Chedly Ayari: Le visage voilé de sa nomination

Rarement une nomination obtenue d’arrache-pied grâce à la magie du vote des petites mains de l’A.N.C n’a suscité autant de remous et de controverses au pays du conservatisme politique, des manœuvres occultes et de la perversité mentale, comme celle du sulfureux Chedly Ayari, l’archétype du modèle gérontocrate tunisien. »

En effet, avec 96 de voix pour 190 petites mains présentes à la séance, l’homme de la continuité avec le passé vient d’être nommé Gouverneur de la Banque Centrale des nouvelles finances islamistes dont la mission qui lui est certainement assignée est de remplacer à court la transition de l’économie tunisienne sous la bannière Qatarienne et assurer en toute liberté institutionnelle le passage du dinar bourguibien au riyal qatarien. Il n’aura qu’à mettre les effigies de l’Émir du Qatar sur les billets de 100 riyal, celle de Ghannouchi le nouveau guide des âmes tourmentées tunisiennes et enfin celle du président-psychopathe, bouffon dépressif de Carthage, sur ceux de 10 riyal. Avec l’hyper inflation en perspectives, cet homme du passé pourra à l’avenir faire fonctionner la planche à billets à laquelle son prédécesseur s’y est résolument opposé. Avec une inflation à trois chiffres, les tunisiens pourraient rééditer les expériences du Chili et de l’Argentine à l’époque des Juntes militaires. Même si en Tunisie, il s’agit d’une Junte religieuse, à moins que ce soit Rachid Ammar, la figure mythifiée de la Révolution en trompe-l’œil, qui agisse dans les coulisses tel un Cardinal de Richelieu. Aussi la Tunisie va pouvoir retrouver la confiance des marchés financiers internationaux, selon les propos guignolesques d’un élu-potiche d’Ettakatol. Il ne s’agit pas de cette confiance-là, il s’agit de celle des bailleurs de fonds qui voulaient à tout prix se débarrasser de l’ancien gouverneur de la Banque Centrale, hostile à la mise sous coupe réglée du pays en vue de sa vassalisation. Avec un vieux cheval sur le retour, les intérêts du Qatar sont préservés grâce à ce nouveau grand commis troïkien. Une girouette notoire, de la même graine que R. Ghannouchi qui se réjouit de sa nomination. Peut-il faire autrement alors que c’est lui qui a tout orchestré. Le nouveau gouverneur qu’il faut appeler désormais l’homme qui ne regrette d’un rien il va plonger le pays dans le néant. Ce qui est logique pour l’économiste qu’il est ! Ces propos relayés par Shems Fm prennent toute leur saveur: « je ne regretterai jamais quelque chose que j’ai faite par ce que les regrets ne servent à rien. » Un homme qui ne regrette rien ni son passé, ni son présent ni son avenir. Un opportuniste, assume toujours ses choix, il ne fait jamais d’erreurs parce qu’il fait tout par calcul. Il met tout en équation. Sa vie elle-même est un modèle économique à plusieurs variables. Et en tant qu’économiste, il ne peut que paramétrer les variables connues jamais les variables aléatoires. Avoir servi les anciens régimes et s’en être servi au passage, c’est une certitude, il ne fait que s’inscrire dans la continuité de ses certitudes. Chez lui, la courbe est linéaire, elle n’est pas fluctuante. Et c’est en toute logique économique, comme si les lois de l’économie étaient logiques, qu’il se met aujourd’hui au service des nouveaux maîtres du pays. Fidèle à sa ligne de conduite, il ne trahit pas ses engagements, il trahit l’esprit de son engagement patriotique. Fourberie, esbroufe, imposture, félonie, entourloupe, supercherie, magouille, manipulation, maquillage, faux bilan, traficotage, seront désormais les maîtres-mots du nouveau lexique de la Banque Centrale Tunisienne avec cet ancien repris de justesse. Et non justice.

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