D’après les Nations Unies, la culture de paix correspond à un ensemble de valeurs, d’attitudes et de comportement qui refusent la violence et préviennent les conflits en s’attaquant à leurs origines, grâce au dialogue et à la négociation entre individus, groupes et États.
Pour la promouvoir, il est nécessaire d’intervenir dans le domaine de l’éducation, soutenir le développement durable, respecter les droits de l’homme, assurer l’égalité entre les sexes, encourager la participation démocratique, promouvoir la tolérance et la solidarité, faciliter la diffusion des connaissances et œuvrer pour la paix mondiale.
La paix est une condition qui se construit et se maintient, elle n’est pas une donnée stable et peut être remise en question à tout moment. Établir et maintenir une paix durable nécessite plus que le simple dépôt des armes …
À ce propos, la RLF a eu le plaisir de recueillir une interview de haute volée auprès de M Dany Junior Sambo Coordinateur au sein du département des Relations Publiques de l’organisation Heavenly Culture, World Peace, Restoration of Light HWPL, qui a aimablement accepté de nous accorder cette entrevue, nous présenter cette organisation mais aussi d’examiner plus profondément la notion de la paix ,ses multiples aspects et perspectives d’avenir avec beaucoup d’optimisme, en dépit des guerres, des conflits sociaux et des inégalités qui ne cessent de diviser l’humanité.
Entretien
Pourriez-vous présenter l’association HWPL à nos lecteurs ?
HWPL (Heavenly Culture, World Peace, Restoration of Light) est une organisation non gouvernementale mais à but non lucratif, reconnue par le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC). Sa mission principale est de promouvoir la cessation des guerres et l’établissement d’une paix durable à l’échelle mondiale. Fondé en 2013 en Corée du Sud par M. Man Hee Lee, un vétéran de la guerre de Corée, HWPL développe divers programmes pour le dialogue interconfessionnel, l’éducation, la paix et la coopération internationale.
L’organisation mobilise des acteurs du monde entier – dirigeants politiques, chefs religieux, éducateurs et membres de la société civile – pour promouvoir un cadre juridique pour la paix et encourager des actions concrètes pour vivre ensemble. Le HWPL est notamment à l’origine de la Déclaration pour la paix et la cessation des guerres (DPCW), un texte juridique appelant les États et les institutions internationales à adopter des solutions durables pour prévenir et résoudre les conflits.
L’association travaille également en collaboration avec des groupes de jeunes (International Peace Youth Group – IPYG) et des femmes (International Women’s Peace Group – IWPG), ainsi qu’avec de nombreux États et partenaires civils, afin de construire un projet mondial pour une paix inclusive et durable.
Conscient du rôle clé de l’éducation dans la transmission des valeurs de tolérance et de respect, HWPL a développé le programme d’éducation à la paix, pour les écoles et les universités, afin de former les générations futures à une culture de paix.
Avec un réseau mondial de bénévoles et de partenaires, HWPL poursuit son engagement par le biais de conférences, de campagnes de sensibilisation et de collaborations internationales, avec un message clair : la paix est possible si nous nous engageons tous à la construire ensemble.
Quelle est votre définition de la paix ?
La paix, telle que conçue par HWPL, n’est pas simplement l’absence de guerre ou de conflit armé. C’est un État dans lequel tous les peuples vivent en harmonie, avec un profond respect mutuel, une justice équitable et la protection des droits fondamentaux. La paix est également un processus actif impliquant le dialogue, l’éducation et la coopération entre les communautés. Il doit être soutenu par des structures et des lois internationales capables de désamorcer les tensions avant qu’elles ne dégénèrent, tout en assurant la sécurité et le développement de tous.
Le point de départ de HWPL a ses racines dans l’expérience personnelle de son fondateur, M. Man Hee Lee, un vétéran de la guerre de Corée. Après avoir été témoin des ravages et des souffrances causés par les conflits armés, il est devenu convaincu que la paix n’est pas un idéal lointain, mais une nécessité urgente et réalisable de son vivant. Profondément engagé dans la cause de la réunification de la Corée, il fait activement campagne pour un dialogue pacifique entre le Nord et le Sud, convaincu que la paix durable nécessite la réconciliation et la coopération. Cependant, son engagement va au-delà des frontières de la péninsule coréenne : il travaille à l’établissement d’une paix durable dans tous les pays du monde, en mobilisant les acteurs internationaux autour d’une vision commune.
Poussé par cette certitude, il s’est entrepris de réunir d’anciens chefs d’État, de chefs religieux, d’avocats et de citoyens du monde entier pour développer des solutions concrètes pour mettre fin aux guerres. C’est dans cet esprit que la Déclaration de paix mondiale a été proclamée en 2013, un appel universel qui marque le début d’un mouvement mondial en faveur d’un monde sans guerre. Cette déclaration a ensuite conduit à la conception de la Déclaration pour la paix et la cessation de la guerre (DPCW) en 2016, un cadre juridique international visant à promouvoir la paix par la coopération entre les nations et les sociétés civiles. La DPCW est basée sur des principes fondamentaux tels que la résolution pacifique des conflits, la liberté religieuse et l’implication des citoyens dans la construction d’un monde sans guerre.
Depuis sa création, HWPL a déployé ses initiatives dans plus de 170 pays par le biais d’actions de sensibilisation, de dialogues interreligieux, de programmes d’éducation à la paix et de plaidoyer pour l’adoption de la DPCW par les organismes internationaux. L’objectif est d’impliquer tous les acteurs de la société – gouvernements, institutions, organisations et citoyens – dans un effort mondial et durable pour construire un avenir pacifique et unifié.
Pourriez-vous nous parler de vos événements clés qui ont marqué les derniers mois ?
Au cours des derniers mois, nous avons eu l’occasion d’organiser plusieurs événements marquants en Afrique du Nord, illustrant notre engagement en faveur de la paix et de la coopération internationale.
L’un de nos principaux événements a été une table ronde en Tunisie, axée sur l’accès à l’éducation pour les enfants étrangers, un sujet crucial pour l’intégration et l’inclusion des jeunes dans le système éducatif. Nous avons également célébré le 10e anniversaire de HWPL avec une rediffusion du Sommet mondial de la paix, un événement qui a réuni des journalistes et des militants de la région pour discuter des défis mondiaux et promouvoir des solutions de paix.
De plus, nous avons signé des lettres de paix avec M. Moez Mrad, président du conseil municipal de Hammamet, symbolisant l’engagement local à bâtir la paix au niveau communautaire. Nous avons également poursuivi notre travail sur le manuel de la DPCW, avec des projets d’étude menés avec les universités de Sfax, Gabès et Kairouan, dans le but d’intégrer les principes de paix dans le programme académique des étudiants.
Dans un autre registre, nous avons organisé des camps d’éducation à la paix, en particulier à l’école L’Étoile Nejma de Tunis et au Collège Horizon, où les jeunes ont pu apprendre à mieux comprendre les principes de la paix et de la réconciliation. Enfin, une réunion importante a eu lieu avec la Ligue tunisienne des droits de l’homme, renforçant nos liens avec les acteurs de la société civile pour promouvoir la paix et les droits de l’homme.
Ces événements démontrent notre engagement continu à sensibiliser, à éduquer et à rassembler les acteurs de la paix à tous les niveaux de la société, de la communauté locale aux institutions internationales.
Qui sont vos partenaires et quels rôles jouent-ils ?
HWPL collabore avec un nombre diversifié d’acteurs, y compris les gouvernements, les organisations de la société civile et les citoyens engagés, parce que nous croyons que la construction d’une paix durable nécessite la participation de tous.
Notre approche est basée sur le travail collaboratif, où nous prenons le temps de comprendre les problèmes locaux afin de co-construire des solutions adaptées avec nos partenaires. Contrairement à une approche imposée, HWPL n’est pas livré avec un programme prêt à l’emploi, mais s’adapte aux réalités et aux besoins spécifiques de chaque pays et communauté.
L’engagement des citoyens est au cœur de notre action. En particulier, nous donnons du pouvoir aux jeunes en leur donnant les moyens de devenir des ambassadeurs pour la paix. De nombreux jeunes s’engagent ainsi dans des projets concrets de sensibilisation, tels que des marches pour la paix, des événements culturels et des initiatives éducatives, contribuant ainsi à développer un mouvement mondial et durable en faveur d’un monde sans guerre.
HWPL agit comme une plate-forme collaborative, réunissant tous les acteurs – gouvernements, organisations locales, chefs religieux et citoyens – pour construire ensemble des solutions durables pour la paix. Nous nous concentrons sur le dialogue et la coopération, en adaptant chaque initiative aux réalités locales.
Dans le domaine du dialogue inter-religieux, nous avons lancé l’IRPA (Alliance des religions pour la paix), un cadre qui permet aux chefs religieux de sensibiliser leurs communautés à la tolérance et à la coexistence pacifique.
Par exemple, pendant les camps religieux pour la paix, les enfants apprennent à respecter toutes les confessions, même lorsqu’elles diffèrent des leurs.
Nous avons également développé plusieurs projets concrets :
« Nous sommes 1 » au Mali, qui promeut la paix et la cohésion sociale par le biais d’actions locales.
Le projet DEHCI en Côte d’Ivoire, qui facilite le dialogue entre différentes communautés pour renforcer la réconciliation.
Partenariats avec les municipalités, avec plusieurs protocoles d’accord signés avec les villes du Mali et de la Côte d’Ivoire pour intégrer la paix dans les politiques locales.
Collaborations avec les ministères, y compris un MOA avec le ministère de la Solidarité en Côte d’Ivoire, qui vise à renforcer les initiatives en faveur de la cohésion sociale.
Des actions pour les jeunes, telles qu’une campagne de sensibilisation à la santé mentale en Côte d’Ivoire, menées en partenariat avec le ministère de la Santé.
En travaillant main dans la main avec ces partenaires, HWPL permet aux communautés de devenir elles-mêmes des acteurs du changement, assurant ainsi un impact profond et durable.
La guerre est-elle naturelle pour l’homme ? Est-il possible de faire une histoire de paix sans faire une histoire de guerre à votre avis ?
HWPL considère que, même si l’histoire humaine est marquée par des conflits, la guerre n’est pas une fatalité « naturelle » et peut être surmontée par l’éducation, le dialogue et l’établissement de lois pour protéger la dignité humaine. L’idée est de construire une « culture de la paix », qui valorise la compréhension mutuelle plutôt que la confrontation. Faire une histoire de paix, c’est à la fois reconnaître les défauts du passé et promouvoir des valeurs qui empêchent la répétition de ces erreurs ; cela demande des efforts continus, mais c’est possible.
Quel est le rôle des médias dans la consolidation de la paix ?
Les médias jouent un rôle central dans la consolidation de la paix en étant un pont entre les citoyens et l’information. Ils façonnent les mentalités et influencent les perceptions, ce qui leur donne une grande responsabilité dans la promotion de la cohésion sociale et la lutte contre le discours de haine et la division.
Une information bien orientée peut non seulement sensibiliser à l’importance du dialogue et de la coexistence, mais aussi encourager l’action en promouvant des initiatives de paix locales et internationales. Grâce à leurs rapports, enquêtes et analyses, les journalistes contribuent à créer une société plus éclairée, engagée et résolument orientée vers la résolution pacifique des conflits.
Conscients de cet impact, nous collaborons avec des médias engagés qui, à travers leur travail, transmettent des messages de paix et de compréhension mutuelle. Cette collaboration prend plusieurs formes :
L’atelier sur le journalisme de la paix, un espace d’échange réunissant des professionnels des médias, des chercheurs et des militants, où les meilleures pratiques en matière de journalisme qui promeut la paix et la réconciliation sont discutées.
L’Académie des journalistes de la paix, un programme conçu pour former et équiper les journalistes, afin qu’ils deviennent des acteurs du changement à travers leur profession et contribuent à l’établissement d’une culture de la paix à travers leurs publications.
Grâce à ces initiatives, nous souhaitons renforcer le rôle des médias en tant que vecteurs de dialogue, d’unité et de transformation sociale, en mettant l’information au service d’un avenir pacifique pour tous.
Comment pouvons-nous conquérir la paix ?
Conquérir la paix est un immense défi, mais pas insurmontable. Chez HWPL, nous pensons que la paix ne peut pas être imposée d’en haut ou laissée à la seule responsabilité des gouvernements. Il doit être construit par et avec toutes les composantes de la société – citoyens, chefs religieux, institutions, médias et acteurs politiques. C’est cette approche globale qui nous distingue et nous permet d’obtenir des résultats concrets.
Un cadre juridique pour construire un avenir sans guerre.
La Déclaration pour la paix et la cessation des guerres (DPCW) est au cœur de notre engagement. Ce texte juridique va au-delà des traités traditionnels en se concentrant sur la prévention des conflits et la participation active de la société civile. Parce que la paix ne se limite pas à l’absence de guerre : elle se construit à travers des mécanismes solides de dialogue, de coopération et de justice.
Unir plutôt que diviser : le dialogue interreligieux comme levier de paix
Les conflits sont souvent alimentés par des malentendus et de la méfiance entre les communautés. C’est pourquoi HWPL a créé l’Alliance mondiale des religions pour la paix (WARP Office), un espace où les chefs religieux de toutes les confessions se rencontrent régulièrement pour échanger, apprendre les uns des autres et promouvoir un discours de paix à leurs fidèles.
Nous organisons également des camps éducatifs interreligieux, où les enfants grandissent en apprenant à respecter et à apprécier la diversité des croyances. Ce travail de fond, réalisé sur plusieurs années, aide à réduire les tensions et à jeter les bases d’une vie harmonieuse ensemble.
Résultats concrets sur le terrain : l’exemple de Mindanao
La paix ne peut pas être un concept théorique simple. À Mindanao, une région des Philippines longtemps marquée par la violence, notre approche a fait la différence :
Un dialogue interreligieux a réuni les groupes opposés, HWPL a souligné l’importance du dialogue interreligieux pour promouvoir la compréhension et la tolérance entre les différentes communautés religieuses de Mindanao menant à un accord de paix historique.
L’éducation à la paix a été intégrée dans les écoles, sensibilisant les jeunes générations à la résolution pacifique des conflits.
Des monuments et des bibliothèques pour la paix ont été construits, symboles d’un engagement durable.
Cet exemple montre que bien que le HWPL n’ait pas été directement impliqué dans les négociations spécifiques entre le gouvernement philippin et les groupes Moro, son rôle dans la promotion de la paix, du dialogue interreligieux et des initiatives éducatives à Mindanao a contribué à créer un environnement propice à la paix et à la stabilité dans la région. Lorsque le dialogue, l’éducation et la participation civique sont combinés, le changement est possible.
L’implication de chacun : un moteur de paix
Nous croyons que chaque citoyen peut jouer un rôle dans la construction d’un monde pacifique. C’est pourquoi HWPL encourage l’engagement des jeunes, en les formant en tant qu’ambassadeurs de la paix qui organisent des marches, des événements culturels et des campagnes de sensibilisation. Nous travaillons également en partenariat avec les gouvernements, les autorités locales et les institutions pour faire de la culture de la paix une véritable priorité politique.
Sans paix, est-il possible de protéger les droits de l’homme ?
Selon HWPL, la protection efficace des droits de l’homme est étroitement liée à la stabilité et à la paix. Dans les situations de conflit, les droits fondamentaux (sécurité, liberté d’expression, accès à l’éducation, etc.) sont souvent violés. Une paix durable est donc le fondement nécessaire pour que les institutions et les lois puissent être pleinement appliquées, et pour que chaque individu puisse bénéficier d’un environnement respectueux et égalitaire.
Quels sont vos prochains projets ?
HWPL poursuit son engagement mondial, en s’appuyant sur des initiatives réussies telles que celle de Mindanao. Cette région, autrefois marquée par les tensions communautaires, est maintenant un modèle de transformation par le dialogue interreligieux, l’éducation à la paix et l’implication des citoyens.
Grâce à cette expérience, nous visons à reproduire ce modèle dans d’autres régions, tout en l’adaptant aux spécificités locales. Les projets en cours comprennent :
Le renforcement du dialogue interreligieux, en particulier par le biais de plateformes telles que l’IRPA, qui rassemblent les chefs religieux pour promouvoir la compréhension mutuelle.
L’expansion des programmes d’éducation à la paix, l’intégration de ces enseignements dans les écoles et le développement d’outils d’enseignement adaptés.
La promotion de la DPCW (Déclaration pour la paix et la cessation des guerres), en collaboration avec les gouvernements et les institutions internationales.
Des partenariats avec les autorités et les ministères locaux, tels que ceux menés au Mali et en Côte d’Ivoire, pour renforcer la cohésion sociale et répondre aux défis locaux.
L’objectif est de créer des cercles vertueux de paix, où chaque acteur – citoyens, institutions, médias et leaders d’opinion – joue un rôle dans la construction d’un monde plus pacifique et durable.