La richesse abandonnée de « Dachra »

En continuité de la mobilisation citoyenne pour secourir les habitants des zones historiquement, politiquement et climatiquement sinistrées, je vous rapporte mon deuxième témoignage qui retrace les besoins de la région de Thala, précisément la sous-délégation de « Dachra », en matière de développement, exprimés par un comité local de coordination.En effet, après avoir déchargé et distribué les aides, nous étions invités à une réunion de mise au point et d’information avec le dit comité, afin de nous sensibiliser sur l’au-delà de la période d’urgence et implicitement aider à porter leurs voix et leurs paroles le plus haut et le plus large possible; tout en rappelant que les risques d’inondations, de débordements et de glissements de terrains suite à la fonte des neiges, sont bien réels et qu’ils peinent à remarquer une quelconque prise de mesures de précautions jusqu’à ce jour.

Le bal a commencé par un exposé du potentiel humain et naturel de la région, couvrant ses trois principales zones, je cite: « Dachra », « Hammam » et « Chaker », comptant plus de 3000 habitants éparpillés sur un territoire rural à 70% de sa superficie, dont 250 familles vivant sous le seuil du seuil de pauvreté et qui de surcroit comprend l’un des gisements de marbre les plus importants dans le pays, étalé sur 162 Ha, resté inexploité et inactif.

Quant aux sources d’eau, ils nous parlent de 159 puits profonds délaissés, faute de moyens d’extraction et d’énergie, pourtant accessible via le Gazoduc qui passe justement sur ces mêmes terres, venant de l’Algérie voisine, devenue pour plus d’un la destination de sauvetage, quitte à ce que l’on reproduise le phénomène des Harragas de Lampedusa.

La surface nous en dit encore mieux, puisqu’il s’agirait de trois lacs taillés par la nature au service des cultivateurs du Bled…aussi abandonnés, par défaut d’attention des autorités centrales, auxquelles ils reprochent l’absence de communication et de représentativité des conseils ruraux au sein du conseil régional de développement, sans laquelle, ils me font comprendre, qu’il serait dans l’impossibilité et non la difficulté de réaliser quoi que ce soit.

Par ailleurs, le volet de l’éducation et de la formation professionnelle leur peint un vrai désert en pleine forêt, puisqu’ils ne disposent d’aucune école de formation en spécialités agricoles sur un périmètre de 100 km, sans parler du manque de matériel didactique pour les établissements qui existent, allant de l’école primaire au lycée…

Au final et à ma grande surprise, les membres du comité se montrent très attachés à l’instauration d’activités culturelles à travers des clubs ou une maison de jeunes, croyant fermement qu’il n’y a de développement sans art et sans culture…

En espérant une bonne réactivité pour cette localité, je souligne une phrase qui m’a été dite au cours de l’entretien et qui n’a pu quitter mes oreilles: « Nous n’avons besoin ni de parti politique ni de prêcheur, Nous avons un dieu et nous survivrons quand même ! ».

Par Seif Ben Kheder

Quitter la version mobile