La notion de boycott qui date du 19e siècle a fait sa grande apparition médiatico-politique aux Jeux de Berlin de 1936. »
Des voix s’étaient élevées partout dans le monde contre la tenue des Jeux en Allemagne nazie et malgré une campagne très forte tous les blocs capitalistes fascistes et communistes étaient présents aux J.O. pour légitimer l’avènement du nazisme qui s’en était servi comme vitrine de la Renaissance germanique. D’autres épisodes ont eu lieu par la suite dans l’histoire du boycott à des fins politiques aux Jeux de Montréal, Los Angeles et Moscou pour ne pas les citer tous. Ni la France, ni l’Allemagne pour des raisons différentes n’ont jamais manqué les rendez-vous olympiques où ils avaient profité pour redorer leur blason olympique. Est-ce que l’arme du boycott a porté ses fruits et changer la donne ? Absolument pas, à chaque fois elle a fait pschitt et n’a eu qu’une influence initésimale sur le cours de l’histoire qui retient simplement les noms des vainqueurs et démontre que les absents ont toujours tort. Elle est contre-productive, elle renforce l’adversaire concourt à sa promotion, renforçant ses chances de victoire en lui déroulant ainsi le tapis rouge de la gloire. A titre d’exemple, quand un boxeur reste au pied du ring en refusant le combat pour quelque raison que ce soit, la victoire revient à celui qui est sur le ring. C’est la loi du sport. La loi de la compétition politique n’est guère différente, elle consacre et légitime les participants. C’est pourquoi tout appel au boycott des urnes, c’est immanquablement un appel au vote en faveur de l’adversaire auquel on veut barrer la route. La compétition électorale est comme la compétition sportive. Le match se joue à deux ou à plusieurs, si des concurrents refusent de participer, ils ne font que frayer la voie à leurs adversaires qui ne pourront que se réjouir de cette aubaine qui voit leur chance de victoire se décupler. C’est un simple calcul de probabilité. Si on a opté pour la voie des urnes pour départager les concurrents, ce n’est pas en délaissant le terrain des urnes que l’on va délégitimer son adversaire. Il n’en sera encore plus que légitime. Le dernier exemple en date est celui du référendum roumain portant sur la légitimité du mandat présidentiel de Traian Basescu dont la majorité des roumains, 86% selon les sondages réclamait sa destitution. Mais seulement 46% des inscrits avaient voté, le scrutin a été annulé faute d’avoir atteint la barre des 50% des inscrits. L’exemple roumain est riche d’enseignements pour les partisans et les adversaires du boycott. Si dans le système électoral, on instaure un quorum de 50% permettant de valider un scrutin, le boycott a du sens et comme on vient justement de la constater avec le même exemple roumain. Le référendum est finalement invalidé pour ne pas avoir atteint le seuil requis de la moitié des inscrits plus une voix. Dans le cas, où il n’y a pas de seuil requis où l’on considère que les absents ont malgré tout contribué à la validité du scrutin, le résultat est en définitive valable sur le modèle de la compétition sportive. La règle du jeu veut que le résultat acquis par les urnes soit démocratiquement acquis. Et par conséquent, nul ne peut contester la validité du scrutin. Même si politiquement, il est contestable. Mais d’un point de vue juridique il est valide. Qui ne dit mot consent. Tous ceux qui appellent au boycott doivent analyser l’efficacité de cette arme et surtout proposer d’autre alternative mobilisatrice des électeurs et non appeler à leur démobilisation tandis que l’adversaire appelle ses partisans à se mobiliser. En conclusion, le boycott est une arme qui sert surtout les desseins des organisations politiques populistes connues pour être celles les plus mobilisatrices de leurs partisans. Pour qu’il y ait du sens, il faut un garde-fou inspiré des règles de jeu du droit des sociétés en matière d’assemblée générale. Tant qu’on n’a pas fixé un seuil limite qui donne au boycott une cohérence politique et infirmer la règle qui veut que le silence équivaut au consentement, les partisans du boycott sont les meilleurs alliés des forces populistes. En démocratie électorale, celui qui ne vote pas est censé avoir voté. Or, tant que l’on n’a pas pris en compte les abstentions et leurs effets sur la régularité du scrutin, en cas d’abstention massive, le boycott est un coup d’épée dans l’eau. Le boycott sans mécanismes juridiques protecteurs de la démocratie, est la voie qui mène au totalitarisme.