Après s’être cru un certain 14 janvier 2011 débarrassé de la bande mafieuse, pour enfin jouir de ses droits et libertés, le tunisien est de jour en jour plus désillusionné ; au point que de plus en plus on entend ci et là des voix appelant au retour de ZABA, tant la situation est devenue insoutenable. Pourquoi en sommes nous arrivés là ? Commençons par un parcours de la composition sociétale des deux décennies de pouvoir du déchu.
1- Sur le plan politique:
– Un parti monopolisant tous les pouvoirs, les libertés politiques et civiles sont verrouillées avec pour conséquence une situation socio économique délabrée travesti pendant de longues années par les institutions internationales qui trouvaient leur compte à maintenir zaba au pouvoir.
– Une opposition scindée en quatre catégories:
• L’opposition de façade siégeant au parlement et utilisée au gré des circonstances pour faire prévaloir le pluralisme politique quand le régime est rappelé à l’ordre
• Une opposition non reconnue pour l’essentiel exilée et transformée en mercenariat
• Une opposition reconnue mais ayant boycotté les élections 2009, flirtant néanmoins avec le pouvoir dans les coulisses tout en lui déclarant publiquement la guerre.
• Une opposition qui n’a jamais fait de concession et qui est la plus persécutée.
Les chancelleries étrangères et en tête les USA ont approché les partis de l’opposition toutes tendances confondues en essayant de les rapprocher. Tous les partis reconnaissent avoir eu des contacts parmi eux et au sein des ambassades, dans le but de mieux s’organiser face au pouvoir de zaba.
2- Sur le plan intellectuel, les milieux scientifiques et les instituts de recherches se sont laissés contraindre à la logique utilitariste. Dans le domaine des sciences humaines, les études et rapports à l’exception de quelques documents présentés par l’INTES n’ont jamais révélé les vérités de ce qui se passe au pays. Quand aux sciences durs, nos centres de recherches se sont laissés réduire à des sous traitant des centres de recherches étrangers, sans nulle optique endogène. Les brevets dorment dans les tiroirs, leur valorisation n’est même pas à l’ordre du jour des directeurs des écoles doctorales, vu qu’au niveau national il n y a pas de cohérence et de détermination à cleustariser l’économie, étant donnée que celle-ci est à la merci de groupes mafieux nationaux appuyés par leurs homologues étrangers. Les quelques tentatives ci et là peinent à aboutir, vue que des segments de la chaîne de valeur se laisse confisquer par les groupes mafieux. Notre économie est davantage une économie de sous traitance pour l’international. Quelques électrons libres parviennent néanmoins à infléchir ci et là la tendance, mais le résultat de leur effort n’est qu’une goûte dans l’océan. Ces électrons libres ne se connaissaient pas et l’on essaie de leur mettre les bâtons dans les roues.
3- La société civile: était scindée en deux types
a- Organisations des travailleurs et organisations professionnelles. Le syndicat des travailleurs s’est laissé réduire en pion du pouvoir politique et économique. De concession en concession faites par les leaders qui se laissaient corrompre à coup de juteux dessous de table, les forces vives du pays n’avaient aucune marge de manœuvre pour infléchir la tendance. Les CDI fleurissaient partout y compris dans la fonction publique avec parfois des drames familiaux. La précarité n’a épargné nul niveau, souvent l’enseignant ISET ou universitaire se trouve au chômage après respectivement 6 et 4 années de contrats, s’il ne réussit pas son concours au cours de cette période. Les concours sont souvent ouverts sur mesure pour recruter les proches. A cela il faut ajouter la généralisation de la sous traîtance, et les contrats d’insertion des jeunes qui sont devenus un moyen pour le patronat d’avoir à disposition une main d’œuvre bon marché à virer dès que les avantages accordés par l’état arrivent à terme. Quant aux organisations professionnelles, elles se sont laissées diluées sous la pression des mafieux, le petit entrepreneur est écrasé et piétiné. Les grands de gré ou de force, ils sont absorbés à défaut, ruinés.
b- Les associations:
– L’essentiel de cette composante de la société civile était reconnue bras droit du pouvoir. L’association ne se concevait qu’en référence au pouvoir; elle n’a de survie que par la force d’une dialectique utilitariste. A une exception près, elle ne diffère en rien de la société civile appuyée par l’étranger.
– Juteusement financée par des groupes de pressions soucieux de maintenir un certain pouvoir sur la destinée du pays, leurs responsables sont de vrais mercenaires, dont usent les forces externes comme informateurs et joker à brandir quand il est question de faire pression sur le régime. Les conditions pécuniaires et morales ayant été alléchantes, beaucoup d’anciens opposants ont fait le bonheur du Mossad et d’autres Lobbies qui n’ont que foutre de la dignité et de la liberté de la Tunisie, et ceci endéans un appui financier et moral. Le plus souvent cet appui ne sert que les mercenaires, qui font travailler bénévolement des personnes, alors que dans la budgétisation des salaires confortables sont prévus mais jamais distribués. Parfois le salaire ne dépassant guère le dixième de ce qui a été réellement budgétisé. Ces associations ne sont soumises à aucun contrôle ni quant à la question du financement ni par rapport à leur valeur ajoutée sociale, économique et culturelle.
-Une société civile de moindre importance liée pour l’essentiel aux questions environnementales et de développement durable, jumelés pour l’essentiel avec des homologues étrangers, et dont le financement provient de sources diverses dont les agences de l’ONU.
-Les antennes d’associations étrangères tel lions club, JCI, rotary, …Elles sont indépendantes et leurs membres sont quasi intouchables, ils font partie de l’establishment dans les coulisses.
4- Des médias au service du système en place, pour le renforcer et s’en nourrir. Nos médias étaient la varie machine de propagande du pouvoir.
5- Le peuple, en proie à la manipulation, il se contraint à l’auto censure et n’ose la critique par crainte des représailles, au vu de ce que le régime réserve à qui ose s’exprimer. Le tunisien n’avait trouvé la manière de s’affirmer puisque le système judiciaire à la merci acculée pour l’essentiel à s’exécuter face aux mafieux.
Le pouvoir mafieux entravait la possibilité de traduire le contenu des plans quinquennaux en actions concrètes. N’obéissant à aucune vu perspective, les groupes mafieux empêchent la traduction de nos objectifs en actions. D’où aucune lisibilité du marché de travail et de l’emploi. A cela, il faut ajouter l’inadéquation entre le profil du diplômé et des besoins du marché de travail. Les programmes de mise à niveau, de qualité et de modernisation industrielle se sont avérés un vrai fiasco. Ils ont pour l’essentiel servi des bureaux de formation et des bureaux d’études sans nul résultat tangible, à quelques rares exceptions près. Les fonds accordés par la banque mondiale et l’UE n’ont servi qu’à alourdir la dette au profit d’une minorité dépourvue de tout esprit patriotique.
Des programmes d’appui à l’incitation des jeunes à l’entreptreneuriat manquaient de cohérence, il n y a pas une démarche cohérente, c’est à coup des hasards que des initiatives ont pu réussir. Bref, la réalité socio économique tunisienne était à la merci d’agendas étrangers, dont l’essentiel est façonné dans les coulisses à l’insu du commun des tunisiens. Le monopole de l’état laissait place à un nouveau monopole s’appropriant à des prix symboliques tous les biens privatisés, avec comme corollaire la précarisation et l’instauration d’une culture d’esclavagisme à travers les sociétés de sous traitance détenues par les groupes mafieux qui façonnaient à leur guise la déshumanisation de la société.
Et ce fut un certain 17 décembre, et un 14 janvier.
C’est sur fond de la conjugaison de toutes ces insuffisances que s’est constitué jour après jour le terreau endogène de la révolte. Dès l’explosion des premières flammes de la révolte, ce terreau s’est vu entretenir par des forces étrangères qui n’attendaient que la première flamme pour précipiter la chute d’un régime trop encombrant dans le but de lui substituer un autre, au gré d’un nouveau projet visant toute la région.
La révolte a explosé de manière spontanée sans leader et de manière désordonné, l’élite y a brillé par son absence, elle n’a rejoint le mouvement qu’à la fin. Les syndicalistes étaient de même entravés d’y participer en raison de la main mise du secrétariat sur la masse. Quant à la société civile, à part ses antennes externes qui ont investi la presse au même titre que l’opposition à l’étranger, elle était complètement absente. Les avocats se sont mobilisés en masse dès les premiers jours.
Face à la gravité de la situation, le devoir de sauver la nation aurait du inciter à l’union nationale. Il n’en était rien. Guidés par les complices externes de toujours, les pouvoirs de transitions ont ouvert la porte à ces derniers pour façonner la Tunisie de l’après révolte. Tout se passait dans les coulisses. Quant à l’opposition, ses composantes cherchaient chacune de son côté à s’approprier le maximum de dividendes, courant derrière les sièges, reléguant le devenir de la nation et du peuple en dernier lieu. La société civile, joker d’acteurs externes a fait de même. LE nouveau tissu associatif d’après révolution a fleuri dans l’ombre des partis, qu’ils aient existé avant ou après la révolution. Et ce fut ans ce climat que se sont tenues des élections dans lequel le populisme était à quelques rares exceptions la devise.
Depuis le mariage de raison entre les partis de la Troïka soumise aux agendas étrangers, notre pays est métamorphosé, au point que le tunisien s’y sent étranger à plus d’un titre. Le salafisme sème la terreur du nord au sud. Aux programmes présentés lors des élections se sont substituées des priorités totalement étrangères à la réalité tunisienne. La peuple continue à se paupériser, l’opposition à l’AC n’a d’opposition que le nom. Alors que la situation financière est au rouge, les membres de l’AC se distribuent des avantages surréalistes indiquant qu’ils vivent sur une planète totalement étrangère à la Tunisie profonde, celle qui s’est soulevée pour chasser le déchu. La passivité des nouveaux gouvernants face à l’insécurité et à la violence extrémiste qui tue, qui menace, qui harcèle qui traite de mécréant toute voix opposée, c’est la psychose collective. Le tunisien se mobilise, mais sans trop de résultats. Les associations sont disparates et leur dépendance des partis politiques freine tout sursaut national d’envergure, susceptible d’infléchir la tendance. Le clientélisme et le népotisme ayant propulsé les proches de nahda dans tous les postes de responsabilités a vidé nos administrations de toutes ses compétences. Aucune vue prospective à la hauteur du défi n’est à l’ordre du jour. Pire encore, tout en réhabilitant les corrompus confirmés e l’ancien régime, l’on cherche à maintenir les ex rcdistes valables à l’écart par recours à la loi. Ainsi, l’on est sûr que nos institutions seront vidées de toute compétence et de toute fibre patriotique.
Conscients d’une telle réalité, des voix se sont levées ci et là pour dénoncer ce complot contre la nation, orchestrée et travesti au nom de la bonne cause. Le tunisien est contre toute forme d’exclusion injustifiée. Toute personne ayant les mains propres a pleinement sa place dans la construction du devenir de la nation. Au vu de ce qui a été présenté ci-dessus, le vrai remue méninge s’impose à tous. Les ex rcdistes ne sont seuls responsables du mal tunisien, l’opposition, la société civile, les médias et toute personne s’étant réfugiée dans le silence est aussi responsable du cahot tunisien. Ce dont de notre pays a le plus besoin aujourd’hui, c’est que toutes ses fibres patriotiques se mettent la main dans la main, dans un élan national pour sauver le pays du complot qui cherche à réduire notre chère patrie en poudrière d’esclavagisme dont la femme est la première cible. Dans un de mes précédents articles (1) « , Pouvoir et contre pouvoir, deux composantes distinctes de la démocratie. j’ai mis l’accent sur la nécessaire séparation entre pouvoir et contre pouvoir, deux piliers essentiels de toute démocratie. L’appel à l’unité de tous commence à se concrétiser par un travail de réseautage dont l’aboutissement commence à voir le jour, notamment par la naissance du front national pour le sauvetage de la nation et du peuple. A présent, il nous appartient de bien nous organiser et de faire preuve de tolérance, les uns envers les autres en banissant les exclusions destructives injustifiées. Notre pays regorge de compétences et de fibres patriotiques qui s’ignorent ou qui ne se connaissent pas. L’heure est venu à toutes ces compétences de se mettre main dans la main, et d’agir au niveau local le plus élémentaire, pour mener des actions participatives selon une démarche socio action, laquelle sera la voix vers la citoyenneté responsable, préalable à la construction d’un système social démocratique.
Ainsi démarre la VRAIE révolution tunisienne avec pour point de départ notre rassemblement du 2 juin, que nous souhaitons le plus large que possible avec la présence de tous les patriotes, qu’ils aient été des ex rcdistes ou pas. Ce qui importe c’est le PATRIOTISME, LA VOLONTE DE SERVIR LA NATION ET DE LA PRESERVER DES PREDATEURS ETRANGERS ENNEMIS DE NOTRE LIBERTE ET DE NOTRE SOUVERAINETE. L’heure de la conciliation nationale a sonné, ne ratons pas cette chance. Notre slogan sera « Patriotes main dans la main, Non aux exclusions injustifiées, société civile fais toi visible, le salut de la nation t’appartient ».
(1) https://www.facebook.com/notes/asma-souissi/pouvoir-et-contre-pouvoir-deux-composantes-distinctes-de-la-d%C3%A9mocratie/388456827852693