Il est communément connu que le labyrinthe est un circuit compliqué de chemins, de galeries, dont on a du mal à trouver l’issue de sortie. Le labyrinthe politique en Tunisie est spécifique, caractérisé par la difficulté de trouver aussi bien la porte d’entrée que celle de sortie. Un bigbang social est venu recomposer la vie politique entrainant la naissance d’une galaxie de partis politiques, une myriade d’associations (ONG, Associations, syndicats) et une nébuleuse d’organes médiatiques. Chacune de ses composantes constitue sa propre sinueuse galerie politico-idéologique.
Les partis politiques:
Les partis politiques peuvent être scindés en 4 catégories:
1/Les partis nouveaux-nés produits d’une gestation ayant duré plus de 23 ans;
2/Les partis « cartons » ayant opté pour un « newlook politique » après la date du 14 janvier 2011;
3/Les partis provenant de la déflagration du RCD;
4/ Les partis traditionnels de l’opposition « illégale ».
Une partie de la 1ère catégorie et la 4ème se vantent d’un militantisme clandestin, de la capacité de leur résistance aux poursuites judiciaires et des persécutions. Chacune d’elles se donne le droit à une légitimité historique et se vante de sa large et conséquente base populaire.
La seconde se remaquillant par une « autocritique » comme fond-de-teint, d’une démagogie en tant que rouge à lèvre pour justifier la collaboration avec l’ancienne dictature. Celle-ci jouit d’une légalité juridique et croit à sa longue expérience politique.
Quant à la seconde partie de la 1ère et la 3ème catégorie, elles ont bénéficié d’une indulgence juridique défiant ainsi, les règles élémentaires de l’immunité socio-politique, qu’est l’allergie politique aux ex-membres dirigeants du RCD et les néo-opportunistes (technocrates) en quêtent d’une place dans le labyrinthe.Celles-ci disent reposer sur une légitimité historique lointaine (ex-PSD) et une riche expérience en matière de gestion des affaires de l’état (néo- opportunistes) ou les deux à la fois (RCDistes).
Ces partis ou nombreux d’entre ont tisser une toile d’araignée étouffante usant d’un fil à caractère politico-financier et médiatique ! Leur unique but est d’attirer la sympathie d’une frange de la population des électeurs en vue de siéger dans l’ANC, l’éventuel gouvernement provisoire et les instances constitutionnelles à ériger.
Une politique politicienne axée sur le passé des autres partis (erreurs d’appréciations, appartenance idéologique) que sur le futur de la Tunisie (projet de constitution, vulgarisation et confrontation des programmes).
Les médias
L’outil médiatique, pour la propagande partisane, est la convoitise de tout le monde. Ce secteur a connu, lui aussi, une expansion inégalée. Certains organes sont l’un des biens de chacun des partis et d’autres sont « indépendants ». Les premiers ont pour rôle de propagande partisane, bénéficiant des subventions allouées aux partis et aux médias, les seconds sont au servir du plus offrant et à la disposition de la politique générale de l’état à des fins purement mercantilistes (subventions, bénéfices publicitaires).
Il est évident que de telles activités exigent des dépenses financières importantes et c’est à travers cette fenêtre que certains, par intérêts divers, se sont glissés dans ce labyrinthe pour influencer la vie politique et transformer une activité à vocation humaine et volontaire en une activité marchande.
Les associations: Malgré les contraintes de la loi organique organisant la vie associative, une myriade d’associations a vu le jour. La plus-part d’entre-elles ont opté pour des activités ciblées et spécifiques, rares sont celles qui ont choisi la catégorie d’une association « à caractère générale ». Mais, ce qui est étonnant c’est que certaines associations, d’après la grandeur de leurs activités spatio-temporelles (forums, ateliers de réflexion, congrès, visites de proximité, affiches, listes électorales…etc.),disposent d’un budget colossal ! D’autres associations ont tissés des liens de partenariat avec des associations étrangères (américaines, françaises, allemandes) à activités douteuses !Il est aussi à signaler que les partis politiques et certains indépendants commencent à donner plus d’importance à la vie associative en initiant des associations. Le foisonnement des associations est-il un bon ou mauvais signe ? Est-il un indicateur d’un soucis croisé entre la volonté d’agir et le refus de la vie partisane ? Le financement politique et les partenaires étrangers vont-ils respectés les approches et la liberté d’action des associations ? Le projet sur le financement des partis politiques va-t-il intéressé les associations ?
La porte de sortie
Historiquement, les libéraux ont toujours tendance à se méfier des individus et des organisations populaires contestataires. Leur démarche reposait sur l’exclusion pure et simple de ceux là. Les populistes, ils étaient plus malins par l’implication de cette frange de la population pour assoir leur pouvoir dans un premier temps et les négliger par la suite. Quand aux partis qui croient au « leader infaillible » et au « chef spirituel », ils n’ont jamais cru à la démocratie, ils sont les germes de l’autocratie. La base commune de ces différentes natures de partis sont: une approche descendante, voir personnifiée, pour une majorité d’individus « électeurs » ! Le slogan étant: « Tu votes…Je décide ! »
Il est donc important à ne pas suivre ce chemin qui est sans issue aucune !
L’existence ou la proximité, des services médiatiques et des hautes instances représentatives, de la capitale du pays (Tunis),a servi et servira comme prétexte à la marginalisation des régions, soit disant, lointaines. Or, les moyens de transport et de communication sont promus en vue de rapprocher les régions. Ils sont conçus pour faciliter le circuit des biens et produits matériels, mais aussi pour libérer les individus et les impliquer dans la gestion des affaires du pays. D’ailleurs, le prétexte spatial n’a jamais été évoqué quand il s’agit des régions LITTORALES lointaines ! Il est paradoxal que les régions marginalisées, celles qui ont bouleversé le paysage politique, sont toujours délaissées par les partis politiques (visites de proximité, listes électorales) !
Pourtant, une voie de sortie est à explorer pour sortir de ce labyrinthe politique !
Cette voie réside à bien écouter la voix de la majorité qui n’est que l’inverse de ce qui se passe actuellement. Elle consiste à:
1/O>>>Opter pour une large participation des différentes catégories sociales;
2/ U>>>Unir les forces progressistes autour d’une plate-forme;
3/ V>>>Veiller à l’émergence de structures représentatives aux différentes échelles spatiales;
4/ R>>>Racoler des partisans à la vie associative;
5/ I>>>Impliquer les citoyens dans le choix de leur destin;
6/ R>>>Repenser l’approche et le mode de gouvernance.
Une perspective qui parait utopique et populiste, mais le processus de la révolution tunisienne est entrain de briser le tabou de la « planification par en haut » et des « institutions pyramidales ». La voie est claire, la vigilance équivaut de ne pas entrer dans le jeu des adeptes du labyrinthe politique.
Ben Gayess Abdelmajid