Le seul pêché d’Amina, si pêché il y a, est d’avoir sorti les tunisiens de leur torpeur, troublé leurs interminables nuits de sommeil ainsi que d’avoir servi révélateur de l’état de l’incurie politique et intellectuelle de la société tunisienne.Le plus pathétique dans cette affaire qui discrédite toutes les composantes de cette société, est l’attitude pitoyable de l’intelligentsia tunisienne qui plutôt que chercher à analyser la portée politique de son geste, elle s’est laisser emporter dans une frénésie de délires vertueux, vouant aux gémonies Amina, comme si elle avait peur elle-même de s’identifier à son geste et de subir la foudre des oukases divins.
Ayant pour leitmotiv: Amina aurait dû choisir un autre moyen pour s’exprimer ? Sans dire lequel, peut-être qu’elle préconiserait la voie de l’immolation, du terrorisme ou de la fornication en Syrie ?
Ignorant que le combat du mouvement Femen participe, à la dignité et à l’affranchissement de la femme de la tutelle étouffante des religions et en premier lieu la religion musulmane.
Le combat d’Amina est avant tout politique dans le sens noble du terme qui ne comporte ni fard ni faux semblants, ni salamalecs, ni faux-fuyants. Il est clair et direct qui dérange l’ordre établi petit bourgeois.
A des années lumières du sien qui est celui de la compromission, de la sédition et de la capitulation.
Couarde et poltronne, elle a fait preuve d’un zèle qui marque son adhésion inconditionnelle au projet de la déshumanisation de la société tunisienne.
Plutôt que faire le choix de solidarité qu’elle confond avec adhésion. Elle n’a pas compris est qu’être solidaire d’Amina ne consiste à faire sienne sa voie.
Mais la petite intelligentsia tunisienne, qui ne connait plus le sens du mot respect, a opté pour la voie de l’inféodation à Ennahdha.
Pourtant le combat héroïque d’Amina aurait pu présenter pour une occasion unique pour marquer l’amorce au grand jour sa propre indépendance, mais elle a préféré naviguer à contre-courant de l’histoire.
Le geste d’Amina qu’elle a eu l’outrecuidance de qualifier de libertin, alors qu’il est liberté, aurait pu lui faire comprendre le vrai sens du libertinage couvert par la religion musulmane elle-même..
Atteinte de cécité mentale et manquant de courage politique, elle aurait pu regarder à travers le miroir tendu par Amina le visage hideux des dérives morales dont se nourrissent et se gavent les musulmans et dénoncer l ainsi es crimes immondes associés à l’islam. Mais étant elle-même musulmane, elle ne va pas condamner ce à quoi elle croit elle aussi et ce que la religion prescrit.
C’est sa propre lâcheté qu’elle projette sur Amina.
En se dénudant, elle a mis à nu l’arriérisme culturel de l’intelligentsia tunisienne et son incapacité à s’inscrire elle-même dans la modernité.
Amina voulait réveiller les consciences comme naguère Bourguiba gangrenées et irradiées par les produits toxiques de la religion.
En mêlant sa voix à celle des fous d’Allah, elle a prouvé que la voix de la raison n’est pas musulmane et que tous les musulmans sont atteints de la même pathologie.
Plutôt que de condamner Ennahdha pour ses agissements barbares et terroristes et la Fatwa de mort prononcée à l’encontre de la digne héritière de Bourguiba, elle l’a délibérément couverte du torrent de boue nauséabonde dont elle s’abreuve en s’abritant derrière le masque de la démocratie.
Amina a démystifié la Tunisie. Par un simple geste, elle a dévoilé son vrai visage, celui de l’intolérance, le fanatisme, le bigotisme, de la bondieuserie, le nombrilisme, la censure religieuse, l’avilissement, la tartuferie, l’hystérie collective, le conservatisme, la fourberie.
Du haut de ses 19 ans, elle vient d’apporter la preuve formelle que la vraie révolution doit s’opérer dans les mentalités.
Autrement, il n’y a aucun espoir de sortir le pays de son impasse.
Mais avec le déchaînement de haine, les appels au meurtre et de procès en sorcellerie qu’a suscité son geste qui a provoqué l’union sacrée entre les fous d’Allah et les pseudos forces modernistes et soi-disant éclairées, la Tunisie est entrain de glisser inexorablement vers la voie de l’obscurantisme.
Grâce à ce geste, les doutes ne sont plus permis de voir un jour la Tunisie retrouver son lustre passé insufflé Bourguiba et terni par Ben Ali.
Désormais il y avait un avant Amina et un après Amina.
Un avant peuplé d’illusions et de rêves.
Mais depuis lors, un après cauchemardesque où ce peuple marque son entrée dans le monde des ténèbres.
Les masques sont enfin tombés, la Tunisie de Bourguiba laisse la place à un nouvel Afghanistan.
Amina vient d’illustrer de belle manière que tant que les tunisiens de tous bords n’ont pas brisé les chaînes du despotisme culturel de cette religion, l’avenir du pays continuera à s’inscrire au passé.