Mon père, un admirable conteur. Nul ne brillait comme lui dans El Jazia Lahlallia ou dans Shérazade et les mille et une nuit ou dans le bûcheron et la fille du sultan. Il me faisait rêver…Il avait ce don unique de me hisser vertigineusement là où plus rien ne vous atteint ni bobo ni misère ni chagrin.
Il m’attachait haletante à ses belles histoires tout en me passant sa main bénie dans mes cheveux frisés.
Il s’amusait à chercher des petits poux imaginaires qu’il aimait presser.
J’adorais ce geste et nous rions en les comptant un à un.
Ma mère plus réservée me filait scrupuleusement son drap blanc sur ses genoux et faisait plus durement sa chasse aux poux.
Avec ma mère, c’était toujours sérieux, mon père c’était la pluie et le beau temps.
Il me raconta un jour cette belle histoire dont je n’ai saisi le sens que récemment.
Il était une fois, mesdames et messieurs,
et c’est en rimant qu’il aimait commencer
une femme-reine en accouchant a poussé si fort qu’elle a mis au monde un petit garçon -roi.
Beau et fort comme un soleil qu’il était.
Il rappella son peuple à la raison.
Il instaura la justice et la démocratie
Il fit appel aux urnes et à la diplomatie
Il distribua ration et eau dans l’équité
Il prit dans le contribuable pour investir chez les démunis
Il sollicita l’aide de l’armée
Celle qui se met juste à côté du peuple en allié
Il réunit ses vizirs et ses gouvernés
Il appella à la solidarité et à la paix
Il construisit des ponts et des chaussées
Il édifia des toits pour les sans abris
Il haussa la justice et la liberté
Il se garda de faire des intouchables ou des impunis
Il Il il Il Il…….mais son peuple s’abreuvait à une source qui s’appelait folie
Ils le trouvèrent un tantinet démesuré
C’est que l’homme prend vite goût au harnais
Ils le blâmèrent pour ces acquis
Ils s’insurgèrent et tentèrent de le tuer
In extrémis, il se racheta et but à la source pestiférée
Il devient dés lors furieux et dément
Il ne se rassasia plus de ses convictions
Il convulsa, changea de personne et cultiva sa personnalité
Fou et dément, il pendit les insurgés
Il rendit l’âme à la liberté et plus jamais, personne n’osa lever le petit nez
Nu il courut dans le pays et hurla à bon entendant
Comme il est bon de vivre dans la folie des damnés!
Je me retire discrètement pour faire place à vos commentaires et à la méditation.
zaba n’était pas le bon roi, le peuple non plus!
Il ne s’agit pas de faire notre procès.
Il urge de nous trouver la porte du salut!
De nous rassembler de nous unir et de nous allier sinon nous finirons tous comme dans cette fable dans l’hérésie et la damnation.