Les cris de joie “Ben Ali hrab’ le soir du 14 Janvier ont fait le tour de la Tunisie et ont marqué ce jour mémorable par le sentiment d’une libération, libération de la dictature, libération de la corruption et de l’injustice,libération de la tyrannie qui s’est instaurée des années durant, libération de l’espoir. Espoir d’une nouvelle Tunisie libre- juste et démocratique, une Tunisie qui se restructurera avec les siens et leurs compétences, une Tunisie qui aimera sa jeunesse et lui ouvrira toutes les portes de la réussite et de l’aspiration à un monde meilleur, une Tunisie qui respecte ses hommes et ses femmes, une Tunisie sociale et solidaire, une Tunisie qui honore ses martyrs.
Le 9 Avril 2012, fête de la commémoration des martyrs, s’est transformée en un jour de deuil de la nouvelle Tunisie, deuil démocratique, deuil de l’espoir, deuil de l’espérance de changements radicaux, deuil de l’aspiration à la liberté d’expression et de manifestation. Ce jour est une preuve concrète que les ZABAs sont de retour, la porte est de nouveau largement ouverte à l’agression et à l’oppression de milliers de tunisiens par un gouvernement se proclamant le nouveau dieu de la Tunisie par sa légitimité électorale.
J’accuse ce gouvernement aussi légitime qu’il soit, la légitimité ne s’achète pas par les urnes mais elle s’acquiert par la compétence, la mise en confiance et les programmes clairs et pertinents.
J’accuse la troïka régnante en Tunisie, qui a brillé par une seule chose: mort le roi vivent les nouveaux rois.
J’accuse des gouverneurs qui gratifient leurs martyrs par les bombes lacrymogènes et la matraque.
J’accuse des gouverneurs qui priment l’intérêt personnel, familial et amical au nom de la démocratie et au nom du peuple.
J’accuse la nouvelle équipe qui n’a de nouveau par rapport à l’ancien régime que trois visages, trois chaises et 150 ministres.
J’accuse le gaspillage de l’argent du pauvre peuple au nom d’un passage démocratique qui ne fait que reproduire un système archaïque tyrannique et pourri.
J’accuse tous ceux qui adhèrent à ce système et qui veulent nous faire croire que la dictature est partie à jamais.
J’accuse ceux qui renforcent l’esclavage politique et social dans les pays du tiers monde pour assoupir leurs faims de loups afin de sucer le sang des peuples.
Pauvre chère nouvelle Tunisie, pauvre sont tes martyrs, tes blessés et tes jeunes, la lueur d’espoir n’est pas prête à jaillir et le combat sera plus que rude et plus dur que jamais, vive la Tunisie.
Tunis le 9 Avril 2012
Dhaouadi Zoubeida