La future constitution tunisienne sera théocratique ou elle ne le sera pas: Tous les doutes sont permis

La constitution en démocratie est l’affaire du peuple et de lui seul et constitue un rempart contre les dérives du pouvoir politique. Elle ne s’impose pas au peuple, il en est le maître d’œuvre et la source.Elle est la traduction juridique majeure de sa volonté et doit être fidèle à ses aspirations et toutes ses aspirations et non pour répondre aux desseins obscurs et inavoués de ceux qui sont investis dans des un simulacre électoral du mandat électif pour l’élaborer et s’arrogent ainsi des droits exorbitants au mépris du droit du peuple au respect de sa souveraineté. A n’en pas douter que la secte d’Ennahdha pièce maîtresse sur l’échiquier politique tunisien qui se préoccupe plus de la volonté de Dieu que celle des hommes va user de toutes les ruses et subterfuges pour marquer de son empreinte la philosophie juridique de la future constitution et bafouer ainsi les vrais acquis de sa Révolution: dignité, démocratie, liberté et les droits fondamentaux. Aussi, une constitution perd toute sa signification si elle vise à aliéner et restreindre la souveraineté politique et juridique du peuple. Fondée sur le principe fondamental de l’inviolabilité de la souveraineté populaire, elle ne doit pas a contrario faire office de garde-fou ou de censure pour nier ou occulter ce droit. Supposée être née comme c’est le cas de la future constitution tunisienne d’une volonté de rupture avec le passé et fondatrice d’un nouveau paysage démocratique en adéquation avec l’esprit du peuple qui a rompu un jour les chaînes du despotisme et de la dictature, elle ne doit pas être l’expression des esprits partisans et des rapports de force politiques et idéologiques qui vont forcément influer sur le cours de son élaboration. Mais avec le blanc seing octroyé par le peuple tunisien quand bien même il a déserté les urnes dans sa majorité, il est à douter que la future constitution ne soit pas plutôt le fruit des petits arrangements entre des constituants soucieux de leurs intérêts partisans plutôt que de l’intérêt commun en ce qui concerne notamment ceux qui sont pressentis pour conduire transitoirement (?) les affaires du pays-que de l’intérêt commun. Toute laisse pensée que le scrutin électoral tunisien est loin d’être un modèle du genre contrairement aux assertions fantaisistes des organisateurs.

En effet, un simple examen des faits démontre aisément que ce scrutin laisse un goût amer aux tunisiens. En cause, la gestion chaotique de la campagne elle-même, confusion coupable entre la carte nationale d’identité et la carte d’électeur, l’amateurisme des organisateurs de ladite campagne, l’opacité entourant leur nomination, son manquement à son devoir de police, son silence bienveillant à l’égard de l’organisation sectaire d’Ennahdha, son absence de réactivité et ses atermoiements dans le cadre de l’affaire d’Al Aridha, l’absence de vérification de l’origine des fonds ayant servi au financement de leurs campagnes électorales aux partis vainqueurs de ces élections surtout qu’Ennahdha n’ a jamais fait mystère de la source étrangère de ses fonds qui lui a permis de corrompre en toute impunité une partie de l’électorat tunisien, de même qu’elle s’est toujours gardée de la rappeler Ennahdha à ses obligations de parti interdisant toute instrumentalisation des lieux de culte et de la religion à des fins électoralistes de nature à fausser la sincérité du scrutin. L’inexpérience dont l’instance peut s’en prévaloir à juste titre n’exclut pas la fermeté et la rigueur morale et juridique. Sans mettre en doute sa probité mais il est légitime et fondé de s’interroger sur les dessous de cette campagne électorale qui a toutes les apparences d’un simulacre démocratique. Un scénario conçu et écrit à l’avance et dont la réalisatrice que pourrait être cette instance a comme obligation de lui donner corps. Tout semble avoir été fait pour tailler un costume sur mesure à la secte d’Ennahdha, jouissant de surcroît d’une attention appuyée de la part de la Maison Blanche et d’une couverture médiatique exceptionnelle de la part de la chaîne de TV du prosélytisme wahhabite Al jazeera.

Toutes ces ingérences étrangères constatées dans le cadre de cette campagne n’ont guère suscité une quelconque désapprobation ou émotion de la part de cette instance voire de l’opinion publique tunisienne elle-même. De même que les lapsus volontaires et répétés entendus chez les membres dirigeants de la secte d’Ennahdha tendant à confondre les élections pour la constituante avec les élections législatives sans que cela ne heurte personne. Puisqu’il s’agit dans le cas d’espèce d’un véritable détournement de l’objet du scrutin. Insidieusement, Ennhdha a pu dévoyer l’esprit du scrutin en lui assignant un autre objectif politique que celui pour lequel les électeurs tunisiens étaient conviés à exprimer leur choix. C’est pourquoi et en toute logique, avec le soutien intéressé d’Ettakatol et du CPR elle a pu exprimer dès le lendemain du scrutin de la honte sa volonté d’exercer son pouvoir hégémonique sur le pays. Toutes ces dérives anti-démocratiques en disent suffisamment long sur leur posture démocratique des nouveaux maîtres de la vie politique tunisienne. La volonté du peuple n’était pas de donner un blanc seing auxdits partis pour vider le contrat politique et démocratique de toute sa substance et détourner l’objet du scrutin à leurs avantages. Il n’ a jamais été question que le parti arrivé premier au scrutin se trouve amené à gouverner le pays comme si ce scrutin devait consacrer la mise en place d’un régime parlementaire consacrant la main mise d’Ennahdha sur le pays avec un président de pacotille. Les tunisiens se sont ainsi trouvés dupés, abusés et trahis. En croyant désigner les membres de la constituantes chargés de rédiger les futures lois fondamentales de leur pays, ils ont sans s’en apercevoir entériné les desseins hégémoniques d’Ennahdha sur la Tunisie. Par voie de conséquence, Ennhdha peut en toute tranquillité, elle qui était absente de la révolution tunisienne, toucher les dividendes politiques au-delà des ses propres attentes et avec l’adhésion de tout le monde au nom du fair-play démocratique. Son succès électoral lui donne les moyens politiques et juridiques de réactiver les mécanismes d’un pouvoir totalitaire dont les tunisiens ont pâti par le passé sous couvert de la démocratie. Ce mouvement politique qui n’ a pas les attributs d’un parti au sens républicain du terme prônant une idéologie sectaire, inégalitaire, antisémite et nostalgique apparentée à l’idéologie nazie a pour objectif ultime a restauration du 6ème Califat, l’équivalent du Reich hitlérien, à l’antipode des valeurs de la république enfreint outrageusement la règle inaliénable de la séparation des pouvoirs et lève les voiles sur sa conception toute particulière de la démocratie qui devient synonyme de totalitarisme et de fascisme.

La démocratie pour Ennahdha n’est pas une fin en soi, c’est juste un moyen pour lui permettant de se draper dans les habits de lumière, elle n’est qu’une étape dans le processus de la conquête cosmique du monde à laquelle les islamistes toutes tendances confondues sont religieusement attachée. Pour les islamistes, seul le respect de leur engagement mystico-idéologique importe. Ni pacte républicain, ni contrat électoral, ni respect de la démocratie. Des concepts jugés contraires à leurs dogmes. Les dérives ne sont pas des dérives quand elles sont commises dans le cadre de cette mission sacrée d’islamisation du monde dont ils se sentent investis. Violer les lois républicaines n’est pas un crime en soi, si ces lois ne sont pas conformes avec les exigences de leur prescrits. Leur adhésion à la démocratie n’est qu’opportune et de circonstance, elle sera combattue et bannie come si elle était un sacrilège du fait de son incompatibilité avec leur vision théocratique du monde. Le pouvoir est à Dieu et jamais aux hommes, il serait utopique et illusoire de croire qu’Ennahdha se convertisse demain en chantre de la démocratie en Tunisie. Un islamiste préfère perdre son âme plutôt que d’embrasser des valeurs qui ne dérivent pas de ses concepts idéologiques. Il ne doit pas y avoir pour lui d’autre source irrigant sa pensée et son action politique si elle n’est pas inspiré par Dieu. Un islamiste n’agit pas pour le bien commun, il agit pour le bien de Dieu et les gratifications divines escomptées. Il dissimule et fourvoie pour ne pas monter son vrai visage et sa nature hideuse et inquiétante. Il est dans un rôle de composition, où tout est dans le paraître et la communication verbale apaisante et lénifiante. Seul moyen nécessaire pour endormir la vigilance de son interlocuteur.

Le sourire dont ils se parent est faux et trompeur, ce n’est qu’un sourire de façade, d’un carnassier qui essaye de piéger sa proie pour la dépecer ensuite. La fin justifie les moyens, ce n’est pas la démocratie tant honnie par lui qui va l’arrêter dans ses ardeurs velléitaires. Selon sa doctrine totalitaire et théocratique, la démocratie est illicite et ne doit pas avoir droit de cité surtout qu’elle donne aux hommes les moyens d’exercer leur pouvoir sur la cité. Alors que dans leur idéologie ultra-réactionnaire et liberticide seul Dieu est souverain et seules lois qui en émanent s’imposent aux hommes considérés comme étant le seul législateur. Tout le contraire d’un régime politique démocratique où tout naît de la volonté du peuple dans toutes ses composantes sociales et sexuelles. Le scrutin électoral du 23 octobre 2011 organisé dans des conditions suspectes et troublantes qui semblent consacrer le destin théocratique de la Tunisie ne saurait être représentatif de la volonté générale du peuple tunisien. Le fait même que plus de la moitié du corps électoral tunisien s’est gardé d’exprimer son vote est un message très fort que la majorité des électeurs a adressé à tous les mystificateurs politiques de son refus à adhérer au projet de la constituante. Les initiateurs de ce projet inspirés de l’exemple des constituants de 1789, n’en ont ni l’envergure, ni la légitimité historique et politique, ni la capacité intellectuelle, ni le patriotisme sans faille, ni l’amour inébranlable de la démocratie et des valeurs de la République.

En 1789, les conjurés du Serment du Jeu de Paume, soucieux de l’intérêt commun ont œuvré pendant deux à la rédaction de la première Constitution de la République française, ont jeté les fondements de la République: le droit du peuple à se gouverner lui-même, seul propriétaire du pouvoir que les élus en sont que des mandataires ou dépositaires. Une constitution ne s’écrit pas contre le peuple mais pour et par le peuple.En tant que maître pérenne du pouvoir ne peut être réduit à une portion congrue, une force d’appoint que l’on a souvent tendance à disqualifier et mépriser voire corrompre. Oubliant souvent qu’en corrompant le peuple, on altère et on tarit la source elle-même de la démocratie d’un pays dont la constitution est la norme juridique suprême. Si d’entrée de jeu la constitution est viciée dans sa conception, alors qu’elle est censée être une rupture radicale avec l’arbitraire et l’inique en posant les jalons de la démocratie à travers l’instauration des règles du suffrage universel, ce verrou contre les dérives despotiques, il y a fort à parier que cette constitution au lieu d’être l’expression de la volonté générale sera l’expression de l’intérêt particulier aux dépens de l’intérêt général sous couvert de la démocratie. Dans le cas tunisien, contrairement à la France de 1789 où la constitution a consacré la fin du droit canon dans le nouvel ordre juridique républicain, il y a fort à parier que la future constitution va marquer le grand retour du droit canon, la charia, dans le droit tunisien. Le danger pour la future constitution tunisienne au lieu d’être le consacrer la naissance de la nouvelle république dans l’esprit de sa Révolution risque de jeter les bases d’un futur Etat théocratique dont les partisans rêvent de le transformer en une principauté inféodée au Califat en gestation. La démocratie et la Constitution se trouvent ainsi instrumentalisées aux seules fins de l’avènement du Califat de la manière la plus fondée juridiquement de surcroît ce qui constituerait la plus incroyable hérésie politique de l’histoire universelle. Hitler, le Hamas, Khomeiny sont aussi passés par cette voie-là avec les conséquences que l’on connaît. Seule alternative pour sauver la Tunisie et sa future constitution du spectre de la théocratie politique est la voie du respect total et absolu de la souveraineté populaire qui doit avoir le mot de la fin en ce qui concerne la validation de la future constitution et la mise en place d’ores et déjà des paravents républicains pour protéger les différentes sphères de pouvoir en leur donnant à chacune les moyens de son indépendance juridique. Enfin, il est impérieux qu’il n’y ait pas de loi fondamentale consacrant la reconnaissance de la loi Canon de la charia qui se traduira tout simplement par la mise à mort de la constitution elle-même et la fin du droit positif en Tunisie seul garant des droits fondamentaux.

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