La Tunisie n’est victime que de l’extraordinaire capacité de la majorité des tunisiens, de se laisser guider par le sentiment, qu’ils soient d’ailleurs de gauche comme de droite, islamistes ou laïcs…Tant que le tunisien persiste dans sa douloureuse anesthésie de l’essentiel de ses neurones, il continuera à dire « nmout alik ya tounes », sans oser emprunter la voix par laquelle il prouve qu’il est réellement prêt à mourir pour la Tunisie.
POURQUOI? Parce que qinze mois après la fuite du déchu, beaucoup de tunisiens peinent à se débarrasser des effets du matraquage manipulatoir et médiatique, via lequel ce déchu visait les esprits critiques, pour entraver toute remise en question par le peuple de ses choix politiques, du pillages des biens de la nation, et de tous les autres crimes commis contre le peuple et la nation. C’est ce qui explique d’ailleurs que la révolte tunisinne n’a été ni planifiée ni réfléchie.
Cette révolte n’est pas l’oeuvre d’intellectuels ou de partis politiques d’opposition, elle n’a émergé que des foyers de la misère des laisser pour compte, qui n’avaient plus de choix autres que de s’exposer aux snipers, y laissant la vie, criant leur ras le bol d’une situation, que l’élite du pays toutes catégories confondues semblait ignorer. Ceci explique que l’élite prise au dépurvu, peine encore à se trouver un leader à la hauteur des impératifs de la situation.
Le pire dans ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie, c’est que parmi la masse qui s’est rassemblée au lendemain de la fuite de ZABA pour exprimer son exaltation, il ne reste plus grand monde pour rendre justice aux martyres ayant offert aux tunisiens la chance de cette exaltation. Guidés par une inconscience mortelle, les tunisiens s’activent pour propulser au pouvoir une personne, qui porte aux martyres un mépris tel qu’il s’est permis de nier l’existance des SNIPERS ayant été chargés d’éliminer les plus récalcitrants au despotisme de ZABA.
La faillite parmi l’élite et les hommes politques tunisiens semble à ce point extraordinaire, qu’en désespoir de cause, beaucoup de tunisiens choisissent de s’alligner derrière Sebsi, malgré son un mépris royal aux martyres, exprimé le 3 mai 2011 à tous les tunisiens et au monde entier, lors d’une conférence de presse qui ressemblait davantge à une mise en scène théatrale qu’à ce que devrait être une conférence de presse digne d’un premier ministre. Le propos de Sebsi adressé en premier lieu aux durs de ZABA était clair: « Rassurer-vous, je ferai tout pour vous garantir l’impunité ».
Face à cette dure réalité qui n’est qu’une parmi tant d’autres, les tunisiens qui sont en train de gorifier Sebsi au point de le prendre pour un dieu, sont en réalité en train de faire preuve d’égocentrisme inconscient, leur dictant de privilégier le confort individuel immédiat, à une profonde aspiration à l’intégrité et à la souveraineté durable de la patrie.