On dit: Mieux vaut prévenir que guérir. Soyons donc pro actifs

Tout en émettant des réserves à l’égard de l’initiative Sebsi que beaucoup considèrent comme seul espoir pour la Tunisie, cette alternative ne pourrait être la solution que sous certaines conditions, qui restent à ce jour insatisfaites.En effet,

– au delà du passé lointain de Sebsi;

– au-delà d’un populisme qu’incarne cette espèce de référence exagérée à Bourguiba dont il fait son fond de commerce en le citant sans cesse comme étant son père spirituel alors qu’il l’avait royalement largué après le coup d’état de ZABA;

– l’excès de laxisme dont Sebsi a toujours fait preuve vis-à-vis de Ghannouchi, et qui était encore plus frappant lors de sa dernière conférence de presse, a de quoi inviter à la prudence et au scepticisme, voire à une certaine crainte pour le devenir de la nation..

Après que Sebsi se soit garanti l’alignement bon gré mal gré des masses, se disant pour l’essentiel n’avoir été motivée de faire abstraction du passé de l’homme que pour la confiance qu’elles lui accordent quant à sa capacité de déloger au plutôt la bande des criminels nahhaouis, voilà que Sebsi parle de Ghannouchi dans des termes d’ouverture, pour ne pas dire d’amitié contrastant avec l’urgence par laquelle ces masses souhaiteraient soulager la NATION d’un danger, dont la gravité est accentuée par chaque jour supplémentaire de pouvoir nahdhaoui. Qu’est ce qui fait que la non synchronisation des intensions de Sebsi avec celles de ses sympathisants est à ce point flagrante que certains de ses propos laissent sous entendre qu’il est davantage proche de Rachèd Ghannouchi que de ses propres sympathisants? Que cache cette complicité apparente entre les deux hommes?

A lier les récents propos de Sebsi tenus lors de sa dernière conférence de presse aux bras dessus bras dessous Jbéli/Sebsi quittant tout sourire l’assemblée constituante le jour où Jbéli avait présenté son équipe gouvernementale, et que Sebsi ait fait la passation sans présenter à la nation un bilan de son gouvernement, plus d’une question s’imposent à l’esprit critique. Que peut bien comprendre la boite noire passée par Sebsi à Jbéli? Quel message les deux hommes voulaient-ils passer? A qui le message était-il destiné? Des réponses fort probables à ces questions, le tunisien peut comprendre si Sebsi roule vraiment pour le bien de la nation, ou s’il a des motivations inavouées derrière l’initiative qu’il présente comme solution à l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays depuis quelques mois.

Si l’homme cherche vraiment à unir les tunisiens dans une logique d’accompagner le pays vers la voie de la démocratie à travers une démarche participative, par laquelle il dit vouloir transmettre à d’autres son expérience, le minimum que l’on puisse attendre de lui dans ce cas, c’est que son discours reflète la volonté des sympathisants à cette démarche et non le contraire. A défaut, nous sommes déjà en droit d’estimer que l’ombre d’une nouvelle dictature commence à se profiler à l’horizon, avec pour fond de commerce bon marché le désarroi du peuple et la référence excessive à un leader dont Sebsi s’était pourtant délaissé aux moments difficiles.

La dissonance manifeste entre le ton de Sebsi et celui des alignés sur son initiative, laisse percevoir les prémisses d’une volonté de l’homme de tracer sa stratégie seul. En effet, son approche semble à premier abord être davantage guidée par le postulat « à prendre ou à laisser » que par une démarche participative. Alors que la plupart de ses adeptes se sentent pressés de voir nahda quitter le pouvoir, à découvrir que Sebsi cherche à tout prix à éviter le choc frontal avec ce parti, l’hypothèse que l’homme cherche pour des raisons liées à son passage par le premier ministère, à ne pas causer de polémique qui pourrait lui être contre productive, semble de plus en plus se confirmer

A voir la différence entre l’approche de l’homme et celle de ses alliés confirmés, selon toute vraisemblance, Sebsi est en train de jeter la balle dans le camp de ses sympathisants pour leur faire faire le sale boulot qu’est celui de dégager nahda, pour sortir ensuite en héros et sévir en maître absolu. L’ironie de l’histoire, c’est que beaucoup de tunisiens ne se rendent toujours pas compte qu’ils sont piégés dans ce qu’on appelle le syndrome de Stokholm. Voyant dans l’homme leur salut, ils risqueraient en effet de se jeter dans ses bras, lui qui avait favorisé à plus d’un titre l’accès de nahda au pouvoir et qui continue encore à lui faire les yeux doux. Au train où avancent les choses, il y a une forte probabilité qu’en fin psychologue, politicien et diplomate, Sebsi ne fairait passer que ses agendas dont les dessous ne doivent être ignorés de certains de ses sympathisants.

La chose est d’autant plus probable, quand on constate que tout en usant de la masse qui se constitue autour de Sebsi, suant dans sa tentation de chasser nahda, Sebsi ne semble guère pressé dans le discours de faire l’effort d’écarter lui-même ce parti, malgré les dégâts que ce dernier a occasionnés au peuple et à la nation. Le peuple devrait s’attendre à ce que dès que la mobilisation portera ses fruits, Sebsi s’imposera comme sauveur de la nation alors qu’il ait été dans le dire et dans le geste le partisan du moindre effort. De la sorte, il deviendra héros sans pour autant se voir préalablement imposer le rôle qu’il se dit vouloir jouer, à savoir la préparation de la Tunisie à initier le modèle PARTICIPATIF. Ceux qui comprennent ce qu’est un modèle participatif, savent que tel modèle ne peut en aucun cas être initié, quand le leader surfe sur une longueur d’onde autre que celle de la base. Or, à ce jour, au regard de la divergence sus-mentionnée, pas besoin d’être un grand observateur ou analyste politique, pour juger que la longueur d’onde de Sebsi est toute autre que celle de la masse de sympathisants voyant en l’alternative Sebsi la seule issue pour le pays.

Si la divergence d’approche entre Sebsi et ses sympathisants se maintient, ce sera fort regrettable pour la Tunisie, d’autant plus que parmi ceux qui ont choisi de s’aligner derrière lui, on compte des membres de l’élite tunisienne et non des moindres. J’ose espérer que cette élite ne se laissera pas réduire tel le fit l’élite du temps de zaba. Si elle veut réellement atteindre les objectifs nobles qu’elle se dit attribuer au patriotisme, elle devra instamment rappeler à Sebsi qu’elle n’a choisi de s’aligner derrière son front que par volonté d’écarter les criminels qui menacent la liberté et la dignité entravant l’accès du tunisien à la démocratie. Là où Sebsi agit à contre courant des souhaits de l’élite et du peuple, là où le discours de Sebsi à l’égard de nahda s’avère en contradiction avec ce que l’élite attend de Sebsi, cette élite devra le lui signifier à temps, pour lui rappeler qu’elle n’a accepté de se rallier à lui que pour contrer nahda et non pour l’observer passivement faire les yeux doux à nahda ou flirter en douce avec les leaders de ce parti.

Moralité : l’élite doit pousser Sebsi à bannir le double jeux en cessant d’être assis entre deux chaises, d’une part l’alliance de coulisse avec nahda qui reste du domaine du secret, et d’autre par la sympathie avec les désespérés de nahda dont il fait le fond de commerce, pour renforcer ses rangs. L’élite a le devoir de faire savoir à Sebsi de n’accepter d’être considérée que moyen, et qu’elle veut affirmer sa pleine citoyenneté responsable. Pour se faire, elle ne doit laisser à Sebsi l’occasion de faire cavalier seul en empruntant UNE VOIE CONTRAIRE à celle souhaitée par le peuple. Ce n’est qu’à ce titre qu’elle pourra prétendre vouloir engager la Tunisie dans la voie de la démocratie. A défaut de signifier à Sebsi qu’elle refuse que ce dernier agisse en maître absolue et à contre courant des aspirations du peuple, l’élite aura manqué son initiation à l’exercice démocratique du pouvoir. Le peuple et la nation auront par voie de conséquence perdu l’espoir d’accès à la démocratie. Plutôt que de contribuer à réaliser l’aspiration à la liberté et à la dignité, l’élite aura peut-être sans l’avoir choisi, contribué à éteindre à jamais cette aspiration.

Pour être encore plus explicites dans mon propos, le tunisien condamne de plus en plus la main mise US sur la Tunisie. Or, la démocratie interne n’est acquise que quand les dirigeants exigent des pays partenaires de les traiter selon les principes de la démocratie et de la réciprocité. A défaut de travailler avec Sebsi au sein des rouages de son initiative selon une telle logique qui sous entend un amorçage du renversement de la vapeur dans les relations internationales, l’élite aura trahi l’aspiration du peuple à soustraire le pays des griffes des ennemis de la liberté et de la dignité, pour lesquelles le peuple s’est soulevé. A défaut que l’élite ayant choisi d’adhérer à l’initiative Sebsi n’exige de PARTICIPER SANS NUL TABOU à tous les aspects de cette initiative, dans laquelle beaucoup placent un grand espoir d’engager le pays dans la voie de la démocratie, l’initiative risque de s’avérer à moyen terme sans issue. On dit « Mieux vaut prévenir que guérir », TUNISIENS SOYONS PRO ACTIFS.

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