Kamel Jendoubi, un homme qui se veut plus gros que la grenouille

Ce n’est pas le fat que le dénommé Kamel Jendoubi soit ou non titulaire de tel ou tel diplôme qui a du sens et qui va illuminer la face obscure, tourmentée et dramatique de la Tunisie post-14 janvier 2011, c’est le fait que son Curriculum Vitae présente beaucoup de zones d’ombres et laisse subsister de sérieux doutes sur la sincérité de ses allégations notamment en ce qui concerne les titres universitaires dont ils se prévalent.Il est évident que la valeur d’un individu ne s’évalue pas à l’aune de ses diplômes, mais il n’en demeure pas moins que le fait d’exagérer, gonfler, mentir, tricher, surévaluer, bluffer, tromper, doler, enjoliver, truquer, falsifier son Curriculum Vitae qui est symptomatique de l’absence des vertus morales de son titulaire. On sait qu’aujourd’hui, en France plus du tiers des C.V. contiennent des informations insincères, fantaisistes et fausses qui peuvent exposer le contrevenant à un licenciement pour faute grave ou lourde, voire dans certains cas à des sanctions pénales. Aux Etats-Unis, la loi américaine est extrêmement sévère avec les salariés qui ont falsifié leur C.V comme ce fut le cas de l’ancien patron de Yahoo.

Ce qui est condamnable, ce n’est pas l’absence de titres universitaires, ce qui l’est c’est le manque d’éthique dont le titulaire du C.V. a fait preuve. Quand bien même, le contrevenant possède les compétences professionnelles requises pour l’exercice de tel ou tel emploi, ceci ne peut le disculper de la faute morale dont il s’est rendu coupable. Tromper un client, un employeur, ses électeurs, est tout aussi grave qu’un fournisseur qui abuse de la bonne foi de son client en usant de manœuvrés dolosives et frauduleuses. Ainsi aux termes de l’article 1382 du code civil français: toute victime de ce type de pratiques illicites est en droit d’engager un double recours contre le fournisseur incriminé, qui peut être dans le cas d’espèce le salarié- fraudeur, un recours en annulation du contrat commercial ou de travail d’une part et une action en responsabilité délictuelle pour obtenir de leur auteur réparation du dommage subi. Il est tout-à-fait légitime et fondé de s’interroger sur la moralité des auteurs des C.V. frauduleux et mensongers. Quel crédit moral peut-on donner à l’action politique ou autre d’un homme qui ne s’est guère embrassé de scrupules pour maquiller, travestir et dévoyer la vérité dans son C.V. ? Un homme qui a menti sur son C.V. tel ce pantin et faire-valoir de la Troïka de la mise en bière de la souveraineté nationale, ne peut prétendre à un blanc-seing d’honorabilité et de probité de la part de l’opinion publique tunisienne. Son Curriculum Vitae hagiographique publié dans Wikipédia est l’archétype même d’une historiographie mythifiée et légendée. Voilà un homme dont la formation universitaire n’est pas des plus brillantes et performantes se voit doté de titres universitaires dont l’authenticité est loin d’être avérée et qu’ils ne sont pas difficiles à vérifier auprès des institutions universitaires qui les auraient délivrés. Les doutes qui entourent ses prétendus diplômes ne sont en réalité que l’exact reflet, le témoignage cinglant des mêmes doutes et les irrégularités qui ont entaché la gestion financière, comptable des élections tunisiennes ainsi que la tenue et l’organisation cavalières et fantaisistes desdites élections.

Ce serait lui faire trop d’honneur en lui intentant un quelconque procès d’intention afin de ne pas lui procurer un quelconque sentiment de victimisation. Mais on ne peut faire l’économie de s’interroger sur l’existence d’une éventuelle corrélation entre le caractère douteux des informations contenues dans son C.V. et son implication personnelle dans la faillite de la démocratie tunisienne que d’aucuns qualifient de laxiste, clientéliste trop personnelle et opaque. A ce jour, aucun audit sérieux n’a levé le voile sur l’opacité de sa gestion calamiteuse de l’I.S.I.E. qui lui vaut comme par hasard d’être de nouveau le favori de la Troïka pour un nouveau mandat. Est-ce qu’il va être reconduit à titre de ses bons et loyaux services à son égard, ou par ce qu’il est l’homme dont le profil colle le mieux au leur, en terme de duperie, d’imposture, de félonie, d’avidité, de veulerie, de fourberie, d’esbroufe et de vénalité ? A moins que ce soit les deux. Paradoxalement, son historiographie légendée passe sous silence son parcours professionnel totalement occulté de son C.V. Serait-il en adéquation avec la formation dont il s’affuble ou en rapport avec le poste de président de l’I.S.I.E. poste censé être hyper exigeant en termes de compétences juridiques et une grande expertise en matière électorale ? Des questions qui resteront sans aucun doute sans réponses, sauf la rogne émotionnelle de ses partisans. Comment un homme inconnu de la scène tunisienne, sorti du néant, prétendument exilé alors qu’il est citoyen français de plein droit, a-t-il pu connaître une ascension aussi fulgurante sans que cela ne nécessite inquiétudes et investigations approfondies sur son parcours personnel, universitaire, professionnel et militant ? On se doit de s’interroger sur les vrais dessous de sa nomination et ses vrais donneurs d’ordre et protecteurs. Pourquoi justement c’est lui et non un représentant de la société civile correspondant le mieux au profil de ce type de poste ? Pourquoi pour un tel recrutement s’est-il fait de manière aussi mystérieuse, confidentielle et opaque ? La même opacité qui a prévalu d’ lors de l’attribution du marché publicitaire électoral attribué où il aurait fait preuve d’une légèreté coupable en violation des règles du code des marchés publics. Au-delà du caractère manifestement amplifié et suspect de son C.V., le cas de Kamel Jendoubi porte en lui tous les germes du néo-népotisme, de l’arbitraire, de la corruption, du favoritisme, du clientélisme, du marionnettisme, de l’abus de pouvoir dans la Tunisie wahhabisée. Dire que les tunisiens auraient fait leur révolution contre les plaies précitées. A moins qu’ils aient anticipé dans leur mouvement d’indignation et qu’ils vont enfin non seulement s’indigner mais surtout réagir contre la descente aux enfers de l’héritière de Carthage.

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