Tunisie, Égypte: il n’y a pas de démocratie sans cataclysme culturel. La révolution est une rupture culturelle avec le passé.Le Moyen Age en Occident est né avec la chute de l’Empire Romain au Vème siècle et s’est achevé au XVème siècle avec la prise de Constantinople par les Turcs mais qui coïncide aussi avec la prise de Grenade par les Rois Catholiques et la conquête du Nouveau Monde par Christophe Colomb. Mille ans caractérisés par une stagnation culturelle de l’Europe, ou comme le souligne Flavio Biando de Forli (1388-1463) père du concept « Moyen Age », tout au long de cette longue nuit l’Europe n’a pas connu de rupture nette dans son développement culturel. Depuis l’amorce du processus de déclin de la Civilisation arabo-musulmane au XVème et la perte de Grenade, voire avant, les populations musulmanes des rivages Sud de la Méditerranée, malgré l’avènement de l’Empire Ottoman, vivent dans un état végétatif de sous-développement culturel. Incapables de se redresser culturellement et de s’inscrire dans la modernité.
Manquant d’imaginaire et d’imagination dûe à leur environnement culturel liberticide et castrateur, elles croient trouver une solution à leurs innombrables et épineux problèmes avec la survivance du passé et la restauration d’un ordre moral abscons. Ainsi les charlatans de tout genre prônant le retour aux valeurs morales auxquelles ils attribuent la fin de l’apogée musulmane, trouvent le plus d’écho chez les masses abruties par l’obscurantisme et l’endoctrinement religieux du berceau jusqu’à la mort. Ces populations de par leur comportement et leurs croyances imprégnées d’idôlatrie, d’anthropomorphisme et de maraboutisme, vouant un véritable culte à la mort qui devient un facteur transcendental, une forme de compensation à leur misère intellectuelle et matérielle, développent des mécanismes de défense contre les innovations culturelles susceptibles de provoquer des changements radicaux dans leur vie au risque de les éloigner de ce quoi ils aspirent, c’est la résurrection dans le paradis. Ce qui laisse toute latitude aux mouvements sectaires de jouer au berger, à s’ériger aux gendarmes de la vertu pour censurer et déclarer illicite toute tentative d’apport extérieur fécondateur de développement humain et sources de libertés individuelles. Il n’est pas étonnant dans ce contexte que les mascarades électorales tant en Tunisie et qu’en Égypte au lieu d’être porteuse d’espoir et de projet de vie future pour les populations en mal être pathologique, révèlent la vraie nature desdites populations qui n’est pas rappeler et tout particulièrement en Égypte celle des peuples chrétiens au Moyen Age où l’on associe la science à la sorcellerie où tout changement est considéré comme un sacrilège et une offense à l’ordre moral.
L’Occident a su se couper de la tutelle de la religion au point que cette dernière cherche à se positionner tant bien que mal dans la modernité. Tandis que l’Orient en panne d’idées à cause de cet état de pesanteur culturelle exercée par la religion sur la vie des gens se voit contraint à l’immobilisme et au conservatisme que ses nombreux marchands du temple font en sorte de le sacraliser afin de maintenir les masses dans un état permanent du refus du progrès libérateur des esprits. Le cataclysme culturel attendu ne semble pas aujourd’hui d’actualité pour plusieurs raisons exogènes, indépendantes de la volonté de ces peuples, et endogènes qui leur sont culturellement propres et qui sont autant de freins à leur sortie du Moyen Age. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer les images que les uns et les autres projettent sur les écrans de l’actualité. Comme si les pogroms, les autodafés, le régressisisme et le rigorisme moral qui sert plutôt de trompe-l’oeil à la perversité morale est accolé à l’Orient et le modernisme et les valeurs universelles sont accolées à l’Occident. sans vouloir se livrer un parallèle entre les deux, mais il n’est interessant pour un oeil avisé combien l’Orient peut être aujourd’hui le reflet du Moyen Age de l’Occident chrétien. Rien ne semble les relier culturellement l’un à l’autre.
Les populations christianisées ont choisi le respect absolu des lois de la République, l’humanitaire pour soulager la souffrance d’autrui, la voie de la non-violence pour manifester leur colère pour condamner les offenses supposées faites à leur religion, lui exprimant par la chanson tout l’amour qui lui est dû ainsi qu’à ses hommes tels ces prêtres-chanteurs; les populations islamisées ont choisi la voie contraire de l’intimidation, l’anathème, l’exhibition de signes ostentatoires, l’accoutrement vestimentaire, le prosélytisme agressif, la violence morale, la culpabilsation de leurs coreligionnaires, les menaces physiques et verbales, déversant leur haine sur tout ce qui n’est pas de leur confession ou qui n’exalte pas leur foi avec autant d’ardeur et de ferveur religieuse qu’eux, n’hésitant pas parfois de recourir à la violence terroriste pour défendre leur foi parce qu’ils la considèrent offensée et même quand elle ne l’est pas. Peu respectueux des lois humaines et soucieux des biens et des personnes. Comme si la violence est devenue leur seul mode à Dieu donnant le sentiment que la course effrénée dans la terreur est devenue une nécesssité impérieuse pour se rapprocher de Dieu afin de mériter de sa miséricorde et de ses bienfaits dans l’au-delà. Tellement conditionné psychologiquement qu’ils perdent conscience de leur propre humanité. Mourir pour Dieu en sacrifiant le plus grand nombre de vies humaines sur son autel est devenu pour eux un rituel salvateur et libérateur de leurs âmes tourmentées et désepérées qui ne voient pas d’autres issues à leur existence terrestre que leur propre anéantissement et celui d’autrui.
Au lieu de chercher l’apaisement dans la chanson, ils préférent le feu de l’enfer et les images apocalyptiques qu’ils projettent à leurs semblables humains. A-t-on d un côté un Dieu que ses enfants louent en chantant son amour de l’humain et d’un autre un Dieu dont certains de ses fidèles adorateurs dévoilent à l’excès une autre facette de sa nature anthropohage et sanguinolent ? Il faut dire que ces derniers ne font en réalité que reprendre à leur compte la culture inquisitrice ancestrale de ceux qui aujourd’hui l’enjolivent et l’apaisent. En clair à chacun sa période d’inquisition. Israël est lui aussi en proie avec l’inquisition de ses ultra-orthodoxes qui menacent les fondements mêmes de sa démocratie. Dois-t-on en déduire par là que l’inquisition et ses oripeaux a encore de l’avenir devant elle et qu’elle constitue la seule perspective d’avenir possible pour les populations musulmanes anémiques et lymphatiques et qu’en dehors de l’obscurantisme son stade ultime, il n’ y a pas point de salut pour elles ? A se demander si elles ne sont pas plus sensibles et réceptives à ce type de discours exaltant et glorifiant le retour aux sources, cette façon d’avancer à contre-courant de l’histoire et qui s’inscrit par conséquent dans la logique de la culture régressiste et ultra-réactionnaire véhiculé par l’islamisme conquérant. Tout indique que c’est bien le cas au regard des thèmes archaïques, fortement teintés de fanatisme religieux et inquisteurs développés lors des campagnes électorales en Tunisie et en Egypte plus apparentées à des opérations de propagande sectaire et prosélyte que des compagnes politiques.
L’irrationnalisation des dites campagnes leur a donné une allure de croisade contre tous ceux qui ne développent un programme affichant publiquement une promiscuité idéologique avec l’Islam. Au point que tous ceux qui se prévalent de leur proximité avec Lui accusent ceux-là d’apostasie. Le pire crime qui puisse exister qui mérite de valoir à son auteur d’être voué au bûcher du feu purificateur comme au Moyen Age, mais dans le contexte tunisien et égyptien c’est la braise des urnes de la démocratie. Ce qui n’est pas sans rappeler les péripéties de la démocratie éléctorale en Occident mais en pire. Jamais dans l’histoire universelle de la démocratie on a fait autant de confusion induisant une culpabilsation chez l’électeur-croyant assimilant un acte politique citoyen à un acte de défiance vis-à-vis de Dieu. Et tout choix qui n’est pas porté pour sur Lui sera porté contre Lui tel est le sens du slogan politique distillé par ces mouvements sectaires. Comme si ces élections censées dessiner le futur d’un projet de vie pour ces populations en sous-développement quantitatif et qualitatif pathologique marquant un nouveau choix de société pour eux s’avèrent in fine un référendum pour Dieu. Voter est devenu un moyen d’expression de son adhésion à Dieu. Le bulletin de vote cet instrument juridique qui confère à son détenteur sa capacité d’exercer sa citoyenneté en toute responsabilité est devenue une sorte d’offrande qu’on dépose dans les troncs des églises et dans le cas d’espèce dans les tirelires exposées dans les commerces ethniques pour collecter des fonds pour la construction des lieux de prière musulmane.
Les partis de la religion dans un environnement qui fait du changement sociétal une hérésie exposant le contrevenant aux feux de l’enfer ont tout le loisir de surfer sur les peurs et les angoisses névrothiques chez les croyants qui font du paradis l’objectif suprême de leur passage sur terre. Seul le salut de l’âme importe chez l’électeur-croyant. En aucun cas, il ne se laisserait séduire par des promesses qui lui font miroiter l’espoir d’une vie meilleure sur terre. Il a rarement le souci d’oeuvrer pour le bien commun et l’amélioration de ses conditions d’existence. L’important est moins son investissement politique ou patriotique que l’investissement et les sacrifices consentis pour atteindre la voie de la félicité. Toutes les injustices et les privations qui ne sont pas de l’ordre de la fatalité et qu’ils ne sont donc pas irréversibles se trouvent immuables et perçues comme une manifestation de la volonté de Dieu. On ne change pas ce que Dieu seul est capable de changer. Le monde islamisé tant qu’il refuse de s’inscrire dans une dynamique d’avenir et exhorter ses populations à faire de l’avenir leur projet de vie politique continuera à naviguer dans le creux de la houle inquisitrice qui a été vaincue par l’occident des Lumières. On peut supposer que l’archaïsme a encore des longs siècles d’avenir devant lui.
En d’autres termes, le monde musulman s’il ne fait pas son auto-critique, en acceptant de se regarder dans le miroir de l’histoire et purifie son corps social de tous ces parasites qui le rongent est condamné d’être synonyme de barbarie humaine et de régressisisme. La révolution industrielle a coïncidé avec le réveil intellectuel et culturel de l’Europe, est-ce à dire que le projet de société telle que le proposent les maîtres du jeu politique dans le monde islamisé, où seul Dieu est lumière et de ce fait l’intelligence humaine ne doit pas ternir son image et l’ obscurcir, est inviable pour le développement humain ? Par conséquent, la religiosité des sociétés humaines qui consiste à les immobiliser, les scléroser et les enfermer dans des schémas mythifiant et exaltant le passé est incompatible avec le progrès humain. On ne peut faire du passé un projet de vie d’avenir, ni faire vivre le présent dans le passé. Et comme disait Saint Augustin, le passé n’est plus l’avenir est à faire. Seule une coupure nette et radicale avec facteur de changements en profondeur et un levier catalyseur et libérateur des énergies créatrices. tant que ces freins culturels inhibiteurs persistent, il est illusoire d’espérer l’émergence d’une démocratie dans cette partie du monde. Faire des élections un suffrage d’adhésion à Dieu laisse présager un avenir des plus sombres pour ces populations.