoir subies toujours par notre vaillante police.

Des femmes des hommes des jeunes des moins jeunes des femmes de martyrs des mères de martyrs courent de part et d’autres dans cet hôpital se faire soigner.

Madame Yamina zoglami ainsi que deux autres membres de la constituante accourent au secours de leurs blessés et famille de martyrs. Dans ma douleur et ma peur, je ne fais que les saluer. J’oublie de leur annoncer que zakaria est encore un torturé de la révolution que sa vie est entre un fin fil et de sa vie se décidait la mienne.

Elles ne s’attardent pas sur mon cas nous avons à peine l’occasion de nous saluer.

Mon avocate mon amie ma sœur prend mon fils accompagné de mon mari le scotchent entre eux et quittent sans tarder l’hôpital.

Comme par magie dehors plus de flic ni policier juste la routine avec une cohue de policiers en civils.

Surement que j’exagère que je suis dans la paranoïa des policiers que je les vois partout mais allez -vous comprendre pour une fois que ce que je vis depuis novembre 2011 depuis l’arrestation de l’aéroport puis de celle du premier fevrier à la kasba par cette même police diligée pour le même et unique tort d’avoir filmé les policiers en situation d’abus et de répression sous tous ces modes.

Allez vous comprendre que je ne peux lâcher et que je suis une maman qui respire vit de sa maternité

Allez vous comprendre qu’il m’est plus essentiel vital de vous répéter en non stop:

Prenez ma vie mais ne prenez pas mon fils

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