Désacraliser le politique; Désimmuniser l’officiel

De tous temps, la politique – et à plus forte raison la mauvaise politique- nourrit le sacré. L’histoire des peuples et des religions en fournit des exemples de tout poil. »

Elle fournit surtout l’explication de ce phénomène. Du sage, au pape, au calife, en passant par le camarade, on n’en finit pas de créer des images qui ne peuvent- et quels que soient leurs distinctions ou leurs oeuvres, mériter que ces individus-leaders transcendent leur humanité. C’est à croire que le politique se fait d’égo flatté. Bref, quel intérêt pour les USA ou pour le monde; voire même pour le voisin ou le conseiller de Bush que le chien ou la chienne du Président est de je ne sais quelle taille et quelle couleur; qu’lle n’a toujours ou n’ait que quatre pattes ou encore qu’elle a failli rendre l’âme pour un biscuit ou je ne sais quelle sorte d’american gum? Quelle importance doit-on accorder aux moustaches d’Hitler ou de Staline ou encore à la dernière robe de Mme Clinton et au dernier livre que M. Chavez a ou n’a pas lu? Pourquoi faut-il que je m’intéresse à la voix de Nasser ou aux pieds de Ghandi? Ce ne sont là que des exemples pour dire que sacraliser le politicien, c’est aliéner la politique. C’est un jeu subtil d’aliénation sociale, très souvent commune quoique de loin plus prononcée dans les dictatures. Personne, n’empêche, ne semble y échapper dans la conception actuelle, tout à fait irrationnelle (quoique bien raisonnée),de l’action politique. De dictature marquée, de droite extrême ou modérée, de gauche radicale, centriste ou auto-destructrice, on se partage cette folie de la ‘particularité sacralisable’ en la personne du leader. C’est tout simplement une aberration socio-politique que les leaders dégustent parfois avec acharnement, souvent en plaisir discret et par moments bien fréquents par fausse modestie. Les hypocrites, les opportunistes et les journalistes de petites mains et de grandes poches y trouvent leur compte. Les peuples y trouvent leur soumission aveuglée.

En effet, sacraliser le leader, c’est tout bêtement sacraliser la politique, la soustraire au plus commun des hommes et en faire donc la profession (la vache- à -lait -en -flots) du CHEF et de la clique. Rien de mieux n’écartera les masses de leur devoir de prendre en charge leur propre sort.

Ce mécanisme d’aliénation systématique, creusé à coups de réitération, de détails et de persistance médiatique; bref de ‘lavage de cerveau’ faisant feu de tout bois et consacrant, dans le profondeurs des hommes et des femmes gouvernés et des fins fonds de leur inconscient individuel ou collectif, est terriblement réducteur de la politisque et donc de la société.

Les civilisations anciennes créaioent leurs sages ‘adorés’ par le soin même de ces derniers, les religions créaient leurs ‘idôles’ souvent par le pouvoir de ces derniers, associant savoir-pouvoir et propriétés en un, le capitalisme inventait et re-inventait ses chefs, le ‘socialisme’ ou ‘?communisme’ ses Dieux intouchables, et toute autre tendance – y compris chez les petits chefs de la social-démocratie à ailes basses – ses James Bond. Il est encore plus agaçant de voir que les mouvements se voulant libérateurs – et tout est relatif – acceptent encore de s’inscrire dans ce mode de raisonnement et de comportement ultra-conservateur. Que signifieraient des termes et surtout des pratiques ou images du genre chef, leader, président, charisme, figure historique et toute autre sorte de ‘vidange’ pour ‘vie-d’ange’?

Les politiciens, leaders ou pas, sont des Hommes avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs maîtres et souvent leurs maîtresses, leur responsabilité ou leur irresponsabilité.

Partant de là, je m’interroge aussi et surtout ‘pourquoi l’immunité parlementaire ou présidentielle?’. On arrêtra un affamé avant même qu’il ne vole l’oeuf. On attendra la fin du mandat pour commencer à s’interroger si M. Le Président a vraiment volé le boeuf. L’immunité coûte trop cher à la société. Elle coûte davantage à la justice qui se doit d’être égalitaire. Elle aliène le politique et le soustrait aux masses en le sacralisant à coups de fiction et de mensonges. On ne s’étonnera plus ensuite d’un ‘leader ‘qui demandera à son peuple ‘Mais qui êtes-vous?’ Je crains qu’à force d’immunisation prolongée, cela se dit beaucoup un peu partout au monde mais en silence.

Bref, qu’est-ce qui ferait d’un président, un ministre ou un parlementaire un ‘être humain immunisé’ qu’un autre Homme normalement constitué n’a pas? Toute l’injustice est là. L’aliénation systématisée de la société et de l’action politique y trouve lres mauvais ingrédients. Des ‘officiels’ non immunisés (par la loi qu’ils sont supposés défendre; voire concevoir),réfléchiront deux fois avant de ‘glisser’ dans l’abus. A disposer de temps et à longueur de mandat(s),ils ne réfléchiront qu’une seule fois et à retardement.

Pas une ‘personnalité nationale’, enfin ou quelque projet de personnalité ‘sacrée’ n’admettra cette révendication légitime. C’est encore la preuve que cela compte beaucoup dans le menu du chef. Qu’en pense le cityoen? La question, à ma connaissance, ne s’est jamais posée. Posons-là; y compris pour apprendre ou ne pas laisser.

Quitter la version mobile