Il se passe en Tunisie l’une de ces choses que de certains qualifient de ‘ surprise’: la montée certes subite mais en tous cas forte et déstabilisatrice de la AARIDHA. Ce ne peut être qu’un mobile de regret que cela puisse se faire en Tunisie Post-14-1.Venons-en à l’essentiel de ce qui peut bien constituer en cette belle Tunisie que nous croyons et voulons nouvelle un élément de ‘pagaille’ politique.
Les quelques thèses ou approches qui s’y attachent aujourd’hui sont: ou que la Pétition, manipulée, manipule; ce qui laisse ouvertes toutes les hypothèses de coopération avec des forces qui, d’ailleurs, ne peuvent être que peu démocratiques rien que dans la mesure ou la tête pAnsante de la pétition n’a pas respecté la loi électorale en vigueur et n’a donc eu de cesse et jusqu’au dernier moment de faire sa propagande strictement ‘nominale’; ou que la pétition joue son propre jeu sans encore dévoiler – mais cela se saura vite – qui la fait et la laisse opérer sur le territoire national et du dedans et du dehors; ou encore que c’est tout simplement un phénomène qui par persévérance de ses auteurs se concrétise.
Personnellement, peu m’importe l’acteur 1 de la Pétition, son passé, son présent et sans doute encore moins son avenir.
Il me choque beaucoup que l’on ne verse dans ce dossier précis dans la loi avant le politique. La Pétition n’est certes pas la seule ‘liste’ qui a – semble-t-il – enfreint ouvertement la loi en ne s’épargant aucun moyen de ‘bombarder’ ce bon peuple de ‘promesses ‘ et de ‘faux’.
Si – comme certains le soutiennent et assez à raison -bien des électeurs sont d’abord ceux des zones dites de l’ombre et plus particulièrement Sidi Bouzid, Kasserine, le Kef, même Kairouan et à moindre mesure Tataouine ou Gabes, c’est d’abord parce que -encore une fois – les forces de changement réel n’ont agi intelligemment ni au bon lieu ni à la bonne heure. C’est là une certitude qu’expriment et traduisent les résultats. Acquise, cette donne est donc forcément objective et en tout cas moins spéculative, du moins pour l’instant, que les trois thèses fixées sur les raisons ou faits de la montée de la liste qui, se multipliant, n’en est plus une.
Il faut peut-être se dire que la politique n’admet de mystère et que tout s’y explique: même si c’est parfois à retardement.
On peut aujourd’hui se permettre d’être dans l’idée la plus évidente que cette montée n’est pas accidentelle. De là, il doit bien y avoir des raisons à portée de raison. Certaines semblent mériter une attention plutôt particulière et elle me paraîssent d’ordre politique:
Le mobilisateur de la AARIDHa est plous ou moins connu pour ses affinités avec Ben Ali. il s’en défend beaucoup et j’en ai eu, comme bien de nos compatriotes, l’occasion d’en voir. Le plus intéressant; c’est qu’il a pu faire d’une ‘connivence’ un argument de propagande électorale. L’homme ne s’en défend pas; il en fait déjà usage pour ‘attaquer’ et, bien entendu, dans le cadre d’une propagande très soutenue.
Il est aussi connu pour ses anciennes affinités islamistes et, en dehors des ‘clash’ qu’il a eu avec les dirigeants de la Ennahdha, il en est ou en tout cas en fut un membre actif.
Ses rapports avec les pays du Golfe, il ne s’en cache pas.
Ses penchants ou fréquentations sunni-chiites ne sont pas sans poser certains lieux de confusion.
J’entendais récemment un ou même plusieurs ‘sociologues’ prétendre que le spectacle des confrontations et controverses chii-sunnites offraient un spectacle qui devait attirer des spectateurs que le spectacle en soi attirait et que le patron et de la chaine et de la AAridha en faisait ainsi usage. Je ne crois pas en l’enfance des spectateurs. Certes, la société est à maints égards bouffée par le spectacle mais c’était moins une quête d’audience gratuite qu’un ‘placement’ audiovisuel par l’un des bouts les plus provoquants de la religion. A faire étalage au public de ‘Science’ sacrée, le public finit par se faire mieux intégrer pour le profane. Ce n’est toujours pas de l’enfance mais tout bonnement de l’audio-visuel en propagande commerciale et politique. On dirait en contre-argument de circonstance que le jeu existait déjà avant la révolution tunisienne mais une chose en appelle bien une autre. Continuer sur cette voix, c’est tout bonnement ne pas changer de cheval de course quand l’avance est déjà prise. A raser dans le régional, la chaine reprenait à l’heure de propagande politique dans le local qu’elle adressait d’ailleurs dans la proximité que lui offrait ; sur les plans social et surtout légal, la distance. La chaine n’offrait donc pas de sprectacle mais de l’apât.
Pour avoir assez suivi cette chaîne à mille puzzles, dont M. T. Belkhoja après feu Mzali n’est pas le moins épais, je m’étonnais déjà beaucoup de cette tendance discursive et surtout de cette intention mille fois exprimée d’afficher avec autant d’insistance et à contre-temps sa candidature à la présidence du pays.
Il est tout de même politiquement ‘agaçant’ que passe inaperçue le fait que l’acteur principal menait une propagande double: la constituante et l’après-constituante (Les présidentielles). Nous aurons déjà mieux compris que le tout ne tenait ou ne peut tenir à la seule fragilité des zônes fragiles ou aux seules tentations d’un candidat ‘précoce’. N’est-ce pas là encore une enfreinte déclarée?
Unir le discours religieux, la fibre plus grave du régionalisme par excès, du tribalisme annoncé, le mesquinisme élémentaire de l’homme victime, les élans de propagande soutenue par la présence de personnalités de tout vent et parfois de personnalités politiques anglaises, égyptiennes, irakiennes ou autres; le tout par l’écran d’une chaine terriblement itérative mais âprement d’attention et d’adresse tournées ces derniers mois vers la Tunisie, laissent imaginer une machine à l’oeuvre. Un homme a beau être riche ou intélligent, il n’aurait pu à lui seul conquérir des milliers et des milliers de voix sur un terrain où il n’agit jusque-là que par média interposés ou par intérim.
L’ennahdha – avec qui les guerres étaient par/pour lui-même déclarées- ne se risquera pas à une alliance déclarée avec ce ‘Robin des (j’enlèverai volontiers le S de des) bois. J’imagine que les enfreintes à la loi électorale donnent déjà une bonne raison pour ne pas le faire – et en tout état de cause – ouvertement. La Pétition est susceptible de poursuites judiciaires sérieuses et cela n’irait pas sans quelques embarras ; d’autant plus que la Nahdha dispose d’une marge d’action assez importante pour ne pas se risquer à de telles ‘ententes’. Facteurs ou mobiles personnels ou subjectifs à part, la Nahdha ne me paraît donc se risquer d’errer sur ce chemin dans l’immédiat.
PLus important encore est le phénomène en soi: pourquoi est-on toujours à ce niveau d’action politique ou souvent les acteurs d’arrière-plan passent si vite au plein écran (d’ailleurs vraiment plat!).
Les promesses, tout à la portée du plus commun des pauvres de la Tunisie – public que M. Hamdi a adressé de façon que Ché lui-même lui aurait enviée, devait dans cette confusion porter fruit. Notre peuple a mal à la poche, au coeur et à la tête. L’analphabétisme – dans ces contrées et ailleurs en Tunisie – est et quoi qu’on en dise pesant et parfois accablant.
Et puis, l’on ne pouvait toujours iuignorer que bien du monde savait depuis bien longtemps ce que cette ‘Indépendante’, très pendante, faisait de ses hommes et de ses images ou ondes. Il est donc intéressant de savoir pourquoi nul n’a réagi tel que la loi ou le bon sens politique l’imposent.
Etait-ce tout simplement cette vieille habitude de faire comme si rien n’existait, ou ce serait-ce pour davantage de zizanie politique?
Les tunisiens ont bien droit au rêve mais il revient à leur Etat de faire qu’on en vende à bon et mauvais marchés. Ceux qui ont enfreint la loi doivent bien entendu en rendre des comptes. Et l’on est suposé aujourd’hui capable – à moins que ce ne soit enore un rêve- de demander des comptes à toux ceux qui, de vive voix et de mauvaise intention, détournaient par abus de confiance, de béatitude populaire ou d’opportunisme absolu, le débat politique et le processus historique dans lequel ce pays s’est vivement engagé.
Je me serai de pleine amertume donné à quelque interprétation de AARIDHA et de POPULAIRE pour voir combien cette construction linguistique reflète une mentalité ‘judiciaire’ et au même temps politicienne.
La pétition n’est pas dans sa première résonnance qu’un élément du champ lexical de la justice mais elle le devient justement avec l’adjectif (dans son association ‘Populaire). A la différence d’autres, je ne protesterai dans la chose contre la seule évidence ‘populiste’, car il n’est pas le seul à l’avoir fait et puis surtout car je me sens davantage plus plus mal à l’aise avec la Pétition qui supposerait ce peuple plaintif ! Je crois tout simplement que l’auteur pense ‘attaque’ et qu’il se veut de par les moyens de propagande qu’il se garantit soutenu en ceci par ceux qui l’écoûtent. Rien de plus naturel; si ce n’est tout simplement injuste de vendre de l’espoir en contrefaçon ou en faux à ceux qui ont le plus besoin de vraies réponses à leurs problèmes et difficultés. Rien de plus naturel; si ce n’est que la justice suppose le respect de la loi et que la AARIDHA ne l’a pas, jusqu’à preuve du contraire, respectée. Rien de surnaturel, si ce n’est que la Tunisie ne peut désormais s’admettre des hommes ou de femmes – présidents ou pas – si flous, si confus, si nevrosés. Peu m’importe encore l’individu; mais la névrose est aussi affaire de groupe et de clan. Ce n’est pas de CHARITE que ce peuple vaincra mais de CLARTE.
Les faits demeurent: la Aaridha a cueilli beaucoup trop de voix. Elles sont les siennes si elle les a méritées. Elles reviendront sous quelque forme légale à inventer à ce même peuple si l’arbre des comptes cachait déjà la forêt des calculateurs inavoués et je sens plus de dix chiffres (O-9) dans les aires des dédoublements et de la multiplication; bref dans cette addition somme toute réductrice; et quel paradoxe!